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Rocio Molina « flamenca furiosa » dans Calentamiento

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Cannes. Palais des Festivals. 30-XI-2025. Festival de danse Cannes Côte d’Azur. Rocio Molina : Calentamiento. Création 2025. Danse : Rocío Molina. Compás Rythme : José Manuel Ramos “El Oruco ». Chanteuses : Ana Polanco, Ana Salazar, María del Tango, Gara Hernández. Direction et chorégraphie : Rocío Molina. Co-direction et textes : Pablo Messiez. Direction musicale : ‘Niño de Elche’. Création lumières : Carlos Marquerie. Espace scénique et vidéos : Cabo San Roque. Espace sonore et technicien son : Javier Álvarez. Direction technique : Carmen Mori. Technicien lumières : Rafael Gómez. Régie : María Agar Martínez

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Rocio Molina invente le « stand up » flamenco avec Calentamiento, sa dernière création, montrée au Festival de danse Cannes-Côte d’Azur. Une personnalité explosive et unique du flamenco contemporain.

Quand on entre dans la salle, la danseuse fait son training sur un tapis de gym, puis se lance dans un échauffement intensif. On l’aura compris, le spectacle a déjà démarré, avant de commencer vraiment. Calentamiento signifie échauffement en espagnol. Comme une pianiste fait ses gammes, Rocio Molina fait chaque jour son échauffement de zapateado depuis l’âge de sept ans. Pieds resserrés, corps droit et étiré, ventre rentré, ses talons frappent 140 battements par minute, à la vitesse moyenne basse d’un entraînement qui doit durer 35 minutes, pas moins.

Dans cette forme de conférence dansée, Rocio Molina convoque ses souvenirs d’enfance, également évoqués dans le film Impulso qui lui est consacré, où l’on voit que la discipline d’une danseuse de flamenco a beaucoup de points communs avec celle d’une danseuse classique. Toujours en contrôle d’elle-même, elle augmente progressivement la vitesse de ses talons, jusqu’à 180 bpm. Équipée d’un micro filaire, elle explique que l’entraînement vise à ce qu’elle se fatigue et atteigne la douleur jusqu’à ce que le duende remonte dans ses pieds. Pendant ce temps, son esprit vagabonde et elle raconte alternativement des détails techniques sur sa pratique ou des choses beaucoup plus triviales. Cette confession est comme un « stream of consciousness », une conscience en mouvement. Elle se souvient, par exemple, qu’elle a oublié son sac dans le bus ou demande qu’on lui roule deux cigarettes pour pouvoir les fumer à la fin du spectacle, où elle dégustera un verre de vin rouge et se fera couler un bain moussant.

Toujours seule sur le plateau, et souhaitant le rester, elle entame un duo avec une chaise en métal, puis se lance dans un solo sur un prélude de Bach. Jouant avec son image, elle se dit fatiguée, fatiguée, fatiguée… Elle se métamorphose en diva épuisée et tout, alors, part dans le décor ! Ses voix intérieures – quatre chanteuses flamenca et transformistes – sont enfermées dans une boîte au miroir sans tain, son compás est aussi son partenaire. L’on assiste à une mise en scène iconoclaste où musique et danse se mêlent, où chaque soupir de plaisir ou de souffrance devient matière à création.

Le spectacle est littéralement hallucinant ! Cette personnalité hors norme et hors cadre n’a absolument peur de rien. Sa créativité sur scène n’a égale que sa rage et sa détermination. Comme dans une mise en scène d’opéra, il pleut littéralement des idées… Une colonne de chaises en métal fait une chute bruyante, la danseuse semble se jouer de tous les obstacles pour poursuivre son zapateado et empoigne tout ce qui lui tombe sous la main. Jusqu’à la toute fin du spectacle, cette « flamenca furiosa » délivre une énergie fantastique et transforme son environnement en arène brûlante et foisonnante. Un spectacle à voir !

Crédits photographiques : © Palais des Festivals – Nathalie Sternalski

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