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À Radio France, le Philharmonique et Hannigan pour Claude Vivier

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Paris. Auditorium de la Maison de la Radio et de la Musique. 20-X-2023. Golfam Khayam (née en1983) : « Je ne suis pas une fable à conter ». Joseph Haydn (1732-1809) : Die Schöpfung, Vorspiel « Die Vorstellung des Chaos). Symphonie n°44 en mi mineur Hob. I:44 « Trauer ». Ferruccio Busoni (1866-1924) : Berceuse Élégiaque, op.42 (orch. John Adams). Claude Vivier (1948-1983) : Wo bist du Licht !. Ema Nikolovska, soprano. Orchestre Philharmonique de Radio France, chant et direction : Barbara Hannigan

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Partagé le même soir dans deux salles, l' est à l'Auditorium de la Maison de la Radio pour un concert dirigé par où l'œuvre de Vivier présente le principal intérêt.

Sans doute est-elle une artiste trop complète pour s'épanouir seulement en tant que soprano, mais la première cheffe invitée du Philharmonique de Radio France peine à convaincre pour son premier concert de la saison avec l'ensemble, tout particulièrement dans Haydn.

Entrée dans une salle remplie à un petit tiers, ce qui s'explique sans doute par le fait qu'un autre concert du même orchestre a lieu en même temps à la Philharmonie de Paris, Hannigan débute comme cheffe et chanteuse dans une courte création française de . Présente pour lire un texte explicatif qui raconte son œuvre, la compositrice iranienne de quarante ans utilise Je ne suis pas une fable à conter pour défendre la bataille des femmes dans son pays, avant que la dédicataire et créatrice de la pièce ne se mette à diriger le Philharmonique en petite formation, puis à se retourner pour chanter en français et en farsi sur une musique en forme de douce déploration, dont le matériau pourrait avoir presque cent ans.

Les applaudissements passés, une trentaine de musiciens sous la houlette de la première violon Ji-Yoon Park s'attèlent à un compositeur déjà souvent programmé par Hannigan, mais d'où ne ressort qu'un son terriblement inadapté. Ainsi avec le prélude de l'oratorio La Création, la cheffe présente un « Chaos » d'un style beaucoup trop romantique duquel ressort de nombreux flous et un vrai manque de cohésion, notamment dans les bois. Directement enchaîné avec la Berceuse Élégiaque de Busoni, le morceau de Haydn ainsi interprété se retrouve lissé d'une manière qui s'accorde presque à celle de l'orchestration de John Adams pour la romance du compositeur romantique italien. Vaguement inspirée dans la clarté des premières mesures, celle-ci se montre ensuite d'une fadeur à faire regretter chaque seconde l'orchestration de 1909 de Busoni lui-même, pour plus grand orchestre.

La Symphonie n°44 de Haydn n'intéresse pas plus, sur-romantisée et d'un phrasé toujours surexposé où les idées d'un instant sont toujours trop mises en valeur par rapport à la simplicité de la forme, en plus par une battue qui n'est souvent pas tout à fait suivie par les musiciens, plus concentrés à regarder leur première violon. Jamais accordée à la sonorité du titre apocryphe « Funèbre », la partition classique laisse heureusement la place à une dernière pièce mieux rendue, grâce à une coloration cette fois plus adaptée. De l'étoile filante , mort assassiné à Paris à trente-quatre ans, Wo bist du licht ! permet de remettre un peu en avant un compositeur déjà joué par à Radio France l'an passé, grâce à son chef-d'œuvre Lonely Child.

Avec la même passion, la cheffe reprend cette saison un ouvrage plus complexe, toujours aussi coloré dans sa matière, avec toujours cette recherche de la part du compositeur canadien d'imager les cloches, quand il ne les utilise pas aussi réellement. La partition symphonique se mêle rapidement à la voix de la mezzo-soprano . Encore trop peu fluide dans les premières phrases, elle devient rapidement plus inspirée et vraiment engagée lorsqu'il faut imiter les chants indiens en tapant sur sa bouche, ou inventer un langage comme le faisait réellement le compositeur, traumatisé dans son enfance d'orphelin victime d'inceste. Chanté par la soliste, Der blinde Sänger d'Hölderlin est mis en regard avec des bandes du dernier discours de Martin Luther King, de l'assassinat de Robert Kennedy puis d'un récit en français sur les tortures. Bien mêlés quoique parfois pas tout à fait assez présents, les enregistrements ajoutent au monde ample et si plein de Vivier, qui ravive par son génie un concert pour le reste sans véritable intérêt.

Crédits photographiques : © ResMusica

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