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The Romeo, la danse haute couture de Trajal Harrell dans la Cour d’honneur à Avignon

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Avignon. Cour d’honneur du Palais des papes. 18-VII-2023. Dans le cadre du Festival d’Avignon. Trajal Harrell : The Romeo. Mise en scène, chorégraphie, scénographie, costumes : Trajal Harrell. Répétiteurs : Ondrej Vidlar, Vânia Doutel Vaz, Maria Ferreira Silva, Stephen Thompson. Dramaturgie : Katinka Deecke, Miriam Ibrahim. Musique : Trajal Harrell, Asma Maroof. Musique originale complémentaire : Felix Casaer, Trajal Harrell. Scénographie : Nadja Sofie Eller. Lumière : Stéfane Perraud. Avec : Frances Chiaverini, Vânia Doutel Vaz, Maria Ferreira Silva, Rob Fordeyn, Challenge Gumbodete, Trajal Harrell, New Kyd, Thibault Lac, Christopher Matthews, Nasheeka Nedsreal, Perle Palombe, Norel Amestoy Penck, Stephen Thompson, Songhay Toldon.

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Le deuxième spectacle accueilli cette année dans la Cour d'honneur du Palais des Papes au Festival d'Avignon est un spectacle de danse : The Romeo, de . Un spectacle doux et radical qui, sans faire l'unanimité, n'en reste pas moins une grande œuvre à la simplicité feinte.

Ils sont quatorze danseurs, présents pour la plupart sur le plateau à l'entrée du public. Sur une scène utilisée comme un véritable catwalk, ils incarnent la figure d'un Roméo universel auquel donne des traits d'inspirations multiples. 

Les musiques, le plus souvent au piano, qui laissent parfois surgir un air d'opéra, s'enchaînent avec volupté, guidant sur la scène des danseurs aux gestes amples et précis, comme venues de sources antiques, rappelant les illustrations des vases hellénistiques. Le tout évoque avec force la recherche d'une Isadora Duncan, qui puisait en Grèce ses figures corporelles et nourrissait ses gestes du mouvement des vagues, des sonorités du vent, de dissymétries inspirées mais néanmoins techniques. Chez , chorégraphe nord-américain qui marche dans les pas de Trisha Brown, Yvonne Rainer ou Loïe Fuller (toutes héritières de Duncan) le corps possède cette fluidité, empruntée en grande partie au voguing ou aux traditions orientales, comme le butoh japonais.

Les costumes jouent un rôle prépondérant dans le travail de Trajal Harrell, actuel directeur du Schauspielhaus Zurich Dance Ensemble, qui fera l'objet d'un portrait la saison prochaine au Festival d'automne à Paris. Si la scène est un podium, c'est tout autant en référence aux marches des interprètes qu'aux vêtements dont ils sont revêtus. Le défilé rappelle le travail d'une Robyn Orlin, notamment pour sa pièce Dressed To Kill… Killed To Dress… L'utilisation de tissus colorés, évoquant des tenues élisabéthaines, tout droit sorties d'une pièce de Shakespeare, un pagne antique ou une ample pièce sombre de Rei Kawabuko, offrent un mélange d'époques et de lieux à même de créer un imaginaire singulier, poétique et puissant.

Les corps tournoient, similaires à ceux de Lucinda Childs. Ils s'inscrivent dans une trame narrative cohérente, celle de la recherche d'un Romeo dont Trajal Harrell dit qu'il vient probablement de la Grèce Antique. Celui-ci, chargé du patriarcat, traverse les âges pour se fondre dans un imaginaire collectif flou et pourtant prégnant. Aucune topographie précise ne semble avoir donné naissance au Roméo, précise le programme : « C‘est une danse qui, en réalité, n'existe qu'avec nous, ici, ce soir, dans l'ici et le maintenant. » Il s'agit de danser face au drame. Malgré tout se mettre en mouvement. Ce melting-pot d'inspirations chorégraphiques et idéologiques se résout dans un geste liquide et rayonnant.

Trajal Harrell précise, insistant sur la nécessité de vivre ensemble au sein de différentes cultures et croyances : « Cette pièce est ainsi plusieurs lieux, elle contient plusieurs pièces. La scénographie est simple, elle est composée principalement d'un élément, un treillis qui peut faire référence à des structures qui se trouvent dans les jardins mais aussi dans certains défilés de mode. » Cette création protéiforme, marquée par une sensibilité extrême, soucieuse de la persistance d'une poésie affirmée, n'élude pas pour autant une réflexion poétique évidente. Non seulement le poétique des corps pose un langage qui transgresse la langue utilitaire d'un quotidien violent, mais la pièce se clôt sur une note sombre, comme une mise en garde ultime qui invite à maintenir toujours plus la grâce dans nos vies.

The Romeo est un cocon bienvenue dans cette Cour d'honneur, caisse de résonance efficace d'une intimité entraînante.

Crédits photographiques : © Christophe Raynaud de Lage

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Avignon. Cour d’honneur du Palais des papes. 18-VII-2023. Dans le cadre du Festival d’Avignon. Trajal Harrell : The Romeo. Mise en scène, chorégraphie, scénographie, costumes : Trajal Harrell. Répétiteurs : Ondrej Vidlar, Vânia Doutel Vaz, Maria Ferreira Silva, Stephen Thompson. Dramaturgie : Katinka Deecke, Miriam Ibrahim. Musique : Trajal Harrell, Asma Maroof. Musique originale complémentaire : Felix Casaer, Trajal Harrell. Scénographie : Nadja Sofie Eller. Lumière : Stéfane Perraud. Avec : Frances Chiaverini, Vânia Doutel Vaz, Maria Ferreira Silva, Rob Fordeyn, Challenge Gumbodete, Trajal Harrell, New Kyd, Thibault Lac, Christopher Matthews, Nasheeka Nedsreal, Perle Palombe, Norel Amestoy Penck, Stephen Thompson, Songhay Toldon.

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