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Bo-bo Bohème en forme de happening à La Monnaie ?

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Bruxelles. Théâtre Royal de La Monnaie. 22-XII-2010. Giacomo Puccini (1858-1924) : La Bohème. Mise en scène : Andreas Homoki. Décors : Hartmut Meyer ; Costumes : Mechthild Seipel ; Lumières : Franck Evin. Avec : Anita Hartig, Mimì ; Camilla Tilling, Musetta ; Marius Brenciu, Rodolfo ; Aris Argiris, Marcello ; Lauri Vasar, Schaunard ; Giovanni Battista Parodi, Colline ; Marc Coulon, Parpignol ; Jacques Dœs, Benoît ; Gerard Lavalle, Alcindoro ; Aldo de Vernati, Sergente ; Alain-Pierre Wingelinckx, Venditore di Prugne ; Bernard Giovani, Doganiere. Chœurs du Théâtre Royal de La Monnaie, direction : Martino Faggiani. Orchestre symphonique de La Monnaie, direction : Carlo Rizzi

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Pour les fêtes de fin d'année, La Monnaie de Bruxelles a abandonné les tragédies antiques et les drames shakespeariens, pour un tube du répertoire (mais un tube à la fin triste !) : La Bohème de Puccini !

Mais attention, pas une Bohème classique, mais une relecture par en provenance du Komisch Oper de Berlin ! Donc, adieux mansardes crasseuses et artistes maudits ! Le public découvre une clique de bourgeois bohèmes branchés. Dès les premières mesures, le public se retrouve dans un vernissage mondain, avec un Marcello reconvertit dans «l'Action painting» ! Ce n'est pas foncièrement faux, mais la vision peine à s'imposer au fil de l'œuvre et atteint même l'impossible au dernier tableau ! En effet, nos jeunes artistes sont désormais célèbres avec un Rodolfo devenu un auteur à succès ! Tout ce petit monde s'épanche et s'enivre lors d'une fête destinée à arroser leurs gloires nouvelles ! La scène où Colline vend son manteaux (tandis qu'une quête est organisée auprès des invités de la fête) en devient presque risible car complètement incohérente en terme de dramaturgie. Un autre point assez pénible de cette lecture réside dans une vision unilatéralement machiste et sexiste de l'œuvre avec des hommes puissants et virils (une sacrée bande de queutards qui emballe tout ce qui passe) et des femmes soit Cendrillon naïve pour Mimí ou mégère hystérique et vulgaire pour Musetta quelque part entre Loana de Loft Story ou la Zahia de Franck Ribery…Homoki semble par ailleurs bien plus intéressé par des scènes d'ensembles, plutôt virtuoses, que par des scènes intimes où les chanteurs apparaissent un peu perdus et livres à eux-même.

Côté musique, La Monnaie a invité le maestro qui, en expert de l'opéra, sert un accompagnement attentionné, passionné et musical. L'orchestre de La Monnaie qui ne fréquente pas trop Puccini est précis mais sonne d'une manière plus nordique que latine ! Ce n'est pas un reproche car ces teintes baltiques collent à la mise en scène, décalée et très «germanique», d'Homoki !

Pour multiplier les représentations, différents chanteurs alternent dans les rôles. La distribution proposée, en ce mercredi soir était solide à défaut de briller. Lauréat du reine Elisabeth, est un chanteur valeureux mais pas franchement charismatique, ni scéniquement, ni vocalement : le timbre est banal et la voix manque de puissance. Sa Mimí n'a pas non plus un rayonnement vocal étincelant, mais Anita Hartig sait mobiliser ses moyens pour livrer une interprétation fragile et touchante. C'est tout compte fait le duo Marcello-Musetta qui apporte les plus grandes satisfactions : Aris Argiris possède l'étoffe vocale et la présence scénique alors que la mozartienne , ne fait qu'une bouchée du rôle. Le reste des rôles est assuré avec professionnalisme et probité mais sans génie particulier.

La musique de Puccini étant naturellement un enchantement de tous les instants, on passe un bon moment et l'on espère retrouver, rapidement d'autres Puccini, à La Monnaie !

Crédit photographique :  © Johan Jacobs

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Bruxelles. Théâtre Royal de La Monnaie. 22-XII-2010. Giacomo Puccini (1858-1924) : La Bohème. Mise en scène : Andreas Homoki. Décors : Hartmut Meyer ; Costumes : Mechthild Seipel ; Lumières : Franck Evin. Avec : Anita Hartig, Mimì ; Camilla Tilling, Musetta ; Marius Brenciu, Rodolfo ; Aris Argiris, Marcello ; Lauri Vasar, Schaunard ; Giovanni Battista Parodi, Colline ; Marc Coulon, Parpignol ; Jacques Dœs, Benoît ; Gerard Lavalle, Alcindoro ; Aldo de Vernati, Sergente ; Alain-Pierre Wingelinckx, Venditore di Prugne ; Bernard Giovani, Doganiere. Chœurs du Théâtre Royal de La Monnaie, direction : Martino Faggiani. Orchestre symphonique de La Monnaie, direction : Carlo Rizzi

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