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Magnifique Nadir de Javier Camarena

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Genève. Victoria Hall. 28-IX-2010. Georges Bizet (1838-1975) : Les pêcheurs de perles, opéra en trois actes sur un livret d’Eugène Cormon et Michel Carré. Version de concert. Malin Hartelius, Leila ; Franco Pomponi, Zurga ; Javier Camarena, Nadir ; Pavel Daniluk, Nourabad. Chœur et Orchestre de l’Opéra de Zürich. Direction musicale : Carlo Rizzi

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Pour l'ouverture de sa nouvelle saison de concerts, le Pour-Cent-Culturel-Migros déplace l'Opéra de Zurich sur la scène du Victoria Hall pour une représentation concertante d'un des opéras parmi les plus oubliés de : Les Pêcheurs de Perles.

La notoriété de Carmen a pratiquement fait de Bizet le compositeur d'une seule œuvre. Et c'est bien dommage ! Même si l'intrigue amoureuse est faible, même si elle tombe souvent dans la banalité et la convention, cette œuvre reste idéale pour des chanteurs d'exception. En particulier pour le rôle du ténor (Nadir) tout écrit dans le registre aigu. Ainsi, bien des amateurs d'opéra se pressaient à ce concert pour entendre cette perle rare du répertoire lyrique.

Si la soirée ne fut pas exceptionnelle, elle le doit principalement à la direction quelque peu brouillonne et sans grande inventivité de . Bien que l' ne figure pas parmi les meilleures phalanges suisses, à sa décharge, il faut admettre qu'un orchestre de répertoire donnant plus de trois cents représentations par année ne peut prétendre à la qualité d'un orchestre symphonique. Il joue, certes, mais fortissimo et pianissimo semblent être les deux seules modulations de volume qu'il soit à même de produire sans beaucoup de variations entre deux. Reste qu'il offre l'avantage certain d'une assise orchestrale solide aux chanteurs.

Toutes les maisons d'opéra ne possèdent malheureusement pas un chœur de la qualité de celui du Grand Théâtre de Genève. Celui de Zurich en est le témoignage incontestable. Imprécis, chantant tout en force, l'articulation, le découpage des mots est totalement inconsistant. On ne comprend pas un traître mot de ce qui se chante, laissant la douloureuse impression que personne dans cet ensemble n'imagine vraiment ce que disent les vers. Là encore, lorsqu'on passe de Carmen au Trovatore, de Madama Butterfly à Tristan und Isolde dans la même semaine…

Le chœur et l'orchestre soutiennent le plateau des solistes avec une bienvenue solidité qui semble être la pierre angulaire de cette interprétation. Des chanteurs qui assurent, qui jouent la carte honnêteté sans grande prise de risque. Sauf pour le ténor mexicain qui offre un Nadir d'une grande expressivité artistique. Un ténor s'inscrivant dans la lignée des Juan Diego Florez, un tenore di grazia comme nous en distillent depuis quelques années les écoles d'Amérique du Sud. Dès les premières notes de son «Au fond du temple sain» on sent le jeune ténor respirant l'authenticité et l'aisance habitée. Empoignant la fameuse romance «Je crois entendre encore» dans un bouleversant mezza-voce, il affirme ses extraordinaires capacités vocales et la profondeur de son tempérament artistique. Sans tomber dans la mièvrerie, il nous transporte dans son monde amoureux. Capable de puissance, comme de pianissimi extrêmes, il est le grand triomphateur de la soirée. Irrésistible musicien, le public parisien l'avait applaudit dans La Sonnambula de Bellini en janvier dernier alors que Bruxelles l'appréciait déjà en 2008 dans La Cenerentola de Rossini. Un artiste à suivre !

Si, à ses côtés, la soprano suédoise (Leila) possède une voix très bien posée et d'agréable facture, elle manque malheureusement de l'agilité vocale nécessaire à l'expressivité de son personnage. Quelque peu absente pendant la première partie du concert, elle se laissera aller à de belles envolées dès la pause passée. Si la prestation de Pavel Daniluk (Nourabad) s'avère des plus correctes, celle du baryton (Zurga) déçoit quelque peu pour l'inutile dureté qu'il imprime à ce personnage. Forçant une voix qui mériterait un meilleur traitement, il semble chercher à impressionner le public avec la puissance de son instrument ne réussissant en définitive qu'à fatiguer l'auditoire avec une voix manquant de nuances.

Reste que, même si cette prestation aurait mérité d'être mieux préparée, le plaisir d'entendre cette musique si rare et si belle efface largement les quelques imperfections vocales qu'on a pu entendre.

Crédit photographique : © DR

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