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A Dijon, Don Giovanni sous la baguette de Gérard Korsten

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Dijon. Auditorium, 26-III-2013. Il dissoluto punito ossia il Don Giovanni, drame joyeux en deux actes de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) sur un livret de Lorenzo da Ponte (1749-1838), version créée en octobre 1787 au Théâtre des Etats de Prague. Mise en scène : Jean-Yves Ruf. Scénographie : Laure Pichat. Costumes : Claudia Jenatsch. Chorégraphie : Caroline Marcadé. Avec Edwin Crossley-Mercer, Don Giovanni ; Josef Wagner, Leporello ; Diana Higbee, Donna Anna ; Michael Smallwood, le Commandeur ; Ruxandra Donose, Donna Elvira ; Camille Poul, Zerlina ; Damien Pass, Masetto. Chœur de l’Opéra de Dijon ; chef de chœur : Mihály Zeke ; chef de chant, claveciniste : Yvon Repérant. Chamber Orchestra of Europe. Direction musicale : Gérard Korsten.

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Servir un chef d'œuvre intemporel n'est pas une mince affaire : pourtant, le pari est tenu avec brio à l'Auditorium, par la grâce d'interprètes inspirés.

Ainsi, la musique de Mozart peut, encore une fois, nous attraper dans ses filets magiques. Mais elle va de nouveau provoquer en nous des questionnements différents sur cette fable en apparence morale. Vous avez dit morale ? Quoique…

A tout seigneur, tout honneur : le sous la baguette nerveuse de nous régale de sonorités lumineuses ou profondes, mais comme naturellement évidentes dès les premières notes de l'ouverture. D'un bout à l'autre de l'opéra, on aura ce plaisir rare de voguer sur les ailes de la musique, de saisir facilement les subtilités de l'écriture mozartienne, et d'en comprendre toutes les intentions. Les récitatifs sont accompagnés avec élégance, les airs soutenus sans apprêts.

Une colline herbue recouvre l'intégralité du plateau d'un bout à l'autre de l'œuvre que le metteur en scène fait en quelque sorte commencer après l'épisode du meurtre du Commandeur : celui-ci se déroule devant le rideau de scène noir ; ce « préambule » sert d'exergue définissant en fait la personnalité ambigüe du « Dissoluto ». Cette idée permet ainsi d'insister tout de suite sur l'idée de « dramma giocoso », et de laisser à penser que tout ne sera pas aussi évident qu'on pourrait le supposer dans la personnalité des personnages : qui est Don Juan ? Un séducteur certes jouisseur, mais ne court-il pas aussi sciemment à la mort ? Eros et Thanatos… Ce plateau incliné donne l'impression d'espace, d'errance dit le metteur en scène, ce qui convient bien à l'ambiance champêtre et festive du premier acte, mais l'idée est sans doute moins convaincante pour le second. On apprécie aussi la fraîcheur des costumes dans lesquels la couleur blanche rehaussée de rouge domine pour les figurants, tandis que les personnages principaux affichent leurs caractères dans leurs vêtements : Donna Anna est vêtue comme une anglaise de bonne famille, mais Donna Elvira exprime sa passion par le rouge de sa robe.

La distribution est sans faille. De jeunes chanteurs plein de talent s'investissent avec conviction dans leurs rôles. Les voix s'accordent à merveille dans les ensembles vocaux qui en deviennent ainsi des moments enchanteurs ; les trios d'hommes en miroir de la première scène et du festin final sont d'une homogénéité remarquable : de la musique de chambre en somme. Mais il faudrait aussi citer le trio des masques et le final de l'acte 1, celui de l'acte 2, tous ces moments ou les instruments et les voix ne font qu'un.

Leporello est servi par le texte de Da Ponte, mais il n'empêche qu'il est vocalement à la hauteur de ce rôle complexe de « double » de Don Giovanni. préfère camper un personnage hautain, fidèle à son cynisme jusqu'au bout avec une voix moelleuse qui convient à son caractère affiché de manipulateur. Mais les révélations viennent du côté des trois femmes séduites ; trois magnifiques portraits différents que des voix dissemblables traduisent avec émotion : Elvire, vibrante et passionnée, Zerlina, vive et sensuelle, et surtout Donna Anna, à la voix si pure et si touchante…

Crédit photographique : © Opéra de Dijon Gilles Abegg

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Dijon. Auditorium, 26-III-2013. Il dissoluto punito ossia il Don Giovanni, drame joyeux en deux actes de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) sur un livret de Lorenzo da Ponte (1749-1838), version créée en octobre 1787 au Théâtre des Etats de Prague. Mise en scène : Jean-Yves Ruf. Scénographie : Laure Pichat. Costumes : Claudia Jenatsch. Chorégraphie : Caroline Marcadé. Avec Edwin Crossley-Mercer, Don Giovanni ; Josef Wagner, Leporello ; Diana Higbee, Donna Anna ; Michael Smallwood, le Commandeur ; Ruxandra Donose, Donna Elvira ; Camille Poul, Zerlina ; Damien Pass, Masetto. Chœur de l’Opéra de Dijon ; chef de chœur : Mihály Zeke ; chef de chant, claveciniste : Yvon Repérant. Chamber Orchestra of Europe. Direction musicale : Gérard Korsten.

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