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Castelnau-Bretenoux. Château de Castelnau-Bretenoux. 30-VII-2011. Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893) : Eugène Onéguine, scènes lyriques en trois actes sur un livret de Konstantin Shilowsky. Mise en scène : Eric Perez. Avec : Serge Stilmachenko, Eugène Onéguine ; Ekaterina Godovanets, Tatiana ; Karine Motyka, Olga ; Svetislav Stojanovic, Lenski ; Jean-Claude Sarragosse, prince Gremin ; Hermine Huguenel, Mme Larina ;Béatrice Burley, Filipievna ; Eric Vignau, M. Triquet. Chœur et orchestre du Festival, direction : Dominique Trottein.
Cet Eugène Onéguine est la nouvelle production du Festival de Saint-Céré, au côté de reprises de Rigoletto et du Roi Carotte d'Offenbach.
Plusieurs tables, des tabourets, et six parois amovibles plantent le décor. La compagnie Opéra Éclaté voyage léger afin de pouvoir proposer son spectacle un peu partout en France (pour les parisiens, à Massy en mars 2012). C'est largement suffisant à Eric Perez pour développer une mise en scène claire et sensible, grâce notamment à l'utilisation virtuose des lumières et des couleurs, reflétées sur les parois. Ce n'est presque rien, mais un rose irisé évoquant l'aube pleine de promesse qui se lève dans la chambre de Tatiana, tout autant qu'un bleu glacé éclairant de son petit jour impitoyable le lieu du duel, plantent délicatement l'ambiance. L'idée la plus poétique est probablement celle de faire écrire à Tatiana sa fameuse lettre sur ces parois, ce qui nous plonge dans l'âme même de la jeune fille. Tout n'est pas parfait, le premier tableau en particulier semble bâclé, et on assiste tout du long à un contresens complet dans le traitement du personnage d'Olga, décrite ici comme une pouffiasse vulgaire et nymphomane, ce qu'elle ne peut pas être. Pourtant malgré ces quelques ratages, cette production est une réussite.
La distribution est à l'avenant, offrant quelques scories à côté de véritables perles. L'Onéguine de Serge Stilmachenko est quelconque et décevant, mais la Tatiana d'Ekaterina Godovanets est tout simplement merveilleuse. Timide et terne au premier tableau, au point qu'on songe d'abord à une erreur de casting, elle fait exploser la détermination et la sensualité de son personnage pendant la scène de la lettre, et la princesse du dernier acte est d'une dignité toute impériale. La voix est pleine, puissante, mais capable de piani bien timbrés qui donnent le grand frisson.
Svetislav Stojanovic, doté d'un fort beau timbre, incarne un Lenski presque trop viril pour le poète romantique. Karine Motyka, handicapée par la mise en scène, se sort d'affaire grâce à sa jolie voix. Hermine Huguenel est une exquise madame Larina.
Jean-Claude Sarragosse n'est pas la grande basse russe, parfois vieillissante, qu'on attend dans le rôle du prince Gremin, et c'est tant mieux. Noble jeune et fringuant, il délivre son grand air à fleur de lèvres, tout en délicatesse, un hymne d'amour à son épouse, comme un lied. Du très grand art. Scèniquement hilarant, vocalement clair et bien disant, Eric Vignau est peut-être le meilleur monsieur Triquet qu'on a jamais entendu.
Dominique Trottein dirige un orchestre allégé sur le côté du plateau, la situation n'est peut-être pas confortable pour suivre la prestation des chanteurs, mais tout sonne équilibré, juste, et follement romantique !
Crédit photographique : © Alain Uricht
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Castelnau-Bretenoux. Château de Castelnau-Bretenoux. 30-VII-2011. Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893) : Eugène Onéguine, scènes lyriques en trois actes sur un livret de Konstantin Shilowsky. Mise en scène : Eric Perez. Avec : Serge Stilmachenko, Eugène Onéguine ; Ekaterina Godovanets, Tatiana ; Karine Motyka, Olga ; Svetislav Stojanovic, Lenski ; Jean-Claude Sarragosse, prince Gremin ; Hermine Huguenel, Mme Larina ;Béatrice Burley, Filipievna ; Eric Vignau, M. Triquet. Chœur et orchestre du Festival, direction : Dominique Trottein.