Mieux apprécié de nos jours, le nom d'André Caplet est longtemps resté invariablement associé à celui de son ami Claude Debussy qui lui a confié certaines orchestrations de ses œuvres. Le miroir de Jésus reste son œuvre la plus connue.

Les quatre pièces présentées dans ce remarquable enregistrement se concentrent sur son travail effectué avec les vents. L'association originale des instruments fait penser aux mêmes approches développées par Charles Koechlin, et en plein post-romantisme germanique, cette musique prend de toutes autres directions.

L'écoute de la Suite persane rassure immédiatement par l'originalité d'une écriture totalement étrangère à l'orientalisme de mauvais goût trop entendu à cette époque. Les titres donnent seuls une orientation volontairement « authentique ». La forme dixtuor est une réduction d'une forme symphonique, et pour les interprètes le danger est grand. On connaît le caprice des instruments à vent en cours d'interprétation, la fragilité de certains d'entre eux. La direction à donner à cette musique est également un problème, au vu de sa richesse et de son absence de remplissage et d'effets faciles. Les deux pièces pour flûte, la Légende, le quintette suivent la même route.

Nos interprètes, l'Ensemble Initium, le Quatuor Ardeo et le pianiste Laurent Wagschal captent l'esprit par la lettre, 100% français, et magnifient une école et une écriture d'un très haut niveau. L'équilibre se maintient tout le long des présentations, l'échange des voix forme une tapisserie aux motifs dessinés avec netteté. L'exigence d'écoute fait que l'on reviendra plusieurs fois vers la musique avec vents de Caplet et que l'on y redécouvrira d'autres trésors.

Un travail soigné en tous points, comme on les aime, qui fait suite à un volume de mélodies lui aussi très réussi.