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Bogota, d’Andrea Peña : un vent de liberté queer souffle sur l’Arsenal de Venise

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Venise, Biennale Danza, Arsenal, 13-VII-2023. Andrea Peña : Bogota. Chorégraphie : Andrea Pena. Danseurs : Nicholas Bellefleur , Jean-Benoît Labrecque, Chi long, Jontae McCrory, Erin O’Loughlin, Charlie Prince, François Richard, Frédérique Rodier, Jo Tainii. Lumières : Hugo Dalphand. Sound design : Debbie Doe. Mise en scène : Angélique Wilkie. Costumes : Jonathan Saucier, Paulina Boltova.

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La jeune chorégraphe québécoise a ouvert en juillet la dix-septième Biennale de la danse de Venise, avec la première mondiale de Bogota, qui retrace les origines colombiennes de la chorégraphe et s'attache à faire transparaître l'espoir dans le marasme.

Provoquant à la fois la surprise et la joie, la performance situative d', mêlant chorégraphie et design, relève du défi de haut vol. C'est un pamphlet pour penser le cru, le nu, la force et la fragilité, mais aussi la confluence, la bigarrure et la culture queer ; par ses interrogations ponctuées de torsions, d'enlacements et de prise de corps, il en va de mort et de résurrection comme en un cauchemar éveillé, ou tout aussi bien un rêve. Pour parodier Musset nous écririons : « Les plus désespérées sont les danses les plus belles/ Et nous en savons d'immortelles qui sont de purs sanglots/ … / ce n'est pas un concert à dilater le cœur ; Leurs déclamations sont comme des épées : Elles tracent dans l'air un cercle éblouissant ; Mais il y pend toujours quelque goutte de sang. ».

et artistes donnent, dans Bogota, à penser l'indicible de la violence au cœur de la vie, mais aussi interrogent au plus clair la capacité qu'a l'être à penser le collectif grâce à la culture (danse, théâtre, design, performance, écriture, etc.). Bogota est un opus fort qui tient de la performance scénique ou du théâtre dansé, tant le propos est intéressant, quand se côtoient en une même ville (Bogota en Colombie, en l'occurrence ici) tant de contradictions. Si la violence y est visible et marquante, la créativité y trouve aussi une place foisonnante, car en tout creuset déstabilisant, il y a la possibilité d'un ancrage dans la culture pour faire mentir la barbarie. En somme la religion et ses corollaires en prennent pour leur grade, et la musique électronique très envoutante de Debbie Doe nous met comme en transe et invite à voir les corps et les objets en tant que paysages méditatifs, sur un rythme effréné, en pianotant sur les touches d'un clavier électronique ou en samplant des voix et sons culturellement marquées d'Amérique du Sud ou d'Afrique, c'est un peu la transition entre la tradition et le clubbing. Il y est question de temps, de violence contenue ou débridée et de liberté dans la tempête, la liberté de garder le cap envers et contre tout.

Andrea Peña assume son identité queer et multiculturelle, elle milite en faveur de ceux qui sont laissés en marge et aime inventer des espaces de créativité dans l'entre-deux des temps et des larmes, elle avance politiquement avec détermination et conçoit ses danses comme des univers politisés ; réfléchissant sur les moyens d'améliorer l'accueil de l'autre, en sa différence. Sa dernière création fait donc référence à la Colombie où elle est née en explorant ses fils ténus entrelacés d'insécurité et de foisonnement culturel, en plusieurs tableaux osés où les danseurs littéralement parfois nus, laisse notre regard penser la nudité dans ce qu'elle a de fort et de fragile. Les corps des danseurs de la compagnie d'Andrea Peña sont beaux, atypiques parfois, et engagés, leur gestuelle expressive et le propos de l'artiste toujours subtil.

Crédit photographique : (c) AVZ Andrea Peña

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Venise, Biennale Danza, Arsenal, 13-VII-2023. Andrea Peña : Bogota. Chorégraphie : Andrea Pena. Danseurs : Nicholas Bellefleur , Jean-Benoît Labrecque, Chi long, Jontae McCrory, Erin O’Loughlin, Charlie Prince, François Richard, Frédérique Rodier, Jo Tainii. Lumières : Hugo Dalphand. Sound design : Debbie Doe. Mise en scène : Angélique Wilkie. Costumes : Jonathan Saucier, Paulina Boltova.

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