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Le Festival musical de Namur se porte bien

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Namur, Eglise Saint-Loup. 01-VII-2005. Giacomo Carissimi (1605-1674) : Vanitas Vanitatum ; Storia di Jephté  ; I Naviganti : Sciolto havean dall’alte sponde ; Missa a cinque con ripieni e Sinfonia. Caroline Weynants, soprano ; Hans-Jörg Mammel, ténor ; Thierry Lequenne, contre-ténor ; Etienne Debaisieux, basse ; Philippe Favette, basse. Chœur de Chambre de Namur, Ensemble La Fenice, direction : Jean Tubery.
Namur, Eglise Saint-Loup. 14-VII-2005. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) Symphonie n°36 en ut majeur « Linz » KV 425 ; airs de concert « Alma grande » KV 578, « Bella mia fiamma, addio » KV 528 et « Ch’io mi scordi di te ? » KV 505 ; Andante pour flûte et orchestre en ut majeur KV 315 ; Adagio pour violon et orchestre en mi majeur KV 261 ; Rondo pour pianoforte et orchestre en ré majeur KV 382. Traverso : Jan De Winne ; violon  : Mira Glodeanu ; pianoforte  : Arthur Schoonderwœrd ; Susanne Duwe, soprano. Les Agrémens (Orchestre Baroque de Namur), direction : Guy Van Waas.

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namur_affiche_2005-300x364Le Festival musical de Namur se porte bien : fréquentation en hausse, programmation de musique ancienne et baroque de haut niveau, invités prestigieux (on relève les noms de , de Reinhard Gœbel et Musica Antiqua Köln, de l', .. ), il s'appuie sur la participation du Centre de Chant Choral de Namur, qui soutient à la fois le , le Chœur symphonique de Namur et l'ensemble , ce qui fait de la capitale de la Wallonie un des plus important pôles de musique chorale du Nord de l'Europe, concurrençant amicalement mais avec succès la ville de Gand.

L'église Saint-Loup est comble pour le concert d'ouverture du Festival, au menu duquel on découvre Carissimi, maître et fondateur de l'oratorio, dont on célèbre ainsi le quatre centième anniversaire (dossier Carissimi à lire sur ResMusica). Les œuvres proposées vont du célèbre Jephté, à la discographie abondante, à la méconnue cantate I naviganti. Le programme est défendu avec conviction et brio par un excellent , à la diction précise et à la ligne de chant souple et déliée. Les solistes tirés du chœur sont sans reproche, notamment Hans-Jörg Mammel, au timbre clair et suave, et aux aigus éclatants, et aussi la soprano , qui manque un peu de souffle, mais qui vocalise avec grâce, d'une voix brillante et bien projetée. La projection est justement le principal problème de ce concert car instrumentistes et chanteurs, mis à part , ont un volume assez confidentiel, et les auditeurs placés dans la deuxième partie de la nef ont eu un peu de mal à distinguer les subtilités de cette musique raffinée dirigée avec enthousiasme et ferveur par Jean Tubery.

L'église Saint-Loup est de nouveau bien remplie pour le concert de clôture du festival, confié à et à l'ensemble , créé en 1995 pour doter le d'un partenaire régulier dans le domaine orchestral, mais qui mène également ses activités propres sous la direction du musicien bruxellois depuis 2001.

Ils donnent en ouverture de ce programme une symphonie de Linz extrêmement intéressante car foisonnante de détails, même si l'exécution souffre d'imperfections. Le court adagio introductif est assez confus, peu chantant, mais l'allegro qui suit est roboratif et vigoureux, son allure martiale parfaitement assumée. Les cordes procurent des sensations corsées et rafraîchissantes avec leur sonorité très « typée baroque » : verte et légèrement stridente. Leur jeu d'ensemble, discipliné et virtuose, est excellent. L'acoustique de l'église ne favorise pas les vents, qu'on entend peu, et qui semblent venir de très loin, d'un autre univers sonore presque. Ils ne manifestent pas beaucoup de cohésion, et les cuivres commettent beaucoup de fautes et de départ ratés.

et ses musiciens, malgré quelques articulations un peu raides, donnent un deuxième mouvement à l'atmosphère poétique très réussie. Le jeu entre les différents pupitres de cordes est parfaitement audible et visible, de même que le rôle primordial de la concertmeisterin qui fait entendre une grande variété de phrasés et de coups d'archets qui ont presque l'air improvisé. Le menuetto a un caractère de chasse très affirmé et séduisant, dans un tempo pas trop rapide, mais le trio est dépareillé par des vents confus, et on n'entend presque pas le basson. Le presto final est pris à toute vitesse, d'un souffle puissant et indomptable. Les cordes ne se départissent ni de leur élégance ni de leur cohésion, on n'en dira pas autant des cuivres, qui gâchent un peu le plaisir avec quelques attaques franchement ratées et des couacs spectaculaires.

Pour la seconde partie de ce concert, on attendait avec gourmandise l'exquise Sophie Karthaüser, mais celle-ci ayant dû déclarer forfait à cause d'une laryngite, c'est la jeune allemande Susanne Duwe qui la remplace au pied levé. Paralysée par le trac, elle fait entendre une voix très mince, aux aigus instables et manquant de projection dans « Alma grande e nobil core » qu'elle chante sans flamme, peu inspirée par un texte qui parle de vengeance et de refus de pardonner mais qu'elle aborde en souriant, comme si elle contait une bluette.

Suite du programme avec l'andante KV 315 pour flûte et orchestre, chanté avec un lyrisme sobre par la flûte couleur pastel de Jan De Winne, puis on retrouve la soprano allemande dans l'air « Bella mia fiamma. Resta oh cara », qu'elle aborde avec beaucoup plus d'implication, gonflée par les encouragements nourris qu'elle a reçus après son premier air. On entend enfin les qualités d'une voix qui suscite immédiatement la sympathie, relativement impersonnelle, mais très jolie et fraîche, et aux graves bien assis. La ligne vocale est bien conduite, avec un beau legato, et si l'allegro final de l'air « Ah ! dove il tempio » est encore bien sage, au moins il se passe quelque chose, d'autant que l'orchestre, passionné et théâtral, est remarquable dans ce passage.

Les deux pièces suivantes sont moins réussies, l'adagio pour violon KV 261 joué par est entaché d'imprécisions d'archet, d'une certaine précipitation dans les phrasés et d'une sonorité assez plaintive, aux intonations douteuses. Le rondo de concert KV 382 pour pianoforte et orchestre est quant à lui difficile à analyser, car on a très peu entendu l'instrument d', très souvent totalement couvert par l'orchestre. Quand on a pu l'entendre, on a été peu convaincu par un jeu assez maniéré, cherchant par des suspensions trop marquées et des joliesses de doigts à donner du corps à une musique qui n'est quand même pas la plus inspirée de Mozart.

Le magnifique « Ch'io mi scordi di te ? » est heureusement bien mieux servi par le pianofortiste, plus engagé et énergique, qui remplit très bien son double rôle d'inspirateur et de soutien à la soprano. La jeune chanteuse se montre très convaincante et émouvante malgré un italien toujours assez flou, et est à l'aise tant dans les longues phrases de l'andante que dans les brillantes vocalises de l'allegretto conclusif. Ce beau concert ne pouvait pas se terminer sans un bis, et en guise d'hommage aux spectateurs qui ont fait le succès public de ce Festival musical de Namur, on a droit à un très beau « Nehmt meinen dank », très bien choisi puisqu'il avait été composé par Mozart pour le concert de remerciement à son public et à ses protecteurs d'Aloysia Weber, son ancienne fiancée, avant qu'elle ne quitte Vienne pour une tournée en Europe. Susanne Duwe en est une interprète sensible et délicate, bien plus naturelle quand elle peut chanter dans sa langue maternelle.

explique alors un public que n'ayant pas préparé de second bis, il donne rendez-vous à tout le monde l'année prochaine, pour une nouvelle édition de ce beau festival.

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