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Sutra de Sidi Larbi Cherkaoui : quand kung-fu et danse se rencontrent

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Genève. Grand Théâtre – Bâtiment des Forces Motrices. 18.II.2023. Sidi Larbi Cherkaoui (né en 1976) : Sutra. Direction et chorégraphie : Sidi Larbi Cherkaoui. Création plastique : Antony Gormley (né en 1950). Lumières : Adam Carrée. Musique : Szymon Brzóska (né en 1981). Avec : Ali Thabet, moines du temple Shaolin (moine guerrier en chef : Jiahao Huang) ; Coordt Linke, percussion ; Élodie Bugni, Emilia Goch, violon ; Gabriel Esteban, violoncelle ; Szymon Brzóska, piano

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Nouveau directeur artistique du ballet du Grand Théâtre de Genève, présente une reprise de son ballet Sutra dans le magnifique Bâtiment des Forces Motrices avec pour interprètes les moines-soldats du temple Shaolin. Plus de 13 ans après sa création en 2008, ce spectacle garde la même force et la même puissance.


Pour célèbres et médiatiques qu'ils soient, les moines-soldats du temple de Shaolin ne doivent pas leur renommée planétaire à la pratique de la danse, mais plutôt à leur maîtrise phénoménale des arts martiaux – kung fu et taï-chi. Pourtant, c'est bien dans un ballet qu'ils sont mis en scène par .

Le chorégraphe s'est associé au sculpteur anglais pour imaginer une forêt de caisses de bois qui, au gré de leurs déplacements, deviennent tantôt arbres, murs, caissons, marchepieds, cercueils, labyrinthes… Il crée ainsi une scénographie simple, mouvante et belle dans sa pureté.

D'abord cachés derrière un rideau, les musiciens – tous excellents – apparaissent progressivement sur l'arrière-scène tout en restant dans la pénombre. Le compositeur joint à l'ensemble une partition méditative aux sonorités diatoniques où les cordes tiennent une grande place, évoquant par instants la musique chinoise mais sans jouer la carte du premier degré. La présence de cette musique live permet une véritable connexion entre la danse et la musique en respectant le rythme et les respirations de chacun. L'alliance entre la scénographie, la musique et la chorégraphie fonctionne à merveille, au service d'une œuvre où le temps semble comme suspendu.

Les tableaux s'enchaînent, sans narration, mais avec une alternances de passages collectifs et de passages solo. Acrobaties, imitations d'animaux, cris rauques, mouvements de danse, combats gestes de prière, apparitions et disparition s'entremêlent sans temps mort. Les mouvements des dix-sept moines sont impressionnants et font parfois frémir le spectateur.

Venu du kung-fu au cirque puis à la danse, le danseur se mêle aux moines. Il est tantôt le spectateur, tantôt l'élève, tantôt le chef d'orchestre des chorégraphies acrobatiques et des moments de recueillement. Cependant, le moment le plus fort de la pièce est celui où et un jeune enfant dansent ensemble dans un caisson gris. C'est un moment plein de douceur fondé sur la complicité et la transmission, avec de la technique certes mais sans esbroufe et où ressort avant tout la tendresse.

Le jeune moinillon est déjà impressionnant dans la performance acrobatique. Toujours présent sur scène, il se place parfois sur le côté pour réaliser une maquette avec des caissons miniatures reproduisant peu ou prou le décor scénique, tel un jeu de Kapla. À ces instants, il redevient pleinement un enfant et l'on ne peut s'empêcher de penser à la dureté de l'apprentissage qu'endurent quotidiennement ces enfants-moines et aux sacrifices qu'ils devront effectuer pour atteindre la perfection des mouvements présentés ce soir au public.

Sutra interroge ainsi les questions de transmission, de solitude et d'appartenance, d'identité et de quête de soi, de dialogue et de respect entre les cultures. Chaque artiste l'interprète avec un engagement total et c'est seulement au moment des saluts que les corps et les visages se détendent un peu et l'on voit apparaître enfin quelques sourires sur le visage des interprètes.

Crédits photographiques : © Andrée Lanthier

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Genève. Grand Théâtre – Bâtiment des Forces Motrices. 18.II.2023. Sidi Larbi Cherkaoui (né en 1976) : Sutra. Direction et chorégraphie : Sidi Larbi Cherkaoui. Création plastique : Antony Gormley (né en 1950). Lumières : Adam Carrée. Musique : Szymon Brzóska (né en 1981). Avec : Ali Thabet, moines du temple Shaolin (moine guerrier en chef : Jiahao Huang) ; Coordt Linke, percussion ; Élodie Bugni, Emilia Goch, violon ; Gabriel Esteban, violoncelle ; Szymon Brzóska, piano

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