Deux superbes odes de la fin du XVIIᵉ anglais pour célébrer la fête de Sainte-Cécile du 22 novembre : Vincent Dumestre et les musiciens du Poème Harmonique confirment leurs affinités avec la musique anglaise de cette période.

Déjà en 2017, avec leur CD consacré à la musique funèbre de Purcell et de Jeremiah Clarke, Vincent Dumestre et Le Poème Harmonique avaient fait la preuve de leur affinité avec le répertoire anglais de la fin du XVIIᵉ siècle. Si leur album contenait déjà la toute première ode à Sainte Cécile de Purcell, la ravissante pièce Welcome to all the pleasures de 1683, c'est à présent la plus substantielle Hail! Bright Cecilia qui est proposée pour le plus grand bonheur de l'auditeur. Cette pièce fait partie du vaste répertoire d'ouvrages donnés, tous les 22 novembre à partir de 1683, au sein du Stationer's Hall de Londres, afin de célébrer la fête de la sainte patronne de la musique. Le texte de Nicholas Brady, à l'instar de celui de tous les autres poètes chargés d'honorer la sainte, donne ainsi à se lire comme une démonstration et une célébration du pouvoir de Sainte Cécile et de la capacité de la musique à structurer et à embellir notre univers. C'est également Nicholas Brady qui est l'auteur des vers de l'ode qui introduit ce CD, la très courte Welcome every guest de John Blow, composée dans des circonstances aujourd'hui inconnues et enregistrée ici pour la première fois dans la version originale et complète conservée dans deux exemplaires manuscrits de la British Library. On notera au passage le très érudit texte de présentation du musicologue Matthieu Franchin, pertinent autant dans la présentation des contextes historiques que dans l'analyse musicale des deux œuvres à proprement parler.

L'interprétation vocale et instrumentale des deux pièces est un bonheur de tous les instants, et elle n'aura aucun mal à hisser cette nouvelle version de l'ouvrage de Purcell au sommet d'une déjà abondante discographie. Rarement l'adéquation entre le texte verbal, qui loue une à une les qualités des différents instruments, et l'exécution musicale de chacun des instrumentistes, aura été aussi convaincante, et l'on se délectera de chacun des morceaux faisant l'éloge de tel ou tel instrument. Chez les solistes, se détachent tout particulièrement le timbre rond et chaud du contreténor Paul-Antoine Bénos-Djian, ainsi que l'instrument souple et ductile du ténor Hugo Hymas, plus à l'aise cependant chez Purcell que chez Blow. Belles prestations également de la soprano Charlotte La Thrope, ainsi que des barytons Tomáš Král et Vlad Crosman. Le chœur du Poème Harmonique est un enchantement de la première note à la dernière, et l'on ne se lasse pas d'écouter en boucle un enregistrement majeur, qui sera à marquer d'une pierre blanche dans la discographie purcéllienne. Un CD à prévoir de mettre sous le sapin de toute urgence.

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