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La nuit décevante de Marlene Monteiro Freitas au Festival d’Avignon

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Avignon. Cour d’honneur du Palais des Papes. 5-VII-2025. Ouverture du Festival d’Avignon. Nôt, de Marlene Monteiro Freitas. Avec : Marie Albert, Joãozinho da Costa, Miguel Filipe, Ben Green, Henri « Cookie » Lesguillier, Tomás Moital, Rui Paixão, Mariana Tembe. Chorégraphie : Marlene Monteiro Freitas. Assistanat chorégraphique : Francisco Rolo. Conseil artistique : João Figueira, Martin Valdés-Stauber. Scénographie : Yannick Fouassier, MMF. Lumière et direction technique : Yannick Fouassier. Costumes : MMF, Marisa Escaleira. Son : Rui Antunes. Régie générale : Ana Luísa Novais. Accessoire scénique spécial : Cláudio Silva. Stagiaire scénographie : Emma Ait-Kaci

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Déception pour Nôt, la création de la chorégraphe dans la Cour d'honneur du Palais des Papes en ouverture du Festival d'Avignon, qui ne parvient pas à transcender la nuit. Peut-être était-ce trop tôt ?

Ce n'est pas Nôt, nuit en créole du Cap-Vert, mais Noces, qu'aurait pu s'appeler le spectacle qui a fait l'ouverture de la 79e édition du Festival d'Avignon. Une chorégraphe, une fois n'est pas coutume, Marlene Montero Freitas – artiste complice du Festival – qui déclare avoir choisi de livrer sa version singulière des Mille et une nuits dans la Cour d'honneur du Palais des Papes, apprenant que cette édition était consacrée à la langue arabe. Mais de conte oriental il n'y a point, tant il disparaît derrière l'univers ultra graphique et stylisé, en noir et blanc, de la chorégraphe d'origine capverdienne.

Heureusement, la partition en russe de Noces de Stravinsky (qui figure au centre du spectacle) est si saisissante que n'importe quelle proposition artistique qui l'emploie laisse une trace. La chorégraphe se saisit à son tour de cette musique mythique après Nijinska et Preljocaj, pour évoquer le thème de la violence nuptiale, en y plaquant son univers. On est très loin des Mille et une nuits, même si la femme du Sultan qui tente chaque jour de susciter son intérêt afin d'éviter la mort est interprétée avec talent par une performeuse estropiée et excentrique. Voile sur la tête et fausses jambes en tissu, elle nous tient en haleine dans un solo performé sur une toute petite chaise, jusqu'à montrer son entrejambe ensanglanté, symbole de la consommation du mariage.

Le décor, souvent éclairé pleins feux, est constitué de grilles blanches auxquelles on peut accrocher tambour ou chiffon blanc. À l'arrière scène, trois tentes de grillage blanc ne servent à rien. Des praticables à différentes hauteurs complètent le dispositif. Un tableau très clinique qui contraste avec la promesse de poésie et d'onirisme du conte oriental et qui n'occupe pas la hauteur de la Cour, dont la chorégraphe ne fait pas usage. Puisqu'il s'agit aussi de nuit, le sommeil, ou plutôt le lit, est quatre fois présent sur le plateau allongé de la cour. Les danseurs et performeurs s'y étendent parfois, toujours en alerte, ou manipulent dans des gestes mécaniques les couvertures et les draps tachés de sang de la couche nuptiale.

Les marqueurs habituels de l'esthétique de sont là : manchettes de lustrine, tuniques de velours noir, éclats de rouge et mouchoir blanc, mais aussi bassines d'eau utilisées pour le bruitage. En complément des musiques enregistrées, dont Noces de Stravinsky, le reste de l'instrumentarium est essentiellement percussif : des tambours utilisés avec créativité, des sifflets, des couverts en inox servant de claves ou des masques de poupée aux grands yeux écarquillés.

Certaines images assez triviales suscitent parfois le malaise et on ne comprend pas vraiment où la chorégraphe veut en venir dans ce spectacle furieux, à l'image de la séquence la plus musicale, qui voit s'aligner six tambours assis, debout ou couchés et à l'énergie proche de celle d'un concert de rock. assume des partis pris visuels très forts, mais son spectacle semble inachevé et vide de sens. Malgré l'excellence des huit interprètes (nombre sans doute insuffisant pour un tel plateau), c'est une occasion manquée pour Marlène Monteiro Freitas de relever le défi de la Cour.

Crédits photographiques : © Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon 

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Avignon. Cour d’honneur du Palais des Papes. 5-VII-2025. Ouverture du Festival d’Avignon. Nôt, de Marlene Monteiro Freitas. Avec : Marie Albert, Joãozinho da Costa, Miguel Filipe, Ben Green, Henri « Cookie » Lesguillier, Tomás Moital, Rui Paixão, Mariana Tembe. Chorégraphie : Marlene Monteiro Freitas. Assistanat chorégraphique : Francisco Rolo. Conseil artistique : João Figueira, Martin Valdés-Stauber. Scénographie : Yannick Fouassier, MMF. Lumière et direction technique : Yannick Fouassier. Costumes : MMF, Marisa Escaleira. Son : Rui Antunes. Régie générale : Ana Luísa Novais. Accessoire scénique spécial : Cláudio Silva. Stagiaire scénographie : Emma Ait-Kaci

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1 commentaire sur “La nuit décevante de Marlene Monteiro Freitas au Festival d’Avignon”

  • Mireille DAUDIER dit :

    Quel intérêt de débuter un spectacle en renversant un pot de chambre sur des rangées de spectateurs avec des borborymes heurtant toute oreille, cela pendant de longues minutes, inutiles…
    Le reste est à l avenant.
    Le message est illisible.
    Dommage, la Cour d honneur mérite bcp mieux, le off réserve de bien meilleures surprises.
    Gérard Philippe doit être bien marri …

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