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À la Philharmonie de Paris, Herbert Blomstedt magistral dans Bruckner

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Paris. Philharmonie 1, Grande Salle Pierre Boulez.18-I-2018. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Symphonie n° 39 en mi bémol majeur K. 543 ; Anton Bruckner (1824-1896) : Symphonie n° 3 dite « Wagner » en ré mineur, version de 1873. Orchestre de Paris, direction : Herbert Blomstedt.

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blomstedtÀ 90 ans, auréolé d'une notoriété tardivement acquise, fruit d'une longue expérience établie auprès des plus grands chefs comme Sacher ou Bernstein et des plus prestigieuses phalanges (Dresde, Chicago, Leipzig) mène actuellement une carrière de chef invité. Chacun de ses passages à Paris est un évènement musical en soi, très attendu. Sa dernière prestation à la tête de l' déçoit quelque peu dans Mozart mais retrouve toute sa superbe dans Bruckner.

La Symphonie n° 39 de Mozart ouvre la soirée. Composée en 1788, elle constitue le premier volet de la trilogie symphonique ultime du compositeur autrichien. Cette antépénultième symphonie porte les stigmates de la détresse de Mozart en cette année noire qui voit l'accueil mitigé de Don Giovanni à Vienne, une situation matérielle délicate, ses appels répétés à Puchberg et autres frères de Loge restés sans réponse, la mort de sa fille Thérèse. C'est alors que le Frère Mozart se tourne, une fois de plus, dans une confidence douloureuse, vers la Franc-maçonnerie pour y trouver quelques soutiens et quelques raisons d'espérer. Cette inspiration explique le contexte particulier des dernières symphonies qui portent en filigrane les idéaux maçonniques, et notamment de la Symphonie n° 39, sorte d'illustration de ce cheminement initiatique, en quatre mouvements, de l'ombre vers la Lumière, scandé par les batteries et les vents, éléments assez spécifiques des Colonnes d'Harmonie maçonniques. Faisant fi de ce contexte essentiel à la compréhension de l'œuvre, nous livre de cette partition hautement spiritualisée une vision galante, lyrique, insipide et hors de propos. Un Mozart de salon, apollinien, élégant certes, mais sans gravité, ni caractère. Une interprétation des plus classiques, sans aucune spécificité, sans profondeur, au bord du contresens, où l' fait valoir, heureusement, le cantabile et la beauté de ses cordes ainsi que l'excellence de sa petite harmonie avec, notamment, un superbe à la clarinette.

On se souvient tous d'une mémorable Symphonie n° 8 de Bruckner, donnée en 2012, salle Pleyel, par ce même chef avec ce même orchestre. Une interprétation d'exception révélant les affinités ténues, et à ce jour jamais démenties d' pour le maître de Saint-Florian. En effet, le chef retrouve ici toute sa verve, dirigeant sans partition cette « Wagner Symphonie » dans sa rare version originale de 1873. Une version ayant rarement les faveurs des chefs d'orchestre où Bruckner laisse s'exprimer, notamment dans l'Andante, son immense admiration pour le maître de Bayreuth. Blomstedt nous en offre, ici encore, une interprétation pertinente, d'une grande souplesse, équilibrée, sans surcharge cuivrée, claire dans l'expression des contrechants, dynamique et tendue, fervente. Le premier mouvement, dès les premières mesures, fait la part belle au cor d', relayé par l'orchestre, conduit avec précision, ardeur, usant de contrastes marqués et de nuances subtiles, alternant lyrisme et gravité, enthousiasme et religiosité. Le second mouvement plein de grandeur, de solennité, mais également de poésie, met en avant les pupitres de cordes et tout particulièrement les altos et contrebasses, irréprochables. Le troisième mouvement, très contrasté, envoûte par son ostinato frénétique où les cordes dansent, tandis que les cuivres rutilants sonnent l'Apocalypse, précédant un ultime mouvement final très cuivré et très engagé recrutant toutes les forces orchestrales dans un crescendo bien mené qui conduit à une coda grandiose. Une magnifique interprétation confirmant Herbert Blomstedt comme un des plus grands brucknériens du moment.

Crédit photographique : Herbert Blomstedt  © Jen Gerber

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Paris. Philharmonie 1, Grande Salle Pierre Boulez.18-I-2018. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Symphonie n° 39 en mi bémol majeur K. 543 ; Anton Bruckner (1824-1896) : Symphonie n° 3 dite « Wagner » en ré mineur, version de 1873. Orchestre de Paris, direction : Herbert Blomstedt.

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