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Anthoni van Noordt, glorieux disciple de Sweelinck, magnifié par Léon Berben à l’orgue de Leiden

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Anthoni van Noordt (c. 1619-1675) : œuvres pour orgue. Léon Berben à l’orgue historique van Hagerbeer (1643) de la Pieterskerk de Leiden (NL). 2 CD Ramée. Enregistrés du 22 au 25 janvier 2022. Notice de présentation en français, anglais et allemand. Durée totale : 155:45

 

Les Clefs d'or

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Valeureux musicien flamand de l'école pour clavier du XVIIᵉ siècle, , sur les pas de son maitre Jan Pierterzoon Sweelinck, laisse à la postérité un livre d'orgue très instructif sur l'art de varier le Psaume. illumine cette musique sur le très bel orgue historique de Leiden.

Beaucoup moins connu que Sweelinck, Anthony van Noordt n'en est pas moins un compositeur d'exception en ce XVIIᵉ siècle flamand, fertile et inspiré pour la musique de clavier. Dans cette Europe musicale bien affirmée, les influences d'un pays à l'autre sont importantes. On sait les échanges entre l'Espagne et les Flandres ainsi que les penchants stylistiques avec l'Italie. Né à Amsterdam en 1619, van Noordt devint organiste de la nouvelle Chapelle puis de la nouvelle église en 1664.

En 1659, il publie chez l'éditeur W. van Beaumont un recueil de seize pièces d'orgue intitulé : Tabulatuur-boeck van psalmen en fantasyen représentant un sommet dans l'art de la musique polyphonique pour clavier du XVIIᵉ siècle. Il est constitué de variations sur des thèmes de Psaumes et de six Fantaisies de nature plus libre. Certains de ces psaumes choisis par le compositeur étaient parmi les plus chantés aux offices, souvent sur des textes de Clément Marot et de Théodore de Bèze : Psaume 116 « J'aime mon Dieu » ou Psaume 24 « La terre au Seigneur appartient ». L'œuvre de van Noordt fut révélée en France grâce à un enregistrement remarquable réalisé en 1977 par Odile Bailleux sur l'orgue Alain Sals de Saint Genest Lerpt pour le label Stil.

propose l'intégrale des seize pièces agrémentées judicieusement et en alternance par des œuvres anonymes tirées de deux manuscrits contemporains et reprenant des thèmes identiques de Psaumes. L'ensemble sur deux CD est d'une grande cohérence ! une nouvelle fois livre un remarquable travail de recherche tant sur l'exécution de ces musiques que sur les registrations, en harmonie aux accents des différents climats des pièces. Le choix de l'orgue historique van Hagerbeer de Leiden (Pays-bas) est hautement judicieux. En effet, cet instrument remonte essentiellement aux années 1640, moment où il fut en grande partie reconstruit et présentant une impressionnante façade de 24 pieds. Édifié à l'origine dès 1446, cet orgue renferme en lui toute la tradition flamande de la facture et son évolution au cours du temps. Au début du XVIIᵉ siècle et afin de soutenir le chant d'une nombreuse assemblée de fidèles, on le dote d'un puissant plein-jeu de 34 rangs, rappelant de ce fait le Blockwerk moyenâgeux. C'est l'un des instruments les plus importants d'Europe sur le plan historique, ce qui permet à Léon Berben de mettre en pratique ses recherches de timbres et de mélanges tel que les anciens les pratiquaient. Cette savante polyphonie est ornementée généreusement par l'interprète, ce qui donne au discours une vie particulière et une belle différenciation des voix.

Le programme s'achève avec ce qui est considéré comme le chef d'œuvre de van Noordt, le Psaume 24. Léon Berben le fait précéder d'un verset anonyme sur le même thème avant que ne sonnent trois versets, apogée de la musique d'orgue des Flandres. Le premier verset énonce le thème en majesté au soprano, le deuxième est un récit très orné et rempli de mélismes rapides et joyeux, représentatifs d'un certain discours bavard et exubérant. Le troisième verset enfin est une polyphonie fuguée avec le cantus firmus en valeurs longues à la basse.

La prise de son de cet album est idéale car très précise. En effet, le discours savant de cette musique réclame une acuité importante afin d'en saisir les subtilités, tout en conservant une aération suffisante offerte par la belle acoustique de la grande église principale de Leiden. Une nouvelle fois Léon Berben apporte une référence en la matière au sein d'une discographie à juste titre déjà largement récompensée. La musique d' à la suite de celle de Sweelinck scelle l'excellence de la musique flamande riche de multiples inspirations. Le Psaume 24 referme en son deuxième verset quelques accents venus de cette Espagne lointaine, où se distinguait à la même époque Francisco Correa de Arauxo.

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Anthoni van Noordt (c. 1619-1675) : œuvres pour orgue. Léon Berben à l’orgue historique van Hagerbeer (1643) de la Pieterskerk de Leiden (NL). 2 CD Ramée. Enregistrés du 22 au 25 janvier 2022. Notice de présentation en français, anglais et allemand. Durée totale : 155:45

 
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