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Les sonates en trio de Bach par Benjamin Alard à Radio France, un plaisir renouvelé

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Paris. Auditorium de Radio France. 19-IX-2023. Johann Sebastian Bach (1685-1750) : six sonates en trio BWV 525-530 ; six chorals extraits de l’Orgelbüchlein. Benjamin Alard, orgue

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ouvre la saison d'orgue à l'Auditorium de la Maison ronde en mettant à l'honneur un des cycles les plus exigeants de .

 

Les six Sonates en trio BWV 525 à 530 auraient été composées pour clavecin à pédalier, pour l'apprentissage domestique du jeune Wilhelm Friedemann, mais ont également été jouées par le compositeur à l'orgue en concert, à Dresde. Si a choisi le premier instrument pour son intégrale en cours chez Harmonia Mundi (disque pas encore paru, lire notre entretien), c'est sur « son » orgue de Saint-Louis-en-L'Île qu'il les a enregistrées pour Alpha (2008). Ce soir, il s'agit de les faire sonner sur le grand orgue de concert de Radio France, et le premier geste fort du claviériste est de choisir la tribune murale plutôt que la console de scène : cela lui permet d'être en prise directe avec l'instrument ; le public, quant à lui, plutôt qu'un brillant soliste, verra grâce au rétroéclairage au niveau de la tribune, la silhouette d'un organiste semblant danser au-dessus de la salle. Le pédalier est en effet sans cesse sollicité, et ce qui représente une gageure dans l'apprentissage des organistes (jouer trois voix en contrepoint simultanément) semble presque facile à .

Les choix interprétatifs sont cohérents et reviennent à privilégier la lisibilité du discours musical : des tempos raisonnables, une agogique soignée et des choix de registres visant à individualiser les voix. En la matière, Benjamin Alard ne craint pas d'exploiter les possibilités du grand instrument qu'il a sous la main, utilisant par exemple à plusieurs reprises des jeux d'anches, ou n'hésitant pas à passer au 8 et au 16 pieds pour le pédalier. Et pour faire ressortir le cantabile des mouvements lents (Carl Philipp Emanuel le soulignait déjà cinquante ans après la composition : « Il y a là quelques adagios qu'on ne saurait composer aujourd'hui de manière plus chantante »), l'interprète a choisi de leur affecter une registration particulière, préférant des jeux au son généralement moins brillant que dans les mouvements rapides.

Depuis la salle l'équilibre n'est pas toujours idéal comme dans le Largo de la sonate BWV 526 où la voix de basse est très discrète, dans l'Andante et le Vivace de la 527 où la première voix prédomine nettement, ou dans le dernier mouvement de la 530 où, tous jeux dehors comme en sortie d'une grand-messe, l'ampleur du son finit par prendre le pas sur la clarté des lignes. Mais ces petites réserves n'enlèvent rien au plaisir intense que procurent ces merveilles d'inventivité, de contrepoint et de cantabile.

Le déroulement du programme comme du concert, enfin, a été fort bien pensé. En gardant pour les deux dernières sonates les registrations donnant le plus de puissance sonore, Benjamin Alard ménage une progression et entretient l'intérêt de l'auditeur. En intercalant des chorals issus de l'Orgelbüchlein (enregistré récemment), il offre une respiration et un prélude à chaque sonate et met en évidence des similarités entre les œuvres de deux ensembles différents. Le choral « du Veilleur » donné en bis est quant à lui parfait pour clore sur une note lumineuse ce festival de contrepoint, et pour rappeler que, chez le Cantor de Leipzig, la musique a toujours une dimension spirituelle.

Crédit photographique : Benjamin Alard © Bernard Martinez

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