Concerts, La Scène, Musique symphonique

Cuvée 100 % Bourgogne !

Plus de détails

Instagram

Dijon, Auditorium. 09-VI-2010. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Concerto pour cor et orchestre n°2 en mi bémol majeur K. 417 ; Symphonie n° 29 en la majeur K. 201. Benjamin Britten (1913-1976) : Les Illuminations pour ténor et orchestre à cordes op. 18 ; Sérénade pour ténor, cor et orchestre à cordes op. 31. Jean-Paul Fouchécourt, ténor ; André Cazalet, cor. Orchestre Dijon Bourgogne, direction Nicolas Chalvin

Instagram

Mozart / Britten, le duo marche depuis longtemps en concert, le classicisme du premier trouvant son prolongement dans le néoclassicisme du second.

Le concerto pour cor de Mozart, écrit pour un ami de celui-ci, présente toutes les caractéristiques de l'exercice de virtuosité propres au XVIIIe. aborde ce répertoire avec une décontraction déconcertante : il nous régale d'une sonorité veloutée, il nous fait chanter dans le second mouvement, et il nous entraine avec brio dans la chasse du rondo final. Pourtant, l'acoustique n'est pas toujours favorable aux gammes fusées de l'instrument, et l'accompagnement orchestral est souvent un peu trop sage.

La symphonie du même auteur a été écrite à 18 ans, et cela se sent. Style galant, marches harmoniques, répétitions, emploi de formes très classiques, tout cela ne donne qu'une pièce soignée certes, mais pas de première grandeur. Malgré le talent du premier violon Jean-François Corvaisier, et la gestique précise du chef, l'interprétation paraît manquer de la pétulance nécessaire qui aurait emporté le morceau : redoutable Mozart ! L'ordre initial du programme, qui plaçait cette œuvre en fin de première partie aurait sans doute été préférable.

Les Illuminations d'Arthur Rimbaud sont une succession de visions poétiques fulgurantes et Britten, qui a opéré un choix parmi elles, envisage sa partition de la même façon ; il ne s'agit pas de décrire servilement les images littéraires mais de profiter de la puissance d'évocation de la musique pour provoquer des chocs musicaux poétiques à leur tour. Fanfare ouvre la marche avec des accents percussifs aux altos et avec la voix de bateleur du ténor, alors qu'au contraire de subtiles harmoniques traduisent : «j'ai tendu des cordes de clocher à clocher ; des guirlandes de fenêtre à fenêtre…» Le souci de la cohérence musicale rend judicieux des rappels thématiques, et ainsi, le thème de Fanfare revient dans Parade, avant-dernière pièce, avant que Départ ne s'illustre par le délitement de l'accompagnement. L'orchestre sonne bien dans cette partition exceptionnelle, il sait s'adapter aux différentes atmosphères avec des sonorités variées et conformes aux images poétiques. La voix de sert le texte avec une finesse et une sensibilité hors-pair. La réputation de ce ténor profondément musicien n'est plus à faire, mais ses qualités de diction et sa forte présence sur scène rendent la musique extraordinairement vivante.

Sérénade permet en outre d'admirer sa prouesse vocale, qui se joue avec aisance des changements de registre. En effet cette partition un peu plus tardive est d'un modernisme plus épuré. L'adjonction du cor démontre en plus combien est grande la science de Britten : il le rend partenaire à part égale de la voix en le faisant concerter sur un demi-ton plaintif dans Elégie, mais au contraire, il en fait un rehaut sonore dans Dirge. Le cor a «vieilli» depuis l'époque de Mozart, et son jeu s'est fortement diversifié : sait à merveille jouer des effets de nuances et de Flatterzunge.

Ce concert donne une impression de vie toujours présente. «Je suis un inventeur bien autrement méritant que tous ceux qui m'ont précédé ; un musicien même, qui ai trouvé quelque chose comme la clé de l'amour», écrivait Rimbaud dans Les Illuminations.

Crédit photographique : © Jean-Luc Petit

(Visited 72 times, 1 visits today)

Plus de détails

Instagram

Dijon, Auditorium. 09-VI-2010. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Concerto pour cor et orchestre n°2 en mi bémol majeur K. 417 ; Symphonie n° 29 en la majeur K. 201. Benjamin Britten (1913-1976) : Les Illuminations pour ténor et orchestre à cordes op. 18 ; Sérénade pour ténor, cor et orchestre à cordes op. 31. Jean-Paul Fouchécourt, ténor ; André Cazalet, cor. Orchestre Dijon Bourgogne, direction Nicolas Chalvin

Mots-clefs de cet article
Instagram
Reproduire cet article : Vous avez aimé cet article ? N’hésitez pas à le faire savoir sur votre site, votre blog, etc. ! Le site de ResMusica est protégé par la propriété intellectuelle, mais vous pouvez reproduire de courtes citations de cet article, à condition de faire un lien vers cette page. Pour toute demande de reproduction du texte, écrivez-nous en citant la source que vous voulez reproduire ainsi que le site sur lequel il sera éventuellement autorisé à être reproduit.