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78e Festival de Besançon : la grande ferveur d’un grand concours

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Besançon. Théâtre Ledoux. 27-IX-2025. Hector Berlioz (1803-1869) : Béatrice et Bénédict, ouverture ; Régis Campo (né en 1968) : Delirium Scherzo ; Serge Prokofiev (1871-1953) : Roméo et Juliette, extraits des Suites 1 et 2. Deutsche Radio Philharmonie, direction : Satoshi Yonoda, Kyrian Friedenberg, Tianyi Kie

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Classique, contemporain, jazz, musiques du monde : entre concerts payants et gratuits investissant toute la cité, il y en a aujourd'hui pour tous les goûts dans l'un des deux plus anciens festivals de France, sans oublier le bisannuel Concours des jeunes chefs d'orchestre d'une vitalité plus que jamais inentamée.

Le Festival 2025 a tenu à rendre hommage à deux extrémités du spectre de son histoire : Yvette Cussey et à Seiji Ozawa. Yvette Cussey, secrétaire générale et cheville ouvrière de la manifestation sur plusieurs décennies, disparue cette année et déjà en action lorsque le lauréat du concours de l'édition 1959 du festival, Seiji Ozawa, décédé en 2024, commença à Besançon la prestigieuse carrière que l'on sait. À 66 ans de distance, c'est encore le Japon qui, malgré la « montée en puissance » (dixit Jean-Michel Mathé, directeur du festival depuis 2012) des candidats chinois (5 sur les 20 chefs retenus parmi 304 candidats – dont 56 femmes), emporte le 59ème sésame convoité des quatre coins de la planète.

Au terme d'une semaine couronnée par une finale de haut niveau (apanage de la sélection dans son entièreté, ainsi qu'à tenu à le rappeler , président du jury 2025), c'est , âgé de 29 ans, qui devance ses concurrents, le Chinois (21 ans), et l'Américain (26 ans). Ce dernier, après avoir fait sensation à la demi-finale Opéra devant l'Orchestre Dijon-Bourgogne, avec notamment un remarquable Soave sia il vento de Così fan tutte travaillé bocca chiusa avec les chanteurs de l'École Normale de Musique de Paris – Alfred Cortot (Benoît Déchelotte, Timothée Moser, Moné Kitashiro, Honoka Watanabe), a dû céder le pas devant ses deux collègues asiatiques, dont la profonde immersion émotionnelle au cœur des œuvres a laissé l'auditoire dans l'expectative quant au résultat du palmarès. Une heure plus tard, le jury tranchait au fil d'une remise des prix repliée dans l'intimité propice du Kursaal, très Cérémonie de clôture du Festival de Cannes (excellente idée des projections de vidéos ayant fixé le parcours des trois finalistes), animée avec le sérieux distancié qu'on lui connaît bien par Clément Rochefort.

Au Prix décerné par l'orchestre (un Deutsche Radio Philharmonie de très haut vol, succédant aux Orchestre Victor Hugo pour les premier et deuxième tour et la demi-finale Concerto, et Dijon-Bourgogne pour la demi-finale Opéra), au Prix du public finalement touché au cœur par l'élégance pénétrante de sa gestuelle, le jury a ajouté l'attribution d'une mention au très jeune Tianyi Kie, lequel avait fait jeu quasi égal avec dans son évidente adéquation avec les trois œuvres choisies pour mettre un terme à la compétition.

Sur ce plan, la soirée, qui depuis quelques années déjà, montre sur un écran en surplomb les visages des trois finalistes en action captés en plan américain, a enchaîné autant que déchaîné les enthousiasmes. Entre les deux grands maîtres de l'orchestration que sont et (les chausse-trappes de l'Ouverture de Béatrice et Bénédict ; le meilleur des deux Suites de Roméo et Juliette), (nouveau compositeur en résidence) est loin de faire pâle figure. Son Delirium Scherzo, spécialement composé pour l'occasion, captive douze minutes durant avec son inspiration foisonnante d'abord posée sur la basse obstinée d'une passacaille délivrée des tréfonds de l'orchestre par des contrebasses dialoguant avec la stratosphère de tuyaux harmoniques qui inspirent immédiatement la sympathie. Confraternel salut du Vieux Monde au Nouveau, ce grand huit musical que rien ne semble pouvoir arrêter, en met plein la vue avec son instrumentarium gigantesque, ses crescendos luxuriants, ses montagnes russes, ses clins d'œil tous azimuts (d'Arthur Honegger à Danny Elfmann). Joué trois fois pour le bonheur bien visible de tous (orchestre, chef, et, ça n'a pas toujours été si coutumier, public), Delirium scherzo commence, à l'instar de , une carrière assurément prometteuse.

Crédits photographiques: © Yves Petit

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Besançon. Théâtre Ledoux. 27-IX-2025. Hector Berlioz (1803-1869) : Béatrice et Bénédict, ouverture ; Régis Campo (né en 1968) : Delirium Scherzo ; Serge Prokofiev (1871-1953) : Roméo et Juliette, extraits des Suites 1 et 2. Deutsche Radio Philharmonie, direction : Satoshi Yonoda, Kyrian Friedenberg, Tianyi Kie

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1 commentaire sur “78e Festival de Besançon : la grande ferveur d’un grand concours”

  • Dupont dit :

    Superbe article qui résume parfaitement les 5 jours d’un incroyable concours international vibrant d’émotions, de découvertes et de suspens.

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