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Le Ballet de Lorraine ou la force du groupe

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Nancy. Opéra National de Lorraine. 7-IV-2023. Michèle Murray : Dancefloor. Chorégraphie : Michèle Murray. Scénographie : Koo Jeong A. Création son : Gerome Nox. Costumes : Laurence Alquier. Adam Linder : Acid Gems. Chorégraphie : Adam Linder. Création musicale : Billy Bultheel. Lumières: Shahryar Nashat. Costumes : Antonin Tron. CCN- Ballet de Lorraine (direction : Petter Jacobson)

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Dans le superbe écrin rococo de l'Opéra de Nancy, le CCN – Ballet de Lorraine a présenté un spectacle réunissant les chorégraphes et pour deux pièces mettant en avant les pouvoirs et les possibilités du groupe.

Accompagnée de l'artiste plasticienne à la scénographie, la chorégraphe crée Dancefloor pour 24 danseurs. La chorégraphe part des corps, des individus pour réaliser une œuvre d'ensemble. Elle interroge ainsi la place de chacun, de chaque artiste, au sein du groupe.

La pièce commence par un effet visuel très fort qui laisse espérer un déploiement d'énergie et de créativité avec un danseur seul en scène, dont seul le blouson fluo est éclairé. Il entreprend alors un long manège de déboulés à une vitesse fulgurante, dans une scène qui fait se réunir les codes classiques et les références visuelles aux pistes de danse des discothèques des années 1990. Mais s'enchaîne finalement une pièce assez longue, sans narration, contrastant avec l'énergie prometteuse du début.

Le titre évoque les boîtes de nuit mais il faut le prendre au sens littéral du terme comme un « espace de danse ». Le groupe de danseurs se scinde en des entités diverses, du solo au groupe complet, les interprètes étant présents en permanence sur la scène. Toutes les esthétiques ont leur place. Elle se rencontrent, s'interpénètrent et fusionnent. Ainsi, l'on peut avoir un travail du corps et des jambes contemporain avec des bras dans les positions académiques classiques ou bien l'inverse. Le milieu de la pièce offre même un véritable adage de cours de danse classique. Le pas de deux et ses portés stéréotypés sont aussi interrogés et modernisés avec des couples classiques où l'homme porte la femme, mais aussi avec deux hommes ou deux femme ensemble ou bien encore avec une femme portant un homme. Cette adaptation des codes classiques au monde d'aujourd'hui se fait de façon subtile sans entrer dans le propos démonstratif, ce qui est à saluer. Malgré toutes les qualités énoncés et le superbe engagement de l'ensemble des danseurs, l'ensemble cependant est assez terne, peu servi aussi par la musique stridente de Gerôme Nox. La pièce aurait ainsi gagné à être resserrée pour faire ressortir davantage son énergie, sa créativité et son efficacité.

Changement d'ambiance avec Acid Gems d' même si les deux pièces se répondent par le travail sur les ensembles, le corps, la notion de « faire corps » et la revendication d'un héritage chorégraphique par l'hybridation des styles. Pour cette pièce, fait explicitement référence aux Joyaux de qui rend hommage aux écoles russe, française et américaine de danse. Ici, Adam Linder mène une recherche sur l'évolution des danses, notamment par l'apport d'autres disciplines comme les techniques somatiques ou le théâtre.

Contrairement à Dancefloor où l'on pouvait réellement parler de corps de ballet avec des danseurs à l'unisson, le groupe est ici plutôt une sorte d'amas dont s'extraient de temps à autre des individus. Les corps chutent et ondulent là où ils s'élevaient et tournaient chez . Tels des surveillants de baignade ou des arbitres de tennis, deux danseurs sur des perchoirs scrutent le groupe, avant d'être un moment aveuglés puis recouvrer la vue. La pièce est dynamique, contrastée, bien rythmée et sans temps mort. L'esthétique pop des costumes fluo et les habiles jeux de lumière servent avec brio cette pièce où la joie de danser des interprètes rejaillit à travers la salle. C'est sur ce déploiement d'énergie que s'achève cette soirée qui, une fois encore, a montré les qualités indéniables du CCN – Ballet de Lorraine, tant au niveau des interprètes que de la cohérence du programme présenté.

Crédits photographiques : © Laurent Philippe

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Nancy. Opéra National de Lorraine. 7-IV-2023. Michèle Murray : Dancefloor. Chorégraphie : Michèle Murray. Scénographie : Koo Jeong A. Création son : Gerome Nox. Costumes : Laurence Alquier. Adam Linder : Acid Gems. Chorégraphie : Adam Linder. Création musicale : Billy Bultheel. Lumières: Shahryar Nashat. Costumes : Antonin Tron. CCN- Ballet de Lorraine (direction : Petter Jacobson)

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