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Emmanuel Krivine et Julia Fischer au TCE avec l’Orchestre National de France

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Paris. Théâtre des Champs-Élysées. 10-I-2020. Claude Debussy (1862-1918) : Prélude à l’Après-midi d’un faune. Béla Bartók (1881-1945) : Concerto pour violon et orchestre n°2, Sz 112. Julia Fischer, violon. Modest Moussorgski (1839-1881) : Tableaux d’une exposition, orchestration Maurice Ravel. Orchestre National de France, direction musicale : Emmanuel Krivine

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Au Théâtre des Champs-Élysées, et l' accompagnent dans Bartók avant leur tournée germanique. Au programme également : le Prélude de Debussy et pour finir la Barcarolle des Contes en bis, après un discours d' pour sauvegarder la culture.

Krivine cc_Christophe Abramowitz
La fébrilité de la flûte introductive du Prélude à l'après-midi d'un faune suit le geste indécis de Krivine à la main gauche, mais pose déjà des questions sur la préparation de l' pour son premier concert de l'année au Théâtre des Champs-Élysées. Tous connaissent l'œuvre parfaitement, et si elle ne provoque cette fois pas de magie, elle passe comme un beau flux jusqu'à se perdre dans les limbes des derniers accords.

L'ensemble reste aussi dense pour le Concerto pour violon n° 2 de , c'est-à-dire qu'il garde presque cinquante cordes, pourtant trop peu compactes pour véritablement développer la partition. entre, le visage fermé, on espère que ce n'est pas à cause de son travail avec l'orchestre et le chef. Elle va les accompagner pendant les dix jours à venir pour une longue tournée de Berlin à Vienne en passant par l'Elbphilharmonie de Hambourg et le Großes Festspielhaus de Salzbourg, avec, soit le concerto hongrois présenté ici, soit plus souvent avec le 1er de Prokofiev. Son geste rassure dès les premières mesures, serré et précis, déjà supérieur à l'accompagnement, certes compliqué dans cet ouvrage où l'instrument soliste joue très régulièrement seul. Le National ne se démarque qu'au premier allegro, par les sonorités ravéliennes et dans le forte jazzy au premier quart du mouvement. Là encore, peu de mystère dans cette partition qui ne peut s'en passer, et surtout un manque de concentration, dans le son, mais aussi dans la posture, quelques musiciens parlant entre eux pendant que les autres jouent. Fischer revient devant les applaudissements nourris d'une salle presque remplie ; elle offre alors l'esquisse d'un sourire, en plus d'une superbe sarabande de Bach.

L'entracte passé, l' réapparaît, toujours en masse, pour des Tableaux d'une Exposition multiprogrammés cette saison à Paris, toujours – même si c'est la plus évidente pour une formation française – dans l'orchestration de Ravel. La trompette solo affiche une belle tenue pour la Promenade I, là où les cors rassurent moins – le premier sera ensuite en difficulté pour son grand solo d'une Promenade II cependant bien escorté par la petite harmonie. Il Vecchio castello poursuit cette bonne sensation grâce aux bassons puis au saxophone alto. Comme dans la pièce précédente, c'est finalement par les bois que l'on trouve véritablement de la couleur et de la précision, du premier hautbois au cor anglais, en passant par des flûtes et clarinettes claires et parfois amples. Le geste de Krivine présente à l'inverse une battue complexe à décrypter. L'on peine à discerner plus qu'une mise en avant de certains thèmes ou certains groupe d'instruments. Il n'en ressort ni une vision, ni encore moins de la tension. Il s'agit pourtant d'un ouvrage que Scaglione et son Orchestre national d'Île-de-France avaient bien mieux exalté un an plus tôt à la Philharmonie. Bydlo ne trouve donc qu'un crescendo trop peu décuplé pour être vraiment marquant, tandis qu'heureusement, la trompette solo parvient à glorifier, en partie par sa fébrilité, la partie de Samuel Goldenberg et Schmuyle.

Krivine revient une dernière fois et se lance dans un discours afin d'excuser auprès du public les grèves d'un orchestre qui ne fait pas cela par plaisir, et pour rappeler à « ceux qui s'occupent de culture dans notre pays, (…) d'ouvrir un dictionnaire pour en vérifier le sens ». Il offre alors en bis une magnifique Barcarolle des Contes d'Hoffmann d'Offenbach, à même de calmer les esprits d'un pays de plus en plus divisé et de moins en moins rassemblé dans des fondamentaux auxquels la musique réussit parfois, pour quelques instants, à le ramener.

Crédit photographiques : © Christophe Abramowitz

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