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David Garrett : jeune, fun, et talentueux

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Aujourd'hui âgé de vingt-trois ans, le violoniste new-yorkais fait son retour sur les grandes scènes internationales, après une retraite provisoire de quelques mois. Né à Aix-la-Chapelle de parents germano-américains, l'enfant prodige qui était sous contrat exclusif auprès de DGG à treize ans, ancien élève d'Ida Haendel et d'Itzhak Perlman à la Juilliard School …

« Je pense qu'on est très philosophe quand on est jeune. »

Il déploie aujourd'hui un répertoire varié allant de Bach à Mozart en passant par les grands concertos classiques pour violon de Beethoven, Brahms, Sibelius et Tchaïkovski, et les concertos pour violon plus rarement interprétés de Conus, Schumann et Dvorák. David compose également ses propres œuvres, et travaille à des arrangements d'œuvres classiques, comme Carmen de Bizet, dans son dernier album. Une diversité qui en fait un soliste mondial d'exception, séduisant par un son d'une pureté envoûtante ainsi que par une verve juvénile.

ResMusica : David, vous avez commencé votre carrière à l'âge de dix ans, lors d'un concert sous la baguette de Gerd Albrecht à Hambourg. Vous rappelez-vous de ce que le petit garçon que vous étiez a ressenti en entrant en scène ?

 : Je pense qu'on est très philosophe quand on est jeune. Je ne me posais pas de questions, ça ne m'intriguait pas, ce devait être fait, et je l'ai fait. Il n'y avait pas de pression, cela me semblait naturel à l'époque.

RM : Vous avez fait une pause dans votre carrière à l'âge de dix-huit ans ; qu'est-ce que cela vous a apporté ?

DG : J'avais un besoin nécessaire de réfléchir sur moi-même, sur le métier de violoniste. C'était une bonne décision, et le bon moment pour le faire aussi. J'ai décidé de passer mon diplôme à la Juilliard School pendant cette pause. Je voulais aussi être certain de vouloir me lancer dans ce métier exigeant, et qui engagerait ma vie entière.

RM : Et qu'en avez-vous déduit sur le métier de violoniste ?

DG : Pour faire carrière, vous devez beaucoup travailler, être prêt dans vos programmes, être professionnel. Pour être un bon violoniste, ensuite, il faut trouver de bonnes interprétations, et surtout, sa voie, son style personnel.

RM : Vous n'êtes pas seulement un soliste réputé, vous aimez aussi la musique de chambre, et vous composez. Comment faites-vous pour marier toutes ces carrières ?

DG : Je suis quelqu'un qui travaille beaucoup, je dirais vingt-quatre heures par jour ! Je me lève souvent très tôt, et il n'est pas rare que je me couche à deux heures du matin… mais à cause du travail ! Je veux vraiment donner le meilleur, et c'est par le travail que je peux y arriver.

RM : Considérez-vous ces différentes facettes du métier complémentaires ou pas ?

DG : Je dirais que ce sont des voies différentes, car les enjeux ne sont pas les mêmes. J'adore être soliste, travailler avec orchestre, c'est excitant, mais il y a des responsabilités. Mais faire de la musique de chambre, c'est très amusant !

RM : Parmi vos professeurs, Isaac Stern, Itzhak Pearlmann, et Ida Haendel, qui a le plus influencé votre jeu ?

DG : Ils ont tous eu une influence, je ne peux pas dire qui m'a le plus appris et donné. J'ai beaucoup travaillé avec Ida Haendel, énormément même. Mais Itzhak Pearlmann m'a aussi beaucoup appris. Je dirais donc : Ida Haendel et Itzhak Pearlmann.

RM : Dans votre répertoire, on trouve des œuvres traditionnelles, comme les Concertos de Brahms ou Tchaikovski, mais aussi des pièces moins données, comme les œuvres de Conus, le Concerto de Schumann, etc. Est-ce un devoir pour vous de vous concentrer sur des choses moins connues du public, ou un intérêt personnel pour ces pièces ?

DG : J'aime jouer les pièces que j'aime, voila. Je ne jouerais jamais quelque chose que je n'aime pas, juste parce que c'est « le » répertoire, et que je devrais le faire. Si j'inscris une pièce dans mon programme, c'est que je l'aime, et que j'ai plaisir à la travailler et à la jouer. J'ai vraiment beaucoup de joie à jouer Schumann ou Conus, ce sont des pièces vraiment intéressantes.

RM : Votre dernier album, « FREE », est une sorte de « melting-pot » musical, on y trouve des pièces classiques, vos propres compositions, et même, un remix d'une chanson de Metallica ! Quelle était votre intention en réalisant cet album ? 

DG : Je voulais faire un album de qualité, mais qui soit accessible aux jeunes. C'est en fait de la musique classique pour les jeunes. Je pense que, par ce disque, ils auront peut-être envie d'aller plus loin dans la « vraie » musique classique… Mais ça reste un album jeune, drôle, amusant, un album « fun »…

RM : Avez-vous un souvenir particulier d'orchestre ou de public qui vous ont particulièrement ému ?

DG : Non, pas un particulièrement. Je dirais que les concerts qui me sont encore en mémoire sont ceux où je me suis senti le mieux. Ce n'était pas forcément ceux où j'ai eu le plus de succès, mais lorsque je me sens bien, que je sais que j'ai bien joué, je considère cela comme un bon concert !

RM : Avez-vous une œuvre préférée ?

DG : Non, cela dépend vraiment de l'instant, du moment. La musique est liée à l'émotion, donc ma pièce préférée varie selon que je suis heureux ou triste ; tout dépend de mon humeur du jour.

RM : Et sur une île déserte, quelle partition emportez-vous ? 

DG : Les Sonates et Partitas de Bach.

RM : Des projets de concerts en France ?

DG : Je ne sais pas du tout si je vais aller en France ! Je m'apprête à aller en Israël, puis en Italie, et enfin en Allemagne, où je donne des concerts avec orchestre et des récitals. Je me suis concentré récemment sur la Grande-Bretagne et l'Asie, surtout pour la promotion de mon CD. Je ne crois pas venir en France cette année. Mais la saison prochaine, je pense bien être sur les scènes françaises !

RM : Y a-t-il un violoniste de votre génération que vous admirez particulièrement ?

DG : J'aime beaucoup Hilary Hahn et Julian Rachlin.

RM : Quand vous n'êtes pas en tournée ou sur scène, quelles sont vos passions ?

DG : Dormir ! Je dors le maximum, pour retrouver mon énergie. Sinon, je sors avec mes amis, j'essaie juste d'avoir une vie normale, une vie « fun ».

Crédits photographiques : © Karsten Wœlk

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