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Le charme si français de Fortunio à Rennes

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Rennes. Opéra. 31-I-2014. André Messager (1853-1929) : Fortunio, comédie lyrique en 4 actes sur un livret de Robert de Flers et Gaston Armand de Caillavet. Mise en scène : Emmanuelle Cordoliani. Décors : Emilie Roy. Costumes : Julie Scobeltzine. Lumières : Vincent Muster. Avec : Christophe Berry, Fortunio ; Bénédicte Tauran, Jacqueline ; Marc Scoffoni, Clavaroche ; Christophe Gay, Landry ; Franck Leguerinel, Maître André ; Georges Gautier, Maître Subtil. Chœur de l’Opéra de Rennes (direction : Gildas Pungier), Orchestre Symphonique de Bretagne, direction : Claude Schnitzler.

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La très belle production proposée par l'Opéra Comique en 2009 a permis de remettre en évidence les mérites de la partition de Messager qui allie simplicité et sophistication, élégance et passion. Le compositeur y fait preuve d'une belle patte mélodique et d'une réelle science de l'orchestration qui confèrent au genre léger de la comédie lyrique ses lettres de noblesse. Aussi c'est avec joie que nous accueillons cette nouvelle réalisation coproduite par les opéras de Rennes et de Limoges.

P18-CULT_1429-FORTUNIO_GJE-01La réussite de la soirée repose avant tout sur la présence de , un chef qui n'est incontestablement pas reconnu à la hauteur de son talent. Quelques mois après avoir offert au public rennais une Walkyrie exemplaire de clarté, il conduit cette représentation avec une parfaite maîtrise. Sa lecture est inspirée, subtile et colorée, toujours attentive aux chanteurs ; il sait de plus mettre en valeur chaque détail orchestral avec la complicité d'un orchestre comme à son habitude irréprochable, au contraire du chœur inhabituellement désordonné en début de représentation.

se place au même niveau en campant un Fortunio rêveur puis enflammé. La couleur de la voix séduit autant que la préparation stylistique, la sincérité de l'engagement et la qualité de diction. Cette dernière vertu est du reste partagée par l'ensemble des protagonistes de cette représentation donnée sans surtitrage. En dépit de tensions audibles dans le haut de la tessiture, incarne une délicieuse Jacqueline dans la frivolité des deux premiers actes comme dans la sensibilité des suivants. Très délicate musicienne, elle nous offre de réels moments de grâce dans la seconde partie de l'ouvrage.

Le Clavaroche de n'est pas dépourvu de qualités, mais le baryton rencontre des problèmes de projection et donne parfois l'impression de chanter dans sa moustache. Landry assez déjanté, a parfois tendance à en faire plus que l'ouvrage exige, tandis que Franck Leguerinel se régale et nous régale en cocu magnifique dans l'un de ces rôles de composition où il excelle. Parmi des seconds rôles assez disparates, convainc davantage comme acteur que comme chanteur.

a situé l'œuvre dans les années 1960 pour montrer que dans la France provinciale de l'avant mai 68, les rapports moraux n'avaient guère évolué depuis l'époque où Musset écrivait Le Chandelier, la pièce qui a inspiré les librettistes de Fortunio. Elle a réalisé un travail de direction d'acteurs très précis, permettant une grande fluidité du spectacle. S'appuyant sur des décors et costumes spirituels et colorés, elle parsème la représentation de joyeuse trouvailles jusqu'à une image finale très réussie qui témoigne d'une belle sensibilité. A la vue de ce spectacle qui doit sa réussite à l'investissement de tous, on ne peut que se réjouir qu' ait décidé de poursuivre l'aventure rennaise.

Crédit photographique : (Fortunio) (Landry) © Opéra-Théâtre de Limoges

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Rennes. Opéra. 31-I-2014. André Messager (1853-1929) : Fortunio, comédie lyrique en 4 actes sur un livret de Robert de Flers et Gaston Armand de Caillavet. Mise en scène : Emmanuelle Cordoliani. Décors : Emilie Roy. Costumes : Julie Scobeltzine. Lumières : Vincent Muster. Avec : Christophe Berry, Fortunio ; Bénédicte Tauran, Jacqueline ; Marc Scoffoni, Clavaroche ; Christophe Gay, Landry ; Franck Leguerinel, Maître André ; Georges Gautier, Maître Subtil. Chœur de l’Opéra de Rennes (direction : Gildas Pungier), Orchestre Symphonique de Bretagne, direction : Claude Schnitzler.

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