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Le Bûcher des Vanités

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Saint-Denis. Basilique le 21-IX-2004. Arthur Honegger (1892-1955) : Jeanne au Bûcher, oratorio sur un texte de Paul Claudel. Marthe Keller, Jeanne ; Daniel Mesguich, Frère Dominique ; Sarah Mesguich, Laurent Mesguich, récitants ; Laura Aikin, soprano ; Sophie Koch, mezzo-soprano ; Marie-Nicole Lemieux, alto ; Donald Litaker, ténor ; Nicolas Rivencq, baryton. Maîtrise de Radio-France (direction : Toni Ramon). Chœur de Radio-France (direction : Fritz Näf). Orchestre National de France, direction : Kurt Masur.

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D'ordinaire placé fin juin/début juillet, le festival de Saint-Denis a cette année joué les prolongations post-estivales en proposant cette imposante Jeanne au Bûcher d'.

Ce concert est une forme de prélude à toute une série de production de cette étonnante œuvre, à mi-chemin entre l'oratorio, la cantate et l'opéra, 2005 étant l'année des cinquantenaires de Claudel et d'Honegger. Dommage que leur autre collaboration, la Danse des Morts, n'a pas cette chance.

Jeanne au Bûcher revient après 15 ans d'absence en ces mêmes lieux. Le concert de 1989, avec et les forces de Radio-France, était dirigé par Seiji Ozawa, le tout immortalisé par Deutsch Grammophon. a repris le flambeau. Si Georges Wilson n'est plus Frère Dominique, lit le texte avec force recul et maniérisme, en le dépouillant au maximum, devenant ainsi un récitant au sens premier du terme. La distance prise avec le texte le rend ainsi plus indépendant de sa nature dramatique parfois au détriment de la musique, mais en permet une lecture au second degré, loin de la naïveté à laquelle Claudel semble parfois se confondre. Malgré ses (bientôt) 60 ans incarne la Pucelle d'Orléans à la perfection, toute en émotion et pudeur retenue, jusqu'au finale ou elle sait sa mort inéluctable. Le reste semble être affaire de famille : les enfants Mesguich se partagent les rôles secondaires de récitants — aidés parfois en troisième réplique de Nicolas Rivencq — censés symboliser le peuple, la turba, celle-là même qui dans les passions allemandes est à la fois actrice, accusatrice et victime du drame.

Mais si au niveau dramatique le texte de Claudel était plutôt bien défendu, la musique d'Honegger était moins bien lotie. Non pas en raison de l', du Chœur et de la Maîtrise de Radio-France qui sont dans cette œuvre en terrain connu, dans leur élément — presque — naturel. Non plus en raison des solistes féminines. Mais , malgré une tenue excellente de ses troupes, alourdit considérablement les tempi, enlevant ainsi toute la gouaille de certains passages comiques — le procès de Jeanne d'Arc, le Roi qui va-t-à-Reims — et faisant sombrer cet oratorio-opéra-cantate dans une vaste noirceur quasi morbide. Une option d'interprétation qui peut en valoir une autre, mais encore aurait il fallu que les solistes masculins soient à la hauteur. Ne jetons pas la pierre à Nicolas Rivencq, sa partie est une partie de basse, souvent cantonnée dans le grave, d'où parfois de sérieux problèmes d'émission pour quelqu'un qui fut plutôt habitué au rôle de Pelléas… En revanche par ses mimiques et minauderies n'a su masquer une fatigue vocale évidente par sa justesse approximative et une mise en place des plus hasardeuses.

Dans cette Jeanne d'Arc au Bûcher, outre les récitants, les autres acteurs les plus méritants furent… les chœurs et l'orchestre. Le National a su faire preuve d'une homogénéité et d'une beauté sonore remarquables, ainsi que la Maîtrise, mais la grande surprise de la soirée fut un Chœur de Radio-France au grand complet et en grande forme, et ce malgré une disposition scénique peu favorable. Bref l'unique chœur symphonique professionnel de France était ce soir à la hauteur de sa réputation.

Crédit photographique : © DR

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Saint-Denis. Basilique le 21-IX-2004. Arthur Honegger (1892-1955) : Jeanne au Bûcher, oratorio sur un texte de Paul Claudel. Marthe Keller, Jeanne ; Daniel Mesguich, Frère Dominique ; Sarah Mesguich, Laurent Mesguich, récitants ; Laura Aikin, soprano ; Sophie Koch, mezzo-soprano ; Marie-Nicole Lemieux, alto ; Donald Litaker, ténor ; Nicolas Rivencq, baryton. Maîtrise de Radio-France (direction : Toni Ramon). Chœur de Radio-France (direction : Fritz Näf). Orchestre National de France, direction : Kurt Masur.

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