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Un enregistrement pour le 90e anniversaire d’Arvo Pärt avec un Paavo Järvi inspiré

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Arvo Pärt (né en 1935) : La Sindone ; Fratres ; Swansong (version percussions et orchestre à cordes) ; Für Lennart in memoriam ; Da pacem Domine (version orchestre à cordes) ; Silhouette ; Cantus in memoriam Benjamin Britten ; Mein Weg ; Credo ; Estonian Lullaby pour chœur et orchestre à cordes. Orchestre du Festival d’Estonie, dir. Paavo Järvi. Kalle Randalu, piano ; Chœur d’hommes national d’Estonie ; Estonian National Male Choir ; Chœur de jeunes filles Ellerhein ; Ellerhein Alumni Choir. 1 CD Alpha Classics. Enregistré en juillet 2025, salle de concert de Pärnu (Estonie). Notice de présentation en anglais, français, allemand. Durée : 74:13

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Les forces estoniennes de , brillant chef et depuis longtemps proche du compositeur nonagénaire, donnent une admirable interprétation d'une dizaine de pièces appartenant à divers styles du grand maître.

se présente ici en parfaite adéquation avec l'esprit de son compatriote Pärt qui fréquenta longtemps sa famille. Le chef livre des exécutions se positionnant aisément au niveau des précieuses gravures plus anciennes de son père qui fut l'un des plus notables défenseurs du compositeur. Les forces de l'  répondent idéalement à ses attentes et rendent encore plus prégnantes les impressions communiquées à l'auditeur par un des créateurs les plus notables de notre époque, devenu un « classique » incontournable.

Initialement, sa renommée s'appuya sur son appartenance à l'avant-garde soviétique affichant son opposition aux recommandations politiques officielles qui condamnaient les dissonances et plébiscitait une modernité extrême. Après un long retrait, il réapparut, transformé, défenseur d'un style qualifié de tintinnabuli basé sur les tintements de cloches proche d'une expression minimaliste, teinté de spiritualisme et d'écoute simple.

Credo pour piano, chœur et orchestre fut créé à Tallinn en novembre 1968 sous la direction du grand chef . L'exécution créa la stupéfaction par son audace, sa puissance et son inventivité. Le présent enregistrement en retrouve tous les traits caractéristiques et sert admirablement le conseil chrétien : « Ne répondez pas au mal par davantage de mal ». On y rencontre le témoignage de beauté et de vérité du Prélude en ut de J.S. Bach associé à un message fortement tranchant et offensif de l'Ancien Testament. Le succès fut immédiat et l'œuvre, immédiatement bissée, mais dans la foulée interdite par le pouvoir soviétique. Evénements qui amenèrent la famille Järvi à quitter l'Estonie pour l'Occident.

Le célèbre Cantus à la mémoire de , composé en 1977, est construit comme un canon à cinq entrées et s'inspire de modes rythmiques médiévaux : il fut proposé à Londres en 1979 et également à Tallinn, devenant rapidement connu dans le monde entier. Pärt n'y cache pas son admiration pour le créateur britannique qu'il ne rencontra jamais.

Composée la même année, Fratres (Frères, en latin) a été jouée de multiples fois dans tous les grands centres musicaux avec des configurations instrumentales variées. Elle se présente comme un cycle de variations dont les sections sont séparées par un ostinato de percussions. Cette pièce s'est largement répandue et , à son tour, la sert admirablement, reproduisant parfaitement le climat singulier et émouvant qu'elle dispense immanquablement.

Le premier président de la République estonienne Lennart Meri (également écrivain et cinéaste) exprima le vœu qu'une musique soit exécutée par son ami à l'occasion de ses funérailles. En 2006, Pärt composa Für Lennart in memoriam pour orchestre à cordes en un seul mouvement (8'), une pièce recueillie et sobre.

dédia Silhouette (2009) à Paavo Järvi, une composition pour orchestre à cordes et percussions inspirée par la Tour Eiffel, commandée par l'Orchestre de Paris et créée à la salle Pleyel en novembre 2010 sous la baguette du chef estonien.

En 2005 Pärt élabore La sindone (« le suaire ») pour orchestre suite à une commande du Festival de musique de Turin. La première exécution se déroule à Turin par l'Orchestre symphonique national estonien dirigé par Olari Elts. La pièce fait référence au Saint-Suaire conservé dans la cathédrale Saint-Jean Baptiste de Turin depuis 1578.

Le gambiste et chef d'orchestre catalan Jordi Savall passa commande de Da pacem Domine pour chœur mixte ou chœur et orchestre à cordes à son collègue estonien à l'occasion d'un concert pour la paix. Pärt s'appuie sur une mélodie, une antienne grégorienne du IXe siècle intitulée « Donne-nous la paix, Seigneur » dans l'optique de rendre hommage aux victimes des attentats de Madrid du 11 mars 2004. La pièce est donnée chaque année en Espagne.

Swansong (Le Chant du cygne) pour orchestre symphonique fut proposé en première mondiale à Salzbourg en 2014 lors de la Semaine Mozart par l'Orchestre philharmonique de Vienne placé sous la direction du chef et l'année suivante en Estonie au Festival de musique de Pärnu sous l'autorité de Paavo Järvi. La symbolique du cygne, prégnante tant chez les Baltes que chez les Finlandais, inspire le compositeur qui pense sa musique sous forme de strates habiles figurant la liberté et la beauté.

À l'écoute de ce précieux programme Pärt, l'auditeur se trouve plongé dans un univers incantatoire, archaïsant, souvent dépouillé, bien éloigné des courants modernistes, inspiré par un retour aux origines de la tonalité. Il prend également conscience de la valeur du silence que le compositeur juge « plus parfait que la musique » et de la distance qui sépare Pärt du sérialisme d'antan au profit d'une délicate mélodie colorée par ses convictions religieuses et son admiration pour Bach et la musique médiévale.

Un travail essentiel qui devrait emporter pour longtemps l'adhésion d'un vaste public.

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Les étapes symphoniques d'Arvo Pärt

 

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