La Scène, Musique d'ensemble, Spectacles divers

A la Cité de la musique, des sorcières qui ont du secte-appeal

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Paris. Cité de la Musique, auditorium. 06-V-2008. António Chagas Rosa (né en 1960) : Les Sorcières, conte musical pour dix chanteurs, harpe, cor, trombone et percussions sur un texte de Maria Teresa Horta ; images et mise en scène : Toni Casalonga ; images animées : Anne Pellegrini. Ensemble Musicatreize  : Kaoli Isshiki, Elise Deuve et Claire Gouton, sopranos ; Florence Barreau, Mireille Quercia et Laura Gordiani, mezzo-sopranos ; Arnaud Le Dû et Jérôme Cottenceau, ténors ; Patrice Balter et Hubert Deny, basses ; Célia Perrard, harpe ; Eric Sombret, cor ; Thierry Comte, trombone ; Christian Hamouy, percussions. Direction : Roland Hayrabédian.

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En clôture du cycle « Messes noires » à la Cité de la Musique, qui embrassait un vaste répertoire de Marin Marais à George Crumb en passant par Liszt, Mendelssohn et même le tube de Moussorgski Une nuit sur le mont chauve (mais pas la danse de sabbat de la Fantastique de Berlioz, pourquoi ? Et pourquoi la Nuit transfigurée de Schœnberg ?), Roland Hayrabedian dirigeait Les Sorcières du compositeur portugais . Paru sous forme de livre-disque et récompensé d'une Clef ResMusica, ce premier des sept contes de est le deuxième à recevoir sa forme scénique après L'arbalète magique de Tôn-Thât Tiêt.

La mise en scène est sobre, les solistes vocaux restant immobiles avec à la main un livre à la couverture tantôt en miroir tantôt marquée de signes cabalistiques. L'intérêt se situe sur la toile où sont projetés les dessins de Toni Casalonga, animés de manière poétique par Anne Pelligrini : sorcière nue faisant d'une main un signe diabolique avec l'index et l'auriculaire dressés, Belzebuth dansant puis dont l'image est progressivement rongée, comme consumée par le feu, apparition finale de la femme-fleur. Des extraits significatifs du texte sont projetés, en lettre gothique pour les paroles des inquisiteurs, en écriture moderne et souple pour les sorcières. Si l'opposition n'est ni neutre ni originale, elle a le mérite de la clarté.

A la scène, l'expressivité de l'écriture de Chagas Rosa frappe plus encore qu'au disque, grâce à la direction tendue et tenue, impeccable de Roland Hayrabedian qui sait aussi bien faire ressortir la noirceur des incantations (I – Prologue), les sortilèges de la harpe, du cor et du trombone, tous instruments nocturnes, que la sensualité de l'Aria de la Sorcière (II- Chant des sorcières) ou encore la conviction des inquisiteurs pleine de suffisance, de hargne – et au fond de peur – face au mystère de l'éternel féminin (III – Chant des inquisiteurs). Dans la dernière partie, « Le sacrifice », sorcières et inquisiteurs s'affrontent, ces derniers croyant pouvoir affirmer « De toi femme je sais tout », elles irréductiblement libres ayant tranché pour les siècles des siècles : « Je garde entier mon secret ». Au final, c'est le Chant de résurrection qui triomphe, un chant d'aspiration des femmes, plein d'humanité, sur fond de paroles magiques des inquisiteurs : la messe noire, c'est eux. Un message que Lisbonne n'a curieusement pas encore entendu, l'œuvre y ayant été programmée et déprogrammée au hasard (?) des changements de directeurs.

Crédit photographique : © Agnès Melon

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Paris. Cité de la Musique, auditorium. 06-V-2008. António Chagas Rosa (né en 1960) : Les Sorcières, conte musical pour dix chanteurs, harpe, cor, trombone et percussions sur un texte de Maria Teresa Horta ; images et mise en scène : Toni Casalonga ; images animées : Anne Pellegrini. Ensemble Musicatreize  : Kaoli Isshiki, Elise Deuve et Claire Gouton, sopranos ; Florence Barreau, Mireille Quercia et Laura Gordiani, mezzo-sopranos ; Arnaud Le Dû et Jérôme Cottenceau, ténors ; Patrice Balter et Hubert Deny, basses ; Célia Perrard, harpe ; Eric Sombret, cor ; Thierry Comte, trombone ; Christian Hamouy, percussions. Direction : Roland Hayrabédian.

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