Réunis dans ce généreux coffret, des disques déjà souvent réédités, mais qui sont un parfait cadeau de fin d'année.
À l'instar de William Christie et René Jacobs, Philippe Herreweghe fut et demeure une locomotive dans les ventes de la maison de disques Harmonia Mundi. Parmi la centaine de disques gravés entre 1981 et 2008, le label arlésien maintenant propriété du groupe PIAS ressort quelques fleurons de son catalogue à l'occasion des soixante-dix ans du chef, à la tête des différentes formations qu'il a créées et fait évoluer au cours du temps pour interpréter chaque type de répertoire, du XVe au XXe siècle : La Chapelle Royale, le Collegium Vocale Gent, l'Ensemble Vocal Européen, mais aussi l'Orchestre des Champs-Élysées.
Harmonia Mundi a retenu un large éventail d'enregistrements qui ont fait la gloire de Philippe Herreweghe avec, primus inter pares, un grand nombre consacré à Johann Sebastian Bach : sa première Passion selon saint Matthieu (1984), la Messe en si, le Magnificat, l'Oratorio de Pâques et de multiples cantates sacrées avec très souvent la fabuleuse génération de solistes qui est restée fidèle au chef : les sopranos Agnès Mellon et Barbara Schlick, l'alto Gérard Lesne, le ténor Howard Crook, son contemporain, et la basse Peter Kooy.
La musique ancienne et baroque, Bach excepté, est malheureusement sous-représentée (absence regrettable de Lassus, Monteverdi, Schein et Schütz), malgré quelques grands motets français, les sombres et envoûtantes Funeral Sentences de Purcell, la Missa Viri Galilaei de Palestrina, et deux messes de compositeurs méconnus (Hassler, Cardoso). D'autres messes, dont les requiem les plus connus, de l'époque baroque au début du XXe siècle (Allemagne, Autriche, France), ont aussi été retenues, avec notamment deux versions réussies et très différentes du Requiem de Fauré (celle, « chambriste », de 1894, et celle pour grand orchestre de 1900, dans les restitutions de Jean-Michel Nectoux). Dans la plupart de ces œuvres chorales, Philippe Herreweghe, à l'origine chef de chœur, convainc par le soin porté à la mise en place, aux textes, et s'appuie sur des formations qu'il a façonnées au fil des décennies, mais aussi sur le RIAS Kammerchor. Dans la musique profane, on retrouve de belles réussites liées entre autres à la présence de solistes fameux, en particulier Sarah Connolly et Dietrich Henschel dans des lieder avec orchestre tirés du Des Knaben Wunderhorn de Mahler. Le grand répertoire symphonique est quant à lui bien représenté (trop à notre goût) et les relectures du chef flamand, « dégraissées », ne suscitent toujours pas un enthousiasme démesuré. Reste que, eu égard au prix de ce coffret de trente disques, qui plus est doté d'un livret digne de ce nom, il s'agit d'une aubaine dont il serait dommage de se priver. Un beau complément au livre-disque publié également pour l'anniversaire d'Herreweghe par son propre label, Phi.
(Visited 1 754 times, 1 visits today)
Partager
4 commentaires sur “Harmonia Mundi célèbre les 70 ans de Philippe Herreweghe”
Tutut ! Ses Mahler sont passionnants. Merveilleuse 4ème notamment (mais c’est chez Phi, pas chez HM). Et je me souviens avoir entendu un enregistrement divin de la 3ème messe de Bruckner (il faudrait que j’y rejette une oreille).
Sa 4ème de Mahler me fait presque penser à une cantate de Bach !!! D’accord pour la musique religieuse de Bruckner (encore qu’elle pourrait « sonner » encore plus « sostenuto) mais SÛREMENT pas les symphonies …
Rien de ce que fait Herreweghe ne me laisse indifférent. On pourra toujours ergoter sur sa technique de direction. Mais toutes ses options sont étayées par de solides arguments musicaux et musicologiques. Le reste est question de goût et de culture personnelle.
Reproduire cet article : Vous avez aimé cet article ? N’hésitez pas à le faire savoir sur votre site, votre blog, etc. ! Le site de ResMusica est protégé par la propriété intellectuelle, mais vous pouvez reproduire de courtes citations de cet article, à condition de faire un lien vers cette page. Pour toute demande de reproduction du texte, écrivez-nous en citant la source que vous voulez reproduire ainsi que le site sur lequel il sera éventuellement autorisé à être reproduit.
Nous utilisons des cookies pour optimiser notre site web et notre service.
Fonctionnel
Toujours activé
Le stockage ou l’accès technique est strictement nécessaire dans la finalité d’intérêt légitime de permettre l’utilisation d’un service spécifique explicitement demandé par l’abonné ou l’internaute, ou dans le seul but d’effectuer la transmission d’une communication sur un réseau de communications électroniques.
Préférences
Le stockage ou l’accès technique est nécessaire dans la finalité d’intérêt légitime de stocker des préférences qui ne sont pas demandées par l’abonné ou la personne utilisant le service.
Statistiques
Le stockage ou l’accès technique qui est utilisé exclusivement à des fins statistiques.Le stockage ou l’accès technique qui est utilisé exclusivement dans des finalités statistiques anonymes. En l’absence d’une assignation à comparaître, d’une conformité volontaire de la part de votre fournisseur d’accès à internet ou d’enregistrements supplémentaires provenant d’une tierce partie, les informations stockées ou extraites à cette seule fin ne peuvent généralement pas être utilisées pour vous identifier.
Marketing
Le stockage ou l’accès technique est nécessaire pour créer des profils d’internautes afin d’envoyer des publicités, ou pour suivre l’internaute sur un site web ou sur plusieurs sites web ayant des finalités marketing similaires.
A bannir absolument : les … « lectures » de Bruckner et de Mahler !!!
Tutut ! Ses Mahler sont passionnants. Merveilleuse 4ème notamment (mais c’est chez Phi, pas chez HM). Et je me souviens avoir entendu un enregistrement divin de la 3ème messe de Bruckner (il faudrait que j’y rejette une oreille).
Sa 4ème de Mahler me fait presque penser à une cantate de Bach !!! D’accord pour la musique religieuse de Bruckner (encore qu’elle pourrait « sonner » encore plus « sostenuto) mais SÛREMENT pas les symphonies …
Rien de ce que fait Herreweghe ne me laisse indifférent. On pourra toujours ergoter sur sa technique de direction. Mais toutes ses options sont étayées par de solides arguments musicaux et musicologiques. Le reste est question de goût et de culture personnelle.