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Paris, Auditorium du Musée d’Orsay. 17-II-2010. Franz Schubert (1797-1828) : SuleikaI D 720 ; SuleikaII D 717 ; Heiss mich nicht reden et Nur wer die Sehnsucht kennt D 877 n° 2 et 4 ; Im Abendrot D 799 ; Die Götter Griechenlands D 677 ; Gretchen am Spinnrade D 118 ; Quatuor à cordes en la mineur n° 13 « Rosamunde » D 804 ; Alban Berg (1885-1935) : Schliesse mir die Augen beide (1e et 2e versions) ; Suite lyrique ; Marc Carles (né en 1933) : Esquisse. Salomé Haller, soprano ; Christoph Eschenbach, piano ; Quatuor Thymos: Gabriel Richard, Eiichi Chijiiwa : violon ; Nicolas Carles : alto ; Marie Leclercq : violoncelle

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Musée d'Orsay

Le soixante-dixième anniversaire de est un événement spécial pour les membres du , tous titulaires à l'Orchestre de Paris, que le chef dirige pour la dixième et dernière année. Lors de ce concert, ils lui ont donc ménagé la surprise d'une pièce composée pour l'occasion par le père de l'altiste, Marc Carles. L'attention est d'autant plus délicate que cette Esquisse est construite sur le nom d'Eschenbach et qu'on y entend évidemment résonner la signature familière de Bach lui-même.

Pour sa part, offre, avec , un bouquet de lieder plutôt bien connus. Débuter par les deux chansons de Suleika s'avère un choix dangereux, tant le délicieux frémissement qui anime ces pièces est difficile à rendre. Les lieder de Mignon révèlent ensuite chez la chanteuse des qualités de simplicité et de concentration qui servent bien ce répertoire, en plus d'une prononciation irréprochable. En parfaite entente avec un accompagnement savamment pondéré, trouve le ton recueilli d'Im Abendrot et de Die Götter Griechenlands, avant une Marguerite au rouet forte et sobre. Dommage tout de même que la voix ait trop souvent tendance à se serrer ou à se durcir dans le registre aigu. Les deux artistes donnent également deux versions de Schliesse mir die Augen beide par Berg, la première (1900) typique du dernier romantisme , la seconde (1925) dodécaphonique.

Usant d'une palette restreinte mais extrêmement subtile, le expose à merveille la triste douceur du treizième Quatuor de Schubert. L'écoute mutuelle autorise une articulation ouatée, quoique assez précise, et les instruments, qui paraissent anciens, produisent un son feutré d'une grande poésie. Le thème du premier mouvement ou celui du troisième, qui paraphrase Die Götter Griechenlands, sont pourtant énoncés avec une intensité incroyable, tant l'expression est retenue.

Dans la Suite lyrique, les instrumentistes adoptent une sonorité plus acérée et une vigueur qui tranche avec les teintes automnales recherchées dans Schubert. La passion n'est pas absente, quoique subordonnée à une beauté quelque peu abstraite de la ligne et de la polyphonie. La fluidité des mouvements rapides (Allegro misterioso, Presto delirando) n'empêche pas de savourer le raffinement des timbres. Le point culminant de la soirée demeure le dernier mouvement, Largo desolato, donné dans sa version chantée, découverte depuis une vingtaine d'années seulement. Berg avait écrit ce mouvement sur un poème des Fleurs du mal, « De profundis clamavi », traduit par Stefan George, mais il n'en avait publié qu'une version instrumentale, tenant ainsi secrète la véritable signification de la pièce. Le chant lui donne une dimension poignante, surtout lorsque la dernière phrase de l'alto coïncide avec le dernier vers : « Tant l'écheveau du temps lentement se dévide ».

Crédit photographique : © Éric Brissaud

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Paris, Auditorium du Musée d’Orsay. 17-II-2010. Franz Schubert (1797-1828) : SuleikaI D 720 ; SuleikaII D 717 ; Heiss mich nicht reden et Nur wer die Sehnsucht kennt D 877 n° 2 et 4 ; Im Abendrot D 799 ; Die Götter Griechenlands D 677 ; Gretchen am Spinnrade D 118 ; Quatuor à cordes en la mineur n° 13 « Rosamunde » D 804 ; Alban Berg (1885-1935) : Schliesse mir die Augen beide (1e et 2e versions) ; Suite lyrique ; Marc Carles (né en 1933) : Esquisse. Salomé Haller, soprano ; Christoph Eschenbach, piano ; Quatuor Thymos: Gabriel Richard, Eiichi Chijiiwa : violon ; Nicolas Carles : alto ; Marie Leclercq : violoncelle

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