Nemanja Radulović signe un concerto de Beethoven sobre et de belle tenue

Le 26 janvier 2024 par Jean-Claude Hulot

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Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Concerto pour violon et orchestre opus 61 ; Sonate pour violon et piano n° 9 « A Kreutzer » opus 47 (transcription pour violon et cordes de Nemanja Radulović). Nemanja Radulović, violon et direction ; Les doubles sens. 1 CD Warner Classics. Enregistré du 6 au 10 décembre 2022 au Kolarac Concert Hall de Belgrade, Serbie. Notice de présentation en anglais, allemand et français. Durée : 83:41

Warner Classics

C'est une heureuse surprise que nous offre Nemanja Radulović avec ce concerto de Beethoven tout en finesse et sobriété, loin des excès théâtraux auxquels le violoniste nous a souvent habitués. Seule, la peu convaincante transcription de la sonate à Kreutzer s'avère plutôt décevante.

Ceux qui seront restés dubitatifs devant les prestations très démonstratives de Nemanja Radulović en concert et n'auront pas goûté l'écléctisme de ses CD récents auront une heureuse surprise avec ce concerto de Beethoven d'une belle tenue et d'une vision classique, épurée, loin des exagérations qui ont parfois entaché le jeu de Radulović.

Accompagné avec attention par la formation « à Double sens » qui associe musiciens français et serbes (les deux patries, celle d'origine et celle d'adoption du soliste) qui l'entoure dans son périple, Radulović signe une version d'une belle tenue avec notamment une superbe cadence (celle de Kreisler). Seule petite originalité, la courte cadence de hautbois dans le finale qui évoque celle du premier mouvement de la Symphonie n°5. On regrettera certes la relative neutralité expressive de l'orchestre alors que les plus grandes versions sont celles où l'orchestre est dirigé par une baguette de génie (Furtwängler, Karajan, Klemperer, Giulini ou Abbado notamment ). Mais l'ensemble se situe néanmoins à un niveau remarquable.

Dommage que le complément de ce CD au minutage très généreux soit consacré à la sonate à Kreutzer dans une transcription pour violon et cordes due au violoniste lui-même. Il n'y a pas si longtemps, Kolja Blacher avait tenté l'exercice avec le Mahler Chamber Orchestra, pour un résultat aussi peu convaincant. Le formidable combat entre le violon et le piano qui rend l'original tellement unique sort affadi de cet arrangement qui estompe les contrastes de l'œuvre. On gardera donc ce disque surtout pour la bonne surprise d'une lecture de qualité du concerto qui vient prendre une place sinon réellement marquante du moins satisfaisante dans une discographie plus que considérable.

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