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Un violon ravit la vedette à Martha Argerich

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Genève, Victoria Hall. 8-IV-2009. Maurice Ravel (1875-1937) : Ma mère l’Oye. Ludwig van Beethoven (1770-1825) : Concerto pour piano et orchestre n°2 en si bémol majeur op. 19. Nikolaï Rimski-Korsakov (1844-1908) : Shéhérazade, suite symphonique op. 35. Martha Argerich, piano. Orchestre de la Suisse Romande, direction : Charles Dutoit

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Oubliée la direction de . Oublié le piano de dans le Concerto pour piano n°2 de Beethoven. L'émotion ce concert de l' était ailleurs. Le violon de , le tout nouveau premier violon de la phalange genevoise, a ravi la vedette aux deux stars programmées.

Mais procédons par ordre. En ouverture, dans une direction plus élégante qu'efficace emmène l' dans mise en bouche sans grand brillant de Ma Mère l'Oye de Ravel. Puis, s'engageant dans le Concerto pour piano et orchestre n°2 de Beethoven, il imprègne le premier mouvement d'une écrasante lourdeur qui semble déranger . Apparemment pas très en forme, la pianiste y apparaît bien en-deçà de ce que cette interprète est capable de donner. Martelant ses notes avec sécheresse, elle montre quelques signes de nervosité qui la bousculent dans le déroulement musical de ce début. Bien sûr, l'énergie pianistique de fait toujours merveille. Sa manière de découper les phrases et la fulgurance de ses attaques restent des caractéristiques enthousiasmantes de la pianiste argentine. Le métier aidant, l'adagio laisse le souvenir de quelques interventions au lyrisme appuyé d'une authenticité artistique discutable. Le vouloir faire pour faire doublé d'une jouerie empreinte de facilité convenue a tôt fait de susciter l'ennui. Ce n'est qu'au moment où, à son tempo, Martha Argerich attaque le dernier mouvement du concerto qu'on retrouve sa légendaire verve pianistique. Elle s'envole alors vers ces instants de génie qui fait de cette interprète une véritable légende vivante du piano. Mais neuf petites minutes de génie méritent-elles le triomphe que lui réserve le public ?

Venu uniquement pour Martha Argerich, une partie de l'assistance déserte son siège après l'entracte. Il a bien tort. L'interprétation de Shéhérazade de s'inscrit comme le moment de grâce de cette soirée. et le responsable de ces instants est sans aucun doute le premier violon de l'orchestre, le Russe . Personnalité fascinante, inspiré jusqu'aux bout des ongles, ses premières interventions captent immédiatement l'attention. Soudain et comme par enchantement, tout l'orchestre se rassemble autour de lui. D'un geste de la tête, d'un influx de son archet, il dirige l'orchestre. Non pas dans la mesure, mais dans le rythme. Non pas dans la partition, mais dans l'harmonie. Non pas dans le mot, mais dans la phrase. Depuis son violon, il révèle la grandeur sublime et tragique de l'œuvre de Rimski-Korsakov. En soliste accompli, y démontre son authenticité artistique débordante. Tantôt inclinant, tantôt redressant son violon pour que le son s'en répande au mieux de l'écoute, il fait montre d'une parfaite maîtrise de son instrument. Et quel son, quelle justesse, quel rythme, quel phrasé !

Qui aurait dit que l', sous la seule impulsion de son premier violon, passerait à la vitesse supérieure ?  même ne s'y est pas trompé quand, au moment de saluer, il a fait un signe de dénégation à son envers pour montrer avec une humilité rare chez un chef d'orchestre, le véritable artisan triomphateur de cette réussite. Sergey Otrovsky.

Crédit photographique : Martha Argerich © Adriano Heitmann

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Genève, Victoria Hall. 8-IV-2009. Maurice Ravel (1875-1937) : Ma mère l’Oye. Ludwig van Beethoven (1770-1825) : Concerto pour piano et orchestre n°2 en si bémol majeur op. 19. Nikolaï Rimski-Korsakov (1844-1908) : Shéhérazade, suite symphonique op. 35. Martha Argerich, piano. Orchestre de la Suisse Romande, direction : Charles Dutoit

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