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Daphnis et Alcimadure, pastorale languedocienne par Les Passions

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Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville (1711-1772) : Daphnis et Alcimadure, pastorale languedocienne (1754). Elodie Fonnard, dessus ; Hélène Le Corre, dessus ; François-Nicolas Geslot, haute-contre ; Fabien Hyon, taille ; Chœur Les Éléments ; Les Passions, orchestre baroque de Montauban, direction : Jean-Marc Andrieu. 2 CD Ligia. Enregistrés du 30 septembre au 1er octobre 2022 à Montauban. Notice de présentation en français avec traduction de l’occitan en français. Durée totale : 120:06

 
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Il y a tout juste un an, proposait au Théâtre du Capitole une recréation de l'opéra-ballet de Mondonville en langue occitane. La voici gravée au disque dans la même distribution.

Un opéra en occitan à la cour de Louis XV ! C'est à Fontainebleau en octobre 1754 que réalisa cette première, qui connut un immense succès en son temps. Natif de Narbonne, le compositeur a fait une brillante carrière de violoniste virtuose au Concert Spitituel à Paris, avant d'entrer au service du roi et d'être nommé sous-maître de musique de la Chapelle royale de Versailles. En un prologue et trois actes, Mondonville s'empare d'une fable de La Fontaine dont il modifie la fin tragique pour une heureuse conclusion, plus conforme au ton de la pastorale. Argument on ne peut plus simple : le berger Daphnis se consume d'amour pour la belle et farouche Alcimadure, qui lui préfère sa liberté. Le frère de la belle, Jeanet, va servir d'entremetteur et tout se terminera par l'union des deux tourtereaux. Étranger à l'intrigue, le prologue (chanté en français) nous introduit à la cour de Clémence Isaure, mythique fondatrice des Jeux Floraux toulousains. D'entrée, le compositeur nous livre une parfaite synthèse qui réunit les goûts italiens et français, mettant ainsi fin à la Querelle des bouffons qui a déchiré le public parisien ces années-là : une ouverture instrumentale de forme italienne qui introduit un prologue dans la grande tradition versaillaise. Et si l'écriture virtuose de Mondonville emprunte clairement au style italien, le rôle majeur donné à la danse dans les divertissements inscrit définitivement cette œuvre pastorale dans la tradition de l'opéra-ballet français.

Pour restituer la partition de cette œuvre qui nous est parvenue incomplète, a du réécrire les parties intermédiaires manquantes. L'orchestration n'étant pas précisée, il a choisi de souligner les parties de cordes par les flûtes et les hautbois en fonction du caractère des airs. Le résultat est très convaincant et riche de contrastes expressifs. L'orchestre dispose d'une très belle phalange de cordes, emmenée par depuis le premier violon. Cors et trompettes viennent colorer les épisodes glorieux, et l'évocation de la chasse au loup a des allures de bataille qui rappelle les tempêtes des grands opéras de Rameau. L'air de Jeanet Resn'es tan bel, ni tan grand qu'une armada à l'acte II est un sommet de l'œuvre, assorti d'un hommage au roi. Quant aux nombreuses danses, admirablement enlevées, elles sont rythmées par l'ajout de percussions et transforment les divertissements en une fresque chatoyante. On rêve d'une représentation scénique où les danseurs composeraient un tableau digne de Watteau.

La distribution vocale est elle aussi de grande qualité. Le prologue, comme un petit opéra séparé du reste de l'œuvre, fait la part belle aux chœurs admirablement ciselés par Les Éléments de . C'est la soprano qui tient en majesté le rôle de Clémence Isaure. Les trois solistes qui se partagent les rôles de la pastorale sont particulièrement convaincants. campe une Alcimadure touchante et sensuelle ; sa voix souple se joue à merveille des traits de virtuosité. , plus ténor à la française que haute-contre (il faut dire que le diapason est choisi à 392 Hz, soit un ton plus bas que la normale), est d'une très belle expressivité dans le rôle de Daphnis. C'est le ténor (Jeanet) qui mène l'intrigue avec verve ; sa voix parfaitement timbrée excelle dans les airs de bravoure. Une attention particulière est portée à la prononciation de l'occitan et l'adéquation entre le texte et la musique est très convaincante. Enfin, il faut signaler qu'un livret d'accompagnement d'une centaine de pages aide à la compréhension de cette œuvre originale, judicieusement replacée dans son époque par un article fort intéressant de la musicologue Bernadette Lespinard.

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Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville (1711-1772) : Daphnis et Alcimadure, pastorale languedocienne (1754). Elodie Fonnard, dessus ; Hélène Le Corre, dessus ; François-Nicolas Geslot, haute-contre ; Fabien Hyon, taille ; Chœur Les Éléments ; Les Passions, orchestre baroque de Montauban, direction : Jean-Marc Andrieu. 2 CD Ligia. Enregistrés du 30 septembre au 1er octobre 2022 à Montauban. Notice de présentation en français avec traduction de l’occitan en français. Durée totale : 120:06

 
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