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John Butt et son Dunedin Consort proposent une nouvelle édition de la Grande Messe en ut K 427 de Mozart

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Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Grande Messe en ut mineur KV 427. Carl Philipp Emmanuel Bach (1714- 1788) : Heilig ist Gott H. 778. Lucy Crowe, soprano ; Anna Dennis, soprano ; Jess Dandy, alto ; Nicholas Mulroy, ténor ; Robert Davies, basse ; Dunedin Consort, direction : John Butt. 1 CD Linn. Enregistré au Perth Concert Hall du 20 au 23 septembre 2022. Notice en anglais. Durée : 60:11

 
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et son mettent en regard la Grande messe en ut de Mozart dans la nouvelle édition de Clemens Kemme et le motet Heilig ist Gott de Bach. 

La Grande messe en ut KV 427 est sans aucun doute l'une des plus vastes et des plus ambitieuses partitions sacrées de Mozart, avec le Requiem. Ces deux œuvres sont pourtant inachevées. Pour le Requiem, on en connaît les raisons, qui sont la maladie et la mort du compositeur. Celles de l'inachèvement de la messe sont plus mystérieuses. Il faut noter qu'il s'agit de la seule œuvre sacrée de Mozart qui ne procède pas d'une commande ou d'un service de Kapelmeister selon son état à Salzbourg, mais d'une œuvre votive dans l'enthousiasme de son récent mariage avec Constance. Outre le Kyrie et le Gloria complets, la messe comporte des parties du Credo, avec la sublime page de l'Et Incarnatus est, des fragments du Sanctus et du Benedictus.

À l'édition bien connue de HC Robbins Landon, et sa formation écossaise a préféré la version plus récente de Clemens Kemme (Breitkopf & Härtel 2018), qui complète certaines parties instrumentales, reconstruit le Sanctus à partir de sources diverses et ajoute trompettes et timbales aux deux cors (Credo, Sanctus) selon les usages solennels de l'époque, où l'esthétique et la pompe baroques étaient encore bien présentes en Autriche. On peut imaginer que n'ayant pas terminé l'ouvrage, Mozart n'en avait pas achevé non plus l'orchestration et qu'il avait conçu une grande forme en signe de libération des contraintes de brièveté liturgiques imposées par son employeur précédent, le si détesté prince-archevêque Hieronymus Colloredo. On peut également penser que Mozart exprimait ici une nostalgie certaine à l'égard de l'ancien archevêque Sigmund von Schrattenbach, plus favorable à une musique liturgique fastueuse, qui fut si bon avec sa famille, bien que Wolfgang, déjà en poste, n'eut que quinze ans à sa disparition. Mais comme il n'a jamais repris la partition, on peut aussi imaginer, qu'arrivant à Vienne pour faire une carrière « libérale », Mozart n'ait pas osé contrevenir aux instructions de l'empereur Joseph, qui visaient à épurer et simplifier la musique sacrée pour une meilleure compréhension des fidèles.

Dans l'écriture à double chœur et double orchestre, la paternité avec Carl Phillip Emmanuel Bach est également probante, d'où la proximité avec la seconde œuvre de ce disque, le motet Heilig ist Gott Wq 217 du Bach de Hambourg. Composé en 1776 et publié en 1779, ce motet connut un grand succès et fut alors considéré comme un idéal de musique d'église. CPE Bach écrivait à son sujet : « Ce Heilig tente de susciter par des progressions harmoniques parfaitement naturelles et habituelles, une attention et une émotion bien plus grande que ce dont sont capables tous les chromatismes inquiets et tourmentés. Il s'agira là de mon chant du cygne, qui doit contribuer à ce que l'on ne m'oublie pas trop rapidement après ma mort ». Le texte provient du 6e chapitre du Livre d'Isaïe dans l'Ancien Testament où le prophète décrit une vision dans laquelle il voit Dieu assis « sur un trône très élevé ». Le chant des anges du premier chœur alterne avec celui des peuples du deuxième chœur, qui se rejoignent en une fugue monumentale dans laquelle CPE Bach intègre le Te Deum allemand Herr Gott, dich loben wir.

Avec son , s'est emparé de la nouvelle édition Kemme de la messe, qu'il donna aux Proms de Londres avant de l'enregistrer. Il faut certes bien connaître l'ouvrage pour déceler les changements, mais cela augmente l'ampleur du son et ajoute à la jubilation du Credo et du Sanctus avec un chœur de dix-huit chanteurs seulement. Cela permet de clarifier les lignes et élargit le spectre dans un esprit baroque, notamment dans le double chœur Qui tollis et la fugue Cum Sancto Spiritu, qui conclut le Gloria. L'ouvrage fait la part belle au chœur, ainsi qu'aux deux sopranos. Lucy Crown et s'accordent parfaitement en un duo lumineux, tandis que les messieurs sont à la portion congrue. Le ténor et la basse s'en sortent toutefois brillamment. Le , chœur et orchestre, déploient une excellence qui leur est coutumière sous la direction enthousiaste d'un John Butt particulièrement inspiré. On regrette toutefois que la notice signée par John Butt et Clemens Kemme ne comporte pas de traduction en français. Parmi une discographie nombreuse, cette nouvelle version écossaise apporte une approche jubilatoire selon une tonalité colorée.

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Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Grande Messe en ut mineur KV 427. Carl Philipp Emmanuel Bach (1714- 1788) : Heilig ist Gott H. 778. Lucy Crowe, soprano ; Anna Dennis, soprano ; Jess Dandy, alto ; Nicholas Mulroy, ténor ; Robert Davies, basse ; Dunedin Consort, direction : John Butt. 1 CD Linn. Enregistré au Perth Concert Hall du 20 au 23 septembre 2022. Notice en anglais. Durée : 60:11

 
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