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Talents de demain à La Roque d’Anthéron

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La Roque d’Anthéron, Festival international de piano, Parc du château de Florans.
Soirée des Ensembles en Résidence, 15-VIII-2014. Avec : Raphaëlle Moreau, Irène Duval, violon ; Aurélien Pascal, violoncelle ; Célia Oneto-Bensaïd, piano, Fiona Mato ; Trio Hélianthème (Romuald Grimbert-Barré, violon ; Jérémie Billet, violoncelle ; Vincent Adragna, piano) ; Quatuor Hanson (Anton Hanson, Jules Dussap, violon ; Gabrielle Lefait, alto ; Simon Dechambre, violoncelle) ; Ensemble Messiaen (David Patrlik, violon ; Volodia van Keulen, violoncelle ; Théo Fouchenneret, piano) ; Quatuor Hemera (Shuichi Okada, violon ; Laura Hovestadt, alto ; Angèle Legasa, violoncelle ; Théodore Lambert, piano). Avec la participation de Claire Désert, Emmanuel Strosser, Christien Ivaldi, piano ; Trio Wanderer.
Récital de Benjamin Grosvenor, 16-VIII-2014. Œuvres de Félix Mendelssohn, Franz Schubert, Robert Schumann, Federico Mompou, Nicokaï Medtner, Maurice Ravel, Charles Gounord/Franz Liszt.

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Guillaume Tell©CGremiotSoirée des Ensembles en Résidence

Depuis plus de dix ans, les Ensembles en Résidence de La Roque d'Anthéron représentent, pour les jeunes musiciens qui ambitionnent de devenir interprètes de premier plan, l'un des hauts lieux d'apprentissage professionnel. Sous l'égide de la pianiste , actuelle responsable des Ensembles, une vingtaine d'interprètes viennent s'installer avec leur formation (Trios, Quatuors, Ensembles divers), constituée depuis quelques années ou pour l'occasion. Tout au long du festival, des master class, ouvertes au public, ont lieu sous les arbres, principalement au Parc du Château de Florans.

Cette année, , Christian Ivaldi, et (Jean-Marc Phillips-Varjabédian, Raphaël Pidoux et Vincent Coq) veillent sur la progression des élèves ayant un niveau très élevé – certains ont déjà commencé leur carrière de solistes ou de musiciens d'orchestre. La soirée des Ensembles en Résidence est l'occasion, à la fin de la session, de présenter le fruit de leur travail, les pièces choisies sont parfois jouées avec leurs professeurs.

La soirée est présentée par dix ensembles, cinq pour chacune des deux parties. Avec un changement de dispositifs après chaque prestation, y compris l'installation des micros pour la retransmission en directe à la radio, la soirée est longue. Mais les auditeurs fidèles, venus très nombreux, attendent avec une impatience quasi religieuse. Dans la première partie, nous avons entendu l'Ouverture de Guillaume Tell de Rossini, (deux pianos à huit mains avec C. Désert, E. Strosser, C. Oneto-Bensaïd, T. Lambert et A. Pascal au violoncelle) ; extrait du Trio n° 2 en mi bémol majeur de Schubert () Sonate pour violon et piano de Ravel (R. Moreau et C. Oneto-Bensaïd), l'« Andante » de Sextuor n° 1 de Brahms (I. Duval, S. Okada, L. Hovestadt, G. Lefait, S. Dechambre, R. Pidoux) et les deux mouvements extrêmes du Quintette pour piano et cordes de Schumann ( et F. Mato). S'il est parfois difficile de juger à juste valeur leur interprétation à cause de la scène située en pleine air, les musiciens donnent leur meilleur jeu. Ainsi, le se fait remarquer avec sa capacité d'adaptation à ce type de lieu. Les trois jeunes gens forment une bonne unité, chacun faisant entendre un jeu à la fois souple, délicat et vivifiant. Ensuite, la violoniste se distingue par une belle linéarité – avec la complicité de Célia Oneto-Bensaïd qui a une même veine – mais manque peut-être encore de liberté stylistique (notamment dans « Blues ») et parfois de dynamisme, mais il faudra certainement attendre son évolution pour que nous puissions bénéficier pleinement de son talent. La première partie se termine avec le Quintette de Schumann : les cinq interprètes s'enflamment au fil des partitions pour atteindre la fin du dernier mouvement en apothéose dans une belle fusion et avec beaucoup de vitalité, en recueillant des applaudissements nourris et des « Bravo ! ».

Ensemble Messiaen©CGremiotLa deuxième partie s'ouvre avec España de Chabrier, pour deux pianos à huit mains (C. Ivaldi, V. Coq, F. Mato et V. Adragna), joué avec vivacité et dynamisme. Puis, le propose l'« Adagio » et le finale du Quatuor n° 1 de Fauré. Les frémissements des feuilles d'arbres balayées par un vent qui souffle parfois fort, ne lui permettent pas de faire entendre toutes ses qualités dans cette œuvre délicate (comme Schubert par dans la première partie). Ainsi, on dénote un certain problème d'équilibre entre les instruments au premier mouvement. Suivent et dans Duo pour violon et violoncelle opus 7 de Kodály, plus que réussi notamment par leur implication dans la musique. L' exécute des extraits du Trio pour piano et cordes n° 4 « Dumky » de Dvořák avec beaucoup d'application et style. Les trois musiciens constituent un ensemble fascinant et nous avons hâte de les entendre dans d'autres répertoires. Le concert clôt sur le premier mouvement de l'Octuor de Mendelssohn (J.-M. Phillips-Varjabédian, R. Grimbert-Barré, J. Dussap, R. Moreau, L. Hovestadt, G. Le fait, A. Legasa, J. Billet). Il est dommage que le tempo ne soit pas toujours fixe et on remarque ça et là des précipitations, créant parfois un décalage assez important entre les pupitres. A quoi s'ajoute le manque d'homogénéité dans la sonorité : les violons sont « aigres » tandis que les altos sont assez secs, et les violoncelles, plutôt « enveloppants ». Espérons que ces défauts sont en grande partie imputables aux conditions du plein air.

Grosvenor3Récital de

Le 16 août, le jeune pianiste britannique donne un récital au programme très varié : Rondo capriccioso de Mendelssohn, Impromptu n° 3 de Schubert, Grande Humoresque de Schumann, Paysages de Mompou, extraits des Contes de fée de Medtner, Valses nobles et sentimentales de Ravel, et Valse de Faust de Gounod/Liszt. Avec Mendelssohn, il fait démonstration de sa virtuosité et de sa musicalité exceptionnelle dans une interprétation très soignée. La suite du programme étant constitué de pièces plus ou moins calmes, tranquilles, voire statiques, sauf quelques moments vifs de l'Humoresque et des Valse nobles et sentimentales et des pages descriptives comme Paysages et Contes de fée – véritables tableaux sonores –, l'auditoire commence à s'impatienter, malgré la sensibilité évidente du musicien, d'entendre quelque chose de plus « piquant » afin de réveiller leur attention. C'est alors que le pianiste revient à son extraordinaire dextérité digitale avec la Valse de Faust. L'impact est grand, le public explose de joie face au déferlement sonore et au spectaculaire pianistique. Devant le gradin déchainé, il joue deux bis, tout aussi virtuoses : Capriccio op. 28 n° 6 de Ernó Dohnányi (1877-1960) et Rush hour in Hong Kong du compositeur américain (1903-1987). Les spectateurs repartent ainsi ravis, leurs bâillements au milieu du récital totalement oubliés. Mais ce programme, construit certes de manière maligne, est possible parce que le pianiste a une technique sans faille et un vrai talent, un talent qui lui a permis d'être le plus jeune musicien à se produire dans la soirée d'ouverture du BBC Proms de 2011.

Crédit photographique : Guillaume Tell ; , © Christophe Gremiot

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La Roque d’Anthéron, Festival international de piano, Parc du château de Florans.
Soirée des Ensembles en Résidence, 15-VIII-2014. Avec : Raphaëlle Moreau, Irène Duval, violon ; Aurélien Pascal, violoncelle ; Célia Oneto-Bensaïd, piano, Fiona Mato ; Trio Hélianthème (Romuald Grimbert-Barré, violon ; Jérémie Billet, violoncelle ; Vincent Adragna, piano) ; Quatuor Hanson (Anton Hanson, Jules Dussap, violon ; Gabrielle Lefait, alto ; Simon Dechambre, violoncelle) ; Ensemble Messiaen (David Patrlik, violon ; Volodia van Keulen, violoncelle ; Théo Fouchenneret, piano) ; Quatuor Hemera (Shuichi Okada, violon ; Laura Hovestadt, alto ; Angèle Legasa, violoncelle ; Théodore Lambert, piano). Avec la participation de Claire Désert, Emmanuel Strosser, Christien Ivaldi, piano ; Trio Wanderer.
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