La Scène, Musique symphonique

Brésil symphonique pour l’Orchestre national de Belgique

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Bruxelles. Palais des Beaux-Arts. 30-X-2011. Antônio Carlos Gomes (1836-1896) : Ouverture de l’opéra Il Guarany ; Heitor Villa-Lobos (1887-1959) : Chôros VI ; Edino Krieger (né en 1928) : Passacalha para o novo milêno ; Paulo Aragao (né en 1976) et Yamandu Costa (né en 1980) : Fantasia popular à sept cordes et orchestre. Yamandu Costa, guitare. Orchestre National de Belgique, direction : Roberto Minczuk

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Si l'on devait décerner un prix annuel du programme symphonique le plus original, cette matinée dominicale de l', serait facilement honorée ! En effet, dans le cadre du festival Europalia Brésil, l'ONB s'offre une promenade à travers les époques et les styles de la musique de Brésil ! Avec près de 150 ans de musiques, depuis les débuts très classiques, jusqu'aux « expérimentations »  contemporaines sans oublier la figure incontournable de Villa-Lobos.

Tube de la musique brésilienne, l'ouverture de Il Guarany de Gomes permettait à l'orchestre de rendre hommage à ce fondateur d'une tradition musicale locale, mais cette « tradition » est alors éminemment européenne. C'était à Milan qu'il apprit son métier et qu'il fit créer cet opéra, narrant l'amour impossible entre une jeune femme de la noblesse portugaise et un indien. L'œuvre rend hommage à Verdi mais introduit des rythmes typiques de la musique brésilienne. conduit, cet hymne national bis, qui est aux Brésiliens ce que Carmen de Bizet est aux Français, avec une rigidité toute officielle.

Sans transitions, l'orchestre se plonge dans l'un des chefs d'œuvres de la musique orchestrale du XXe siècle : le Chôros n°VI de Villa-Lobos. Issue de la série majeure des Chôros, cette pièce est une plongée dans la forêt d'Amazonie, dans ses rythmes, dans ses percussions, mais avec cette fusion avec le modernisme européen d'un Debussy ou d'un Ravel. La richesse des textures et la beauté des timbres rencontrent une instrumentation aussi magique qu'évocatrice. L'instrumentarium convoque le grand orchestre symphonique mais aussi des percussions brésiliennes comme les cuica. La lecture de met l'accent sur les rythmiques et sur le sens de la construction. L'Orchestre national, qui a des affinités évidentes avec cette musique latine, est concentré mais s'ébroue avec bonheur dans ce technicolor symphonique.

Changement d'ambiances après la pause, avec une courte pièce de l'octogénaire Edino Krieger, la grande statue actuelle de la musique savante du pays. En forme de passacaille, cette pièce de 1999, cite des rythmes ou des danses du Brésil. Très classique dans ses sonorités, cette pièce montre un compositeur respectueux des formes, un peu comme un Barber ou un Copland aux USA. Du beau travail, loin des pratiques européennes d'avant-garde ! En conclusion, Minczuk avait convié l'un des grands acteurs actuels de la guitare Yamandu Costa. Les admirateurs du musicien, qui étaient venus en masse, étaient ainsi ravis de le retrouver dans une pièce de parade taillée sur mesure pour sa virtuosité. Mais le commentateur restera dubitatif sur la valeur de la Fantasia popular de Paulo Aragao. Cette musique mondialisée et propre sur elle est pittoresque dans ses effets volontairement colorés mais sa pauvreté structurelle et instrumentale est abyssale. On tient une jolie musique de film à l'eau de rose, mais certainement pas une grande partition de musique symphonique, même si l'on passe un moment agréable.

Ainsi va la musique au Brésil, riche, illustrative, parfois enchanteresse, colorée, étonnante mais jamais dérangeante. On ressort de ce concert ravi et toujours heureux d'avoir entendu des raretés et un chef d'œuvre du Villa-Lobos. L'Orchestre national fut valeureux et attentif sous une direction très précise qui savait mettre en avant les talents de la phalange nationale belge. Bien que programmé un dimanche d'un long pont et en dépit du temps clément, l'affiche avait attiré un public nombreux. On espère donc entendre, encore plus, de musiques brésiliennes à Bruxelles car ce n'est pas les chefs d'œuvres qui y manquant  du côté de Villa-Lobos (La Forêt d'Amazonie)  ou de Mignonne (on pense à l'extraordinaire Maracatu de Chico Rei).

Crédit photographique : DR

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