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Mantovani dirige son Allegro barbaro à Radio France

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Paris. Auditorium de Radio France. 01-IV-2022. Sergeï Prokofiev (1891-1953) : Quintette en sol mineur, op. 39. Virginie Buscail, violon ; Marc Desmons, alto ; Yann Dubost, contrebasse ; Hélène Devilleneuve, hautbois ; Nicolas Baldeyrou, clarinette. Dmitri Chostakovitch (1906-1975) : Concerto pour piano en ut mineur, op. 35. Alexandre Baty, trompette ; Anna Vinnitskaya, piano. Bruno Mantovani (1974*) : Allegro barbaro, concerto pour percussions et orchestre. Colin Currie, percussion. Igor Stravinsky (1882-1971) : Jeu de cartes, ballet en trois donnes. Orchestre Philharmonique de Radio France, direction : Bruno Mantovani

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Un jour après Monte-Carlo, reprend à Paris sa nouvelle œuvre dans un programme pour le reste intégralement constitué de pièces russes.

Intégré à un cycle où les compositeurs se dirigent eux-mêmes cette saison devant le Philharmonique de Radio France, présente ce 1er avril à l'Auditorium sa nouvelle création. Après Thomas Adès, George Benjamin et Matthias Pintscher, c'est au tour du compositeur français de jouer, avec un programme déjà interprété la veille au Festival du Printemps des Arts de Monte-Carlo, dont il est le nouveau directeur.

Comme un pied-de-nez aux évènements, l'intégralité des ouvrages autour de celui de Mantovani sont russes. Et bien entendu, il était hors de question de censurer la moindre pièce, d'autant plus lorsque celles-ci proviennent toutes de compositeurs ayant subi la main de fer du pouvoir, Prokofiev et Chostakovitch en restant en URSS, Stravinsky en fuyant la Russie dès la Première Guerre mondiale, pour ne plus jamais y retourner par la suite. Alors, on entre dans le concert par le Quintette en sol mineur, op. 39 de Sergeï Prokofiev, superbement tenu par cinq musiciens du Philharmonique tous debout, même Yann Dubost, impeccable malgré le fait de devoir se contorsionner pour jouer à la contrebasse sans tabouret. Portée par le hautbois d'Hélène Devilleneuve et le violon de Virginie Buscail, la partition en six mouvements trouve des sonorités claires et joueuses parfaitement adaptées.

Un changement de plateau permet à une petite formation orchestrale d'entrer pour accompagner la trompette d'Alexandre Baty et le piano d', cette dernière entendue en début de saison à Paris avec Kirill Petrenko dans le Concerto n° 1 de Prokofiev, et à présent dans celui de Chostakovitch. Bien maintenu par la direction soignée de , la partition reste cependant abordée sans faste et n'est exaltée que par la trompette, tout particulièrement dans les derniers instants, tandis que le piano très agile reste trop peu calibré pour développer l'humour grinçant de sa partie. Vinnitskaya se montre plus à l'aise pour le bis, toujours d'un russe avec cette fois Rachmaninov et son Études Tableau op.33 n°2.

La dernière pièce du programme convient mieux à la battue précise en même temps que toujours libre de Mantovani, pour un Jeu de cartes de Stravinsky en trois donnes, pendant lesquelles le Joker vient souvent perturber les valeurs. Alors, l' en grand effectif étale toute sa superbe, notamment aux cuivres, déjà bien mis en avant par la pièce maîtresse du programme : un concerto pour percussion nommé Allegro barbaro, créé la veille à Monaco. Deux semaines après la création française de celui de Steven Mackey à la Philharmonie, Mantovani présente son concerto avec pour soliste l'un des meilleurs percussionnistes actuels : .

Majoritairement basé sur les peaux avec une batterie de caisses claires et tambours, l'ouvrage ne refuse pas l'influence d'un Xenakis, dont les côtés brutaux comme répétitifs ainsi que les jeux de hauteurs sont utilisés aussi par Mantovani. D'abord calme, l'œuvre se développe avec un passage de Currie sur temple-blocks, accompagné par les accords droits de l'orchestre, où se trouvent également trois percussionnistes. Puis un retour aux peaux accroît une partie plus nerveuse, jusqu'à un basculement sur la caisse claire où celle-ci, accompagnée d'une pulsation marquée par un autre percussionniste, n'est pas sans rappeler le célèbre Boléro ravélien dans son caractère obstiné et martial. Après vingt minutes, la coda est annoncée par les gongs, touchés par le soliste sur le devant de la scène et dont la résonance finie déportée vers une cloche plate jusqu'à l'extinction du son.

À ce beau concert parfaitement construit autour de trois ouvrages des années 30 écrits par trois compositeurs russes, Mantovani apporte sa pierre en s'intégrant par une pièce moderne et accessible, qui cherche plus la matière brute que les penchants trop souvent bruitistes et technicistes de nombreux artistes contemporains.

Crédit photographique : ©

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