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À Gstaad, Sol Gabetta et Paavo Järvi brillent dans les bis

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Gstaad. Grande Tente. 29-VIII-2025. Dimitri Chostakovitch (1906-1975) : Concerto pour violoncelle et orchestre n° 2 en sol mineur op. 126. Sergueï Rachmaninov (1873-1943) : Symphonie no. 2 en mi mineur op. 27. Sol Gabetta (violoncelle). Orchestre de la Tonhalle de Zürich, direction : Paavo Järvi

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La soirée russe promise avec et au Gstaad Menuhin Festival n'a guère brillé de l'émotion que ces compositeurs génèrent habituellement. 

En septembre 2004, le Festival de Lucerne offrait à un public émerveillé, le culot du violoncelle de , une jeune femme d'à peine 23 ans, au milieu des Wiener Philarmoniker et devant un survolté Valery Gergiev dans le Concerto pour violoncelle et orchestre n° 2 en sol mineur op. 126 de . Vingt-et-un ans plus tard, nos lignes retrouvent cette même soliste, dans ce même concerto. Le souvenir est-il encore suffisamment vivace pour qu'une comparaison entre ces deux interprétations reste possible ? L'expérience des uns et des autres, interprètes et critiques, amenuise l'objectivité du jugement. Reste que si Valery Gergiev et les Wiener Philharmoniker ne laissaient alors qu'un minimum de place au soliste, ce n'est pas le cas avec la Tonhalle de Zurich sous la direction de . Bien au contraire. Ici, la discrétion semble la règle. Cette apparente timidité laisse tout loisir à d'offrir une interprétation sans reproche mais aussi sans le combat qu'on espère entre le soliste et le chef d'orchestre, l'un comme l'autre cherchant à imprimer un esprit, un récit dans l'œuvre.

En bis, sollicite quelques violoncellistes de l'orchestre pour l'accompagner dans un magnifique El cant dels ocells, un chant de Noël catalan dans un arrangement de Pablo Casals. Admirable moment suspendu qui voit une Sol Gabetta au mieux de son talent avec un violoncelle aux sonorités de velours sous la souplesse d'un archet capable d'admirablement amplifier le vibrato imprimé par le poignet sur le manche.

En deuxième partie de soirée, la monumentale Symphonie n° 2 en mi mineur op. 27 de Rachmaninov, populairement connue pour sa longueur (plus de soixante minutes) et pour son long solo de clarinette dans l'Adagio. De ce côté, les choses sont respectées. Encore que nous n'avons pas chronométré la prestation de quand bien même nous avons, à plusieurs reprises, perdu le sens du temps tant il nous a semblé que cette interprétation s'éternisait. Et pourtant, nous avons entendu des cordes offrant de beaux moments même si à trop insister sur les pianissimo du Largo initial on perçoit quelques légères imprécisions. Heureusement, l'Allegro moderato offre un début flamboyant et bien enlevé mais qui peu à peu s'étiole pour reprendre vie vers la conclusion du mouvement. Son arrêt brusque, comme souvent, surprend les spectateurs, dont les moins avertis, croyant à la conclusion de l'œuvre, applaudissent ce trait d'énergie. Les malheureux ne réalisent pas qu'ils n'ont entendu qu'un petit quart de la symphonie. L'Adagio et son solo de clarinette très joliment exécuté semble inspirer qui accompagne son soliste de circonstance avec un beau tapis musical. Le moelleux de ce discours musical suscite toutefois quelques irrépressibles mais discrets bâillements observés parmi l'assistance. Enfin, l'Allegro vivace final libère l' qui ne dédaigne pas de s'exprimer sur le mode fortissimo, Paavo Järvi n'ayant probablement pas suffisamment ressenti l'effet caisse de résonance que la scène de la grande Tente du festival distille amplement en dépit des efforts des acousticiens à améliorer année après année l'acoustique de cette salle.

Alors qu'on se remet à peine de cette (trop) longue symphonie, Paavo Järvi sollicite son orchestre pour un bis. Avec l'Andante festivo de , on réalise soudain combien l'émotion a manqué dans l'interprétation de la Symphonie n° 2 de Rachmaninov. Dans ces cinq minutes de cordes, on se prend à rêver. Le chef estonien tire de son orchestre une construction mélodique d'une grande quiétude et d'une belle noblesse.

Ainsi, le plaisir de ce concert se sera résumé dans les quelques minutes des bis, aussi bien de Sol Gabetta que de Paavo Järvi, seuls instants de réelles émotions.

Crédits photographiques : Gstaad Menuhin Festival © Larissa Davidson

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