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Dijon, Théâtre des Feuillants. 11-V-2010. Clara Schumann (1819-1896) et Robert Schumann (1810-1856) : Pièces pour piano et trios. Mise en espace : Lisa Wurmser. Récitants : Serge Maggiani et Anne Cuisenier. Trio des Aulnes : Jean-François Corvaisier, violon ; Laurent Lagarde, violoncelle ; Olivier Chauzu, piano

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Trio des Aulnes

Robert Schumann, qui voulut être poète puis se tourna avec passion vers la musique n'aurait pas renié cette soirée intimiste qui a permis au public d'appréhender un peu de sa personnalité si exaltée. La lecture à deux voix de la correspondance éclaire d'une façon crépusculaire l'évolution d'un être à la sensibilité complexe, qui est un chantre si délicat de l'amour mais aussi un homme aux prises avec des démons intérieurs qui le conduiront à la folie. Une atmosphère particulière est créée lors de cette soirée où nous pouvons entrer dans le monde intérieur du musicien.

La première pièce des Scènes d'enfants, jouée dans le noir avec délicatesse par , aurait pu apparaitre comme un choix un peu banal : en fait, elle sert judicieusement d'introduction à un «monde étrange et merveilleux», qui est celui d'une relation hors du commun entre un homme et une femme qui sont instinctivement sur la même longueur d'onde. En effet, le côté retenu, pudique même, de cette rêverie nous convie à pénétrer dans l'univers du compositeur, sans voyeurisme, mais avec le sentiment d'ouvrir la porte de la maison d'un ami très proche. A partir de là, les lectures s'enchainent avec les mouvements des trios ; aucun applaudissement parasite ne viendra «casser» l'ambiance si romantique.

La première partie s'articule autour du trio composé par Clara et celui-ci est une révélation : porté par l'élan et la conviction des trois interprètes, il offre des parentés troublantes avec les compositions du maître. Elle emploie des tournures populaires, dans le premier mouvement par exemple, et plus tard un chant d'amour entre le violon et le violoncelle rappelle d'une façon évidente celui que l'on trouve dans le Carnaval de Vienne. Une pièce pour piano seul (dont on aimerait avoir le titre, le programme étant totalement muet à ce propos), interprétée avec une retenue proche de la douleur et avec un toucher délicat, introduit la seconde partie.

Robert Schumann apparait, à travers de petits détails trouvés dans la correspondance de Clara, comme un homme ordinaire : il aime à fumer le cigare et il fait aussi des remarques drôles sur Hector Berlioz. Mais, hélas il est en même temps celui qui ne sait s'il est Eusebius ou bien Florestan, mais qui sait qu'il s'enfonce irrémédiablement dans la nuit. Des lectures de plus en plus noires témoignent de cette lente descente aux enfers, et les deux comédiens savent sortir de la pénombre pour nous le rappeler.

Le Trio op. 110 est l'illustration poignante de la désagrégation mentale du musicien. Des ruptures apparaissent dans la logique des développements, une fugue avortée en pizzicatos intervient d'une façon fantomatique dans le premier mouvement. Mais la dernière lecture («je ne suis rien» dit Robert Schumann) sert de prélude à la redite du second mouvement ; celui-ci, erratique ne conduit nulle part : tandis que s'éteint la lumière du théâtre, ne subsistent que quelques notes disloquées…

Crédit photographique : © Patricia Camus

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