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Klaus Mäkelä cultive sa direction dans des œuvres de Saariaho, Ravel et Stravinsky

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Paris. Philharmonie, Grande Salle Pierre Boulez. 05-X-2022. Kaija Saariaho (née en 1952) : Vista ; CF. Maurice Ravel (1875-1937) : Concerto pour piano en sol majeur. Alice Sara Ott, piano. Igor Stravinsky (1882-1971) : Le Sacre du Printemps, Tableaux de la Russie païenne en deux parties ; version 1947 (1967). Orchestre de Paris, direction musicale : Klaus Mäkelä.

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Pour la deuxième fois depuis la rentrée, intègre une pièce de dans un programme de l', avant un Concerto pour piano de Ravel adouci par et un Sacre du Printemps sans surprise.


À peine un mois après Asteroid 4179 : Toutatis donné en ouverture du concert de rentrée de l', son jeune chef déjà adulé reprogramme avec la plus récente Vista. Imaginée en 2019 lors d'un voyage de nuit entre Los Angeles et San Diego, pendant lequel de nombreux points de vue sur l'océan portaient le nom donné à la pièce, Vista est créée en 2021 à Helsinki par Susanna Mälkki. Il est déjà récupéré par l'ensemble français, pourtant non co-commanditaire.

Introduite par deux hautbois pendant plusieurs minutes, l'oeuvre se diffuse à tout l'orchestre par des sonorités latentes, desquelles ressortent des réminiscences de Strauss ou Scriabine. La pièce se repose sur le métier de la compositrice, et a été écrite pendant la composition de l'opéra Innocence pour Aix-en-Provence. D'un geste sûr, le jeune directeur musical au smoking impeccablement taillé développe les deux mouvements, Horizons puis Targets, pendant environ vingt-cinq minutes, avant d'achever l'ouvrage comme il a commencé, par un calme retour des hautbois, cette fois sous la clarté des cloches et du xylophone effleuré de l'archet.

Un Steinway rapidement installé, fait son entrée sur la grande scène de la Philharmonie pour une approche plutôt douce du Concerto en sol majeur de Ravel, bien en accord en cela avec un orchestre au son moins chaud et moins volumineux que la semaine précédente sous Paavo Järvi. Le calme développement de l'Allegramente expose une main gauche maîtresse, parfois légèrement en avance sur la droite, tandis que la pianiste utilise également du délié pour identifier précisément chaque note, là encore à l'avantage de la partie grave. Distante dans l'Adagio assai, Ott ne parvient pas à exploiter totalement la puissance du génial mouvement, juste livré avec réserve ni à le mettre en regard avec l'approche de sa Gnossienne de Satie en bis, la n°1 le mercredi soir.


L' connaît cette partition ravélienne par cœur pour l'avoir jouée sous les plus grands, et l'on se délecte alors de l'accompagnement des solos de bois, à commencer par celui du cor anglais, ainsi que de cuivres qui tentent d'apporter au Presto final un peu plus de couleurs et de teintes jazzys que le chef finlandais n'a à en proposer. En seconde partie, deux semaines après L'Oiseau de feu, Mäkelä revient à Stravinski avec son chef-d'œuvre absolu, au risque de peut-être commencer à fatiguer ses forces, tant les musiciens ne retrouvent pas cette fois la netteté entendue précédemment. D'une maîtrise simplement bien équilibrée et avec une tendance à vouloir démontrer une capacité à émettre du beau son, le chef ne propose finalement rien de particulier de la partition, loin des angles originaux d'Heras-Casado trois ans plus tôt, ou de la vigueur d'un Salonen adorée par beaucoup.

Un peu à l'image de son Poème de l'Extase de rentrée, Mäkelä ne va pas plus loin qu'un agencement des grandes masses symphoniques et des musiciens. Avec cette fois une cohésion perfectible, à l'instar de la première attaque des flûtes, ou surtout du tam-tam : ce dernier est si aléatoire en fin de Premier Tableau qu'on pourrait presque croire que le chef a fait le choix très risqué de la récente édition critique de la version 1913, dont les contretemps acrobatiques seront lissés dans l'édition Boosey & Hawkes de 1947/67. Pourtant, c'est bien cette édition classique qui est confirmée ici à l'écoute, jusqu'à une Danse sacrale elle aussi perturbante par le tam-tam et le manque de précision du tutti. Déjà intouchable, Mäkelä impressionne par son assurance à un si jeune âge, mais laisse encore douter quant à sa capacité à apporter des angles véritablement originaux ou déjà matures aux chefs-d'œuvres du répertoire programmés à chacun de ses concerts.

Crédits photographiques : © ResMusica & © Mathias Benguigui

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