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Sascha Goetzel et le hautboïste Alexei Ogrintchok avec l’ONPL

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Nantes. La Cité. 06-III-2012. Béla Bartók (1881-1945) : Divertimento pour orchestre à cordes. Richard Strauss (1864-1949) : Concerto pour hautbois en ré majeur op.144. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Symphonie n°5 en ut mineur op.67. Alexei Ogrintchouk, hautbois. Orchestre national des Pays de la Loire, direction : Sascha Goetzel

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L' est probablement une des formations régionales les plus occupées car, comme son nom l'indique, il n'est pas attaché à une ville mais à toute une région et du coup multiplie ses prestations tout en divisant ses forces. En effet le concert qui nous occupe ici est donné pas moins de huit fois, entre Mouilleron-Le-Captif le 29 février et Montaigu le 10 mars, en passant deux fois par Nantes et Angers, et une fois par Laval et Ancenis. Pendant ce temps une autre partie de l'orchestre assure les représentations d'Orphée et Eurydice de Gluck à l'opéra de Nantes et Angers. Le programme choisi devait tenir compte de la division des effectifs et c'est donc un orchestre à quarante cordes qui était réuni pour les trois œuvres du programme, d'ailleurs au complet seulement pour la symphonie de Beethoven.

Le chef assure la destinée du jeune orchestre stambouliote, le Borusan Istanbul Philharmonic Orchestra, auquel il apprend le grand répertoire classique et qui, lorsqu'il met un œuvre au programme la joue en général pour la première fois. On aurait pu penser qu'avec un orchestre né en 1971, qui fête donc cette saison son quarantième anniversaire, il en serait tout autrement, mais le chef nous avouait avant le concert que l'ONPL n'avait jamais joué le Bartok ni le Strauss, et sa dernière exécution de la célèbre ut mineur remontait à pas mal d'années. C'est donc hors de toute routine que cet ensemble abordait les trois œuvres. Première bonne surprise, la belle tenue des cordes dans le Divertimento de Bartok, où une tension palpable s'installait dès les premières mesures. Le ton restait sérieux et tendu dans les deux premiers mouvements, les rythmes de danses étaient parfaitement fondus dans le flux musical, la dynamique étendue et bien maitrisée donnait vie et rebond à cette œuvre qui ne devient réellement « divertissante » que dans son final, Allegro assai, pour lequel le chef évita intelligemment une transition trop brutale, lançant véritablement l'« assai » sur l'arrivée du thème populaire, et réussit à maintenir une progression jusqu'au vivacissimo final. Ce Divertimento fort bien contrôlé, précis sans être rigide, agréable à l'oreille ouvrait la soirée de bon augure.

Hasard du calendrier, surtout pour une œuvre assez rarement jouée, c'est juste après le concert Mayer Thielemann avec le Philharmonique de Berlin qu'une nouvelle exécution du Concerto pour hautbois de nous était proposée. Quand nous montrâmes le programme berlinois à il sembla craindre une concurrence aussi prestigieuse, mais il avait bien tort car lui et son soliste nous offrirent exactement ce qui nous avait manqué à Berlin, une gourmandise joyeuse à dévorer cette musique apte à transmettre spontanément à l'auditeur un plaisir que la bien trop stricte exécution toute allemande nous avait enlevé. qui est un des deux hautbois solo du fameux Concertgebouw d'Amsterdam et qui joue d'un instrument français Marigaux, nous offrit une prestation de tout premier ordre, exemplaire techniquement tant il sembla survoler les difficultés de la partition avec une aisance confondante, et passionnante musicalement tant il sembla impulser à cette œuvre toute sa variété expressive, sans la moindre raideur, avec des transitions toute en souplesse, des respirations toujours justes, sachant jouer sur le temps et les phrasés pour emmener l'auditeur où il le voulait. De son côté le chef joua parfaitement le jeu et offrit un accompagnement tout aussi engagé et vivant, que l'orchestre suivit sans faiblir, ce qui construisit finalement un Concerto pour hautbois que nous garderons précieusement en mémoire.

Tube des tubes s'il en est, la « cinquième » de Beethoven attendait après l'entracte les spectateurs qui avaient rempli à ras bord le grand auditorium de La Cité des congrès de Nantes. L'interprétation qui nous en était donnée ce soir nous sembla imparfaite car manquant un peu de corps et de continuité. De corps parce que les quarante cordes nous parurent manquer de force dans les moments cruciaux, un effectif à cinquante cordes était-il nécessaire, mais sans doute non disponible. L'autre problème venait des timbales qui conservèrent tout du long des maillets très secs contribuant d'une part à produire un son peu spécialement agréable, mais surtout à uniformiser le ton et à détacher les timbales du reste de l'orchestre. Cela conduisit, entre autres problèmes, à véritablement rater un moment crucial, la transition entre les mouvements trois et quatre, où les timbales ferraillaient dans leur coin, sans la moindre trace de mystère et de suspens, géniale trouvaille beethovénienne. La direction musicale du chef favorisait incontestablement les contrastes en jouant franchement sur des changements de tempo. Le prix à payer fut une sensation de manque de continuité, en particulier dans le premier mouvement et plus encore dans l'Andante con moto, mouvement à variations où le tempo changea presqu'à chaque variation. Cette interprétation ne manquait pas de panache, ni d'idées, mais en avait peut-être justement un peu trop et mériterait une plus grande concentration pour mieux convaincre.

Crédits photographiques : Ogrintchouk Alexei © Marco Borggreve, © Harald Hoffmann

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