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Des pétales dans la bouche, monodrame de Laurent Cuniot en création mondiale

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Nanterre, Maison de la Musique. 18-V-2011. Laurent Cuniot (né en 1957) : Des pétales dans la bouche (CM), opéra en un prologue et cinq tableaux pour une voix et ensemble de 15 instruments sur un texte de Maryline Desbiolles. Mise en scène : Philippe Mercier ; création lumières : Laurent Schneegans. Sylvia Vadimova, mezzo-soprano ; Geneviève Strosser, alto ; Gilles Burgos, flûte ; Franck Scalisti, clarinette ; Eric Du Faÿ et Takenor Némoto, cors ; Gianny Pizzolato, percussions. Ensemble TM+, direction : Laurent Cuniot

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Discret mais hyperactif, présent sur tous les fronts lorsqu'il troque sa baguette de chef contre la canne du Diable, est un des seuls musiciens de sa génération à poursuivre, et avec quel brio, une carrière de chef et de compositeur.

Sur le plateau de la Maison de la Musique de Nanterre où son est en résidence, il dirigeait en création mondiale son monodrame Des pétales dans la bouche dans lequel une femme opère une plongée psychanalytique dans son passé – l'Erwartung de Schœnberg n'est pas loin – pour briser le silence qui l'isole : «Ma bouche vide de toute voix, ma bouche est un trou, quelques pétales de prunier, quelques pétales de neige jetés dedans pour toute consolation» lit-on dans le très beau texte de Maryline Desbiolles qui signe le livret de cet opéra. «Des pétales dans la bouche suggère à la fois le chant empêché et sa suavité» précise-t-elle dans la notice de programme.

Dans la mise en scène économe autant qu'efficace de Philippe Mercier jouant sur les effets de perspective d'une longue table traversant le plateau, une femme revit, à travers différentes situations critiques – dans un taxi, un café, sa chambre ou sa campagne – les affres de la solitude et de l'abandon en abordant les thèmes essentiels, ceux de la vie, la mort, l'amour ; jusqu'à sa rencontre, au terme de cette quête d'elle-même, avec l'homme qui lui fait retrouver sa voix.

Bien que l'orchestre officie traditionnellement dans la fosse, fait intervenir des instrumentistes solistes sur la scène : substitut ou double de la voix chantée, l'alto – phénoménale – «prend la parole» dès le lever de rideau ; puis c'est la clarinette chaleureuse de Franck Scalisti qui dialogue avec la femme pour l'évocation de sensations enfantines ; enfin lorsque les deux cors, la flûte, la clarinette et la percussion encadrent la chanteuse dans la dernière scène du voyage, ils deviennent une sorte d'anges gardiens qui amplifient sa voix retrouvée.

Emergeant peu à peu de la clameur instrumentale qui, dans la première scène, lui fait écran, accomplit une véritable performance scénique et vocale au cours de cette trajectoire où elle abolit progressivement la distance avec son auditoire en même de temps que l'espace scénique s'ouvre ; du café bondé où elle n'arrive pas à se faire entendre à la trattoria de ses origines où toutes les tensions se libèrent, la voix bien timbrée et largement déployée de la mezzo gagne de haute lutte la possibilité de se faire comprendre, maintenant l'écoute captive durant les soixante minutes de ce spectacle.

L'ensemble instrumental dont l'écriture relève d'un travail d'orfèvre conduit la dramaturgie avec un intérêt de chaque instant porté sur le choix des couleurs, l'intensité du propos et le ressort de l'énergie ; le fluide passe entre la fosse et le plateau avec un au sommet de son art et une direction habitée, une ferveur communiquée par dans cette aventure risquée et totalement assumée qu'il porte de main de maître.

Crédit photographique : © Jean de la Tour

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Nanterre, Maison de la Musique. 18-V-2011. Laurent Cuniot (né en 1957) : Des pétales dans la bouche (CM), opéra en un prologue et cinq tableaux pour une voix et ensemble de 15 instruments sur un texte de Maryline Desbiolles. Mise en scène : Philippe Mercier ; création lumières : Laurent Schneegans. Sylvia Vadimova, mezzo-soprano ; Geneviève Strosser, alto ; Gilles Burgos, flûte ; Franck Scalisti, clarinette ; Eric Du Faÿ et Takenor Némoto, cors ; Gianny Pizzolato, percussions. Ensemble TM+, direction : Laurent Cuniot

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