Création du Te Deum de Notre-Dame de Thierry Escaich
Pour célébrer la réouverture de la cathédrale meurtrie, Musique Sacrée à Notre-Dame a passé commande à Thierry Escaich d'une pièce religieuse, devenu Te Deum pour Notre-Dame.
Lié au traumatisme de l'incendie, le Te Deum pour Notre-Dame traite en quatre parties la destruction puis le renouveau de la cathédrale la plus célèbre du monde. La pièce, d'un peu plus d'une heure, débute par une Nuit de Feu, qui se convertit en Anges de lumières avant de retrouver la paix dans Le Vaisseau marial, et de renaître grâce à La Flamme percera.
De quinze à vingt minutes chacune, les parties alternent entre les textes latins du Te Deum grégorien et des textes en français, chantés par les chœurs d'enfants de la Maîtrise Notre-Dame de Paris préparés par Henri Chalet et Emilie Fleury, et par le chœur d'adultes du Narodowe Forum Muzyki Choir de Wroclaw préparé pour l'occasion par Lionel Sow. Les textes en français ont été écrit pour l'œuvre et proviennent de la poétesse Nathalie Nabert, connue notamment pour son ouvrage Le Dernier Évangile. Assez classiques mais identifiable à la plume chorale d'Escaich, les chants trouvent l'inspiration dans les grandes figures musicales de la première moitié du siècle passé, où l'on pense par exemple à Honegger, ou dans les passages avec voix solistes (adultes d'abord, puis celle très pure d'une jeune fille) à Poulenc. Mais pour modifier la spatialité des voix et les atmosphères, les choristes se déplacent entre les parties et s'étendent soit le plus possible sur la largeur, soit se reconcentrent au centre derrière l'orchestre.
Sans surprise, celui qui avait été le compositeur d'honneur du Festival Présences 2018 utilise pour l'orchestration une écriture colorée et toujours lyrique, qui s'adapte aux attentes du public et de cette cérémonie de réouverture. Le chef Alain Altinoglu est à la direction et entre en scène juste après le discours du recteur-archiprêtre des lieux, Monseigneur Olivier Ribadeau Dumas. Relativement longue, la partition tourne parfois sur les mêmes idées, desservie aussi par une acoustique qui ne permet pas d'y entrer en détail, notamment quand une petite fanfare (deux trombones, deux cors) quitte la scène pour tenter de donner un son plus lointain à leurs parties. Malgré cela, on peut juger de la bonne qualité de préparation du HR Sinfonieorchester (l'orchestre de la radio de Francfort) sous les gestes évidents du chef français, d'ailleurs aussi clair pour diriger le chœur Ils seront tous à réentendre dans l'enregistrement à paraître prochainement.
Réhaussé par les thèmes du Te Deum grégorien, dont celui conclusif sur les mots « Te Deum Laudamus », l'ouvrage l'est également par les interludes entre chaque partie, joués de l'orgue de Notre-Dame, épargné mais qui a été déposé, nettoyé, remonté et harmonisé. Interprété par l'un de ses titulaires actuels, en l'occurrence Thierry Escaich lui-même, l'orgue apporte à l'œuvre de beaux moments de déréliction, notamment à la dernière improvisation, jouée majoritairement sur le clavier le plus haut pour nous emmener vers la contemplation.









