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Passage de générations festif au Ballet de Lorraine

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Opéra de Nancy, 7-III-24. CCN-Ballet de Lorraine : Instantly Forever et a Folia.
Instantly Forever. Chorégraphie : Peter Jacobsson et Thomas Caley. Musiques : Igor Stravinsky, Symphonie en trois mouvements (1946) – Premier mouvement et Steve Reich, Music for 18 Musicians – Pulses et Pulses II (1974-1976). Lumières : Eric Wurtz. Costumes : Birgit Neppl, réalisés par l’Atelier costumes du CCN-Ballet de Lorraine. Répétitrice : Valérie Ferrando.
A Folia. Chorégraphie : Marco da Silva Ferreira. Musique : Luis Pestana, inspirée de la musique d’Arcangelo Corelli, Violin Sonata in D minor La Folia, Op. 5 N°12. Lumières : Teresa Antunes. Costumes : Alessandra Protic. Assistante chorégraphique : Catarina Miranda. Répétitrice : Valérie Ferrando.
Avec les danseurs du CCN-Ballet de Lorraine.

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et signent Instantly Forever, leur dernière création pour le CCN-Ballet de Lorraine avant de céder la place à Maud Le Pladec. Ils ont également invité pour la première fois avec A Folia, composant une soirée explosive.

Vingt-deux danseurs et leurs reflets qui se mirent dans le tapis noir brillant, dans un espace hérissé de longues tiges métalliques, c'est l'image que nous offre Instantly Forever, l'ultime création de , directeur du CCN-Ballet de Lorraine, et pour la compagnie de Nancy. L'ouverture inattendue du spectacle met déjà en mouvement cette masse de jeunes (ou moins jeunes) danseurs énergiques et athlétiques dans une danse qui l'est tout autant. et ont conçu la première partie du ballet, sur le premier mouvement de la Symphonie en trois mouvements d', pour un public imaginaire, avec une énergie dirigée vers le fond de scène avant que les danseurs ne se tournent vers le parterre.

Parcours, traversées, champ et contrechamp à cour et à jardin, jusque dans la coulisse, propulsent ce corps de ballet en noir et blanc dans une célébration festive. L'écriture chorégraphique foisonnante de Petter Jacobsson et Thomas Caley et ses directions perpétuellement changeantes veulent créer un effet de chaos, accentué par l'effet miroir et l'étroitesse du cadre de scène de l'Opéra de Nancy. Mais l'usage intense et intelligent de la musique, Stravinsky pour le dynamisme de sa période américaine et le retour au jaillissement brutal des Ballets Russes, puis Pulse et Pulse II, extraits de Music for 18 musicians de pour sa profondeur réflective, permet aux chorégraphes d'expérimenter des choses, de confronter les styles et d'augmenter le potentiel de ses danseurs dans des tableaux vivants et des portés sophistiqués, formant une masse humaine dans laquelle il sculpte, aidé par le nombre imposant d'interprètes et par les lumières subtiles d'Eric Wurth.

En costumes noir et blanc, façon équipe de foot, les danseurs portent des T-shirts sur lesquels sont imprimés leurs visages, imaginés par la costumière Birgit Neppl. Les chorégraphes ont voulu dans cette réflexion sur notre temps évoquer un monde contemporain complètement saturée d'images et de représentations de soi, saturé de selfies et de vidéos que l'on fait défiler d'un pouce. Ils en font le reflet d'une jeune génération narcissique et exubérante, mais terriblement attachante.

Après l'entracte, la soirée se poursuit avec A Folia. Entre krump, house, popping et voguing sous acide, la première création de pour le Ballet de Lorraine propose une expérience hallucinatoire aux danseurs survitaminés de la compagnie de Nancy. Le Ballet de Marseille n'a qu'à bien se tenir ! Sur la lancée de la Danse des Sauvages de Bintou Dembelé dans la mise en scène des Indes Galantes de Clément Cogitore, revisite la musique de la Renaissance pour une danse frénétique et sensuelle.

Le chorégraphe portugais a choisi La Folia, sonate pour violon d' dont s'inspire ici le compositeur , mélodie dont il existe 150 variations musicales, pour évoquer le contexte social du nord du Portugal au XVᵉ siècle : quelque chose de triste et de mélancolique pour évoquer la folie qui saisit les corps. La folia, au Portugal, est une danse folklorique rapide et enjouée, dansée à l'origine par des bergers qui portent sur leurs épaules des hommes habillés en femmes, mais qui s'est rapidement diffusée jusqu'aux cours royales du sud de l'Europe. Il en fait une histoire sensorielle et sensitive, qui parle de la danse comme exutoire, permettant de dégager de la joie, du bonheur y ajoute une dimension venant de la rue et des danses contemporaines.

Il est servi dans son projet d'écriture chorégraphique tonique et diversifiée par l'énergie et la qualité exceptionnelle de ces jeunes danseurs, qui se lâchent comme jamais, abordant simultanément tous les styles de danse, formant une tribu de personnalités. Quelques échappées solistes rendent hommage à William Forsythe (un pantalon frangé noir) ou Sharon Eyal (pointes sur jambes demi-pliées), mais c'est surtout la masse des danseurs qui forme une pâte vivante et éruptive, dans un format final proche de la Battle des Indes galantes.

A l'image des costumes queer et excentriques d'Aleksandar Protic, la fluidité des genres forme la marque de fabrique de cette compagnie qui peut danser beaucoup de choses, parmi les plus inattendues. Chaque année plus solide, la compagnie lorraine n'est pas un corps de ballet, souligne son directeur, mais un groupe d'artistes. Avec ce spectacle de danse composé de deux pièces chocs à voir absolument, elle offre un visage diversifié et vivifié de la création chorégraphique, avec un haut niveau d'exigence tant dans l'interprétation que dans les écritures.

Crédits photographiques : © Laurent Philippe /

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Opéra de Nancy, 7-III-24. CCN-Ballet de Lorraine : Instantly Forever et a Folia.
Instantly Forever. Chorégraphie : Peter Jacobsson et Thomas Caley. Musiques : Igor Stravinsky, Symphonie en trois mouvements (1946) – Premier mouvement et Steve Reich, Music for 18 Musicians – Pulses et Pulses II (1974-1976). Lumières : Eric Wurtz. Costumes : Birgit Neppl, réalisés par l’Atelier costumes du CCN-Ballet de Lorraine. Répétitrice : Valérie Ferrando.
A Folia. Chorégraphie : Marco da Silva Ferreira. Musique : Luis Pestana, inspirée de la musique d’Arcangelo Corelli, Violin Sonata in D minor La Folia, Op. 5 N°12. Lumières : Teresa Antunes. Costumes : Alessandra Protic. Assistante chorégraphique : Catarina Miranda. Répétitrice : Valérie Ferrando.
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