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Giselle au pays des sapins écolos à Bordeaux

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Grand-Théâtre de Bordeaux, 8-XII-23. Ballet de l’Opéra national de Bordeaux : Giselle. Nouvelle production. Chorégraphie : d’après Jean Coralli et Jules Perrot. Musique : Adolphe Adam. Conception, scénographie, décors, costumes, accessoires : Matali Crasset. Création lumières : Yannick Fouassier. Orchestre national Bordeaux Aquitaine. Direction musicale : Sora Elizabeth Lee. Danseurs du Ballet de l’Opéra national de Bordeaux, direction de la danse : Eric Quilleré. Distribution du 8 décembre : Marina Da Silva, Giselle ; Riku Ota, Albrecht ; Ahyun Shin, Myrtha ; Pascaline Di Fazio, la mère ; Neven Ritmanic, Hilarion ; Marina Guizien et Ryota Hasewaga, pas de deux des vendangeurs.

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La designeuse dépoussière le ballet Giselle de Coralli et Perrot dans une nouvelle production « écologique » du Ballet de Bordeaux. Un pari osé, coloré et réussi !

Une forêt de sapins en bois brut, comme ces sapins écolos réutilisables chaque année qui remplacent le traditionnel sapin du Morvan, pourquoi pas ? La designeuse connue pour ses formes utiles et ses couleurs pop a relevé le défi que lui a proposé la direction de l'Opéra de Bordeaux. Elle a tout repensé, de la chaumière du premier acte devenu hutte ; à la pierre tombale surmontée d'une claire-voie, façon Emmanuelle, de Giselle dans le deuxième acte. Certains accessoires ont tout bonnement disparu, comme la cabane du garde-chasse et l'épée du Prince, sans trop nuire à la dramaturgie. Les vendangeurs ont de charmantes hottes en bois et à la collation, la mère de Giselle sert des fruits dans des assiettes.

Les costumes de Giselle, eux aussi, ont connu un sérieux lifting et semblent revigorés par les bains de teinture dans lesquelles ils ont été trempés. Vendangeurs et villageois sont vêtus de casaques et collants « tie and dye » d'un très beau vert, tandis que les amies de Giselle arborent des robes orange qui auraient gagné à être un peu plus échancrées pour moins écraser la poitrine. L'ensemble de ces costumes du « monde d'en bas » a été cousu dans un textile de coton gaufré spécialement fabriqué par une manufacture lyonnaise, un peu rustique et sans doute très chaud à porter.

Les costumes de la noblesse, le « monde d'en haut », sont de couleurs plus vives (rose fuchsia pour les femmes et bleu turquoise pour les hommes), et d'un très bel effet, malgré l'étroitesse des jupes qui restreint les mouvements. Les couronnes hérissées de piques reprennent les codes baleinés du tutu, déclinés dans tous les costumes et accessoires du spectacle. Le contraste entre les deux mondes n'en est que plus éclatant.

La chorégraphie est, à dessein, la plus proche possible de l'original, et les danseurs du Ballet de Bordeaux, dirigé par , maître d'œuvre de cette production (lire notre entretien), s'en saisissent avec gourmandise. Dans le premier acte, en prince Albrecht nous emporte face à une en Giselle qui se révèle au fur et à mesure que l'intrigue se déroule, l'apogée étant la scène de la folie. Pour les deux danseurs, il s'agit d'une prise de rôle réussie. La performance de a d'ailleurs été récompensée par sa nomination comme Soliste au soir de la Première.


Si le premier acte est parfois un peu criard avec les lumières trop vives d'un grand soleil en LED, braqués sur le lino brillant blanc qui éblouit et masque la danse, le deuxième acte nous transporte dans la douceur d'un lever du jour californien, sur le fond délicatement rose d'un cyclo. Ce décor ne sert certes pas le mystère sombre et humide de la Forêt-Noire du conte originel, mais illumine avec justesse un deuxième acte impeccable à plusieurs titres.

Le corps de ballet, mené par une Myrtha magnanime dansée par Ayhun Shin, est d'un bon niveau et déploie son savoir-faire dans tous les ensembles, au cordeau. Les Willys en tutu d'organza cousu de rubans de satin blanc, conjuguent brillant et légèreté. Aspirant à les rejoindre, Giselle est encore en partie dans le monde des vivants, trouvant la force de sauver son prince , qui nous éblouit avec une batterie et des sauts aériens. Plus tragique, est une Giselle habitée et contrite, qui enchaîne vaillamment toutes les difficultés de la chorégraphie. Sa technique est solide et son interprétation resserrée et intense.

Cette nouvelle production, qui ne retranche rien à la chorégraphie originale, jette un jour nouveau sur ce ballet romantique d'il y a 178 ans, bâti sur une légende allemande retravaillée par Théophile Gautier. En avril 1991, pour les 150 ans du ballet, , alors directeur de la danse à l'Opéra de Paris avait confié à l'artiste breton une nouvelle production sobre et épurée de Giselle, avec alignement de menhirs et paysannes bigoudènes, il serait temps de la ressortir, n'est-ce pas ?

Crédits photographiques : © Julien Benhamou / Opéra national de Bordeaux

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Grand-Théâtre de Bordeaux, 8-XII-23. Ballet de l’Opéra national de Bordeaux : Giselle. Nouvelle production. Chorégraphie : d’après Jean Coralli et Jules Perrot. Musique : Adolphe Adam. Conception, scénographie, décors, costumes, accessoires : Matali Crasset. Création lumières : Yannick Fouassier. Orchestre national Bordeaux Aquitaine. Direction musicale : Sora Elizabeth Lee. Danseurs du Ballet de l’Opéra national de Bordeaux, direction de la danse : Eric Quilleré. Distribution du 8 décembre : Marina Da Silva, Giselle ; Riku Ota, Albrecht ; Ahyun Shin, Myrtha ; Pascaline Di Fazio, la mère ; Neven Ritmanic, Hilarion ; Marina Guizien et Ryota Hasewaga, pas de deux des vendangeurs.

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