Haendel royal par Hervé Niquet à Metz

Le 10 février 2023 par Dominique Adrian

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Metz. Arsenal. 5-II-2023. Georg Friedrich Haendel (1685-1759) : Dettingen Te Deum, HWV 283 ; Coronation Anthems, HWV 258-261. Hymne national britannique. Le Concert spirituel ; direction : Hervé Niquet

France

Grand Est
- Metz

Hymnes de couronnement et Te Deum de Dettingen : quand un chef et un compositeur visent l'effet plus que l'émotion.

Voilà un concert à classer sans hésitation (et sans remords) dans la catégorie des plaisirs coupables. Qu'il s'agisse de célébrer le couronnement de George II ou la victoire du même roi lors de la bataille de Dettingen dans la guerre de succession d'Autriche, Haendel ne lésine pas sur les moyens pour se montrer à la hauteur des circonstances : des décibels, des trompettes en fanfare, seules, par deux ou par quatre, des masses chorales savamment entrelacées autant que vous pouvez en rêver ; de l'émotion, des mélodies originales, des couleurs variées, il ne faut pas y songer : on est très loin ici du meilleur Haendel, mais dans ce concert comme dans le disque déjà paru avec le même programme (chez Alpha), le seul plaisir de la pompe et des masses sonores vient compenser autant qu'il est possible les limites de ces partitions de circonstance.

Le Concert spirituel dans la formation dirigée ici par Hervé Niquet n'a certes pas le faste de la cour de Londres, notamment pour les effectifs choraux – et il faut bien avouer que cela s'entend, surtout dans le premier mouvement du Te Deum où l'orchestre, raisonnablement fourni, couvre en bonne partie le chœur. Partout ailleurs, cependant, le chœur se montre parfaitement à l'aise avec les polyphonies complexes et compactes de Haendel, compensant par la technique son effectif restreint – 24 chanteurs, même si l'Arsenal n'est pas l'église abbatiale de Westminster, ce n'est pas beaucoup, mais on ne s'en rend qu'à peine compte. Comme lors de la création, Hervé Niquet a choisi de faire chanter les parties solistes non par un chanteur seul, mais par tous les chanteurs de la tessiture demandée – c'est sans doute nécessaire dans un aussi vaste espace que Westminster, mais cela entraîne une certaine monotonie ici. Les qualités instrumentales et vocales du Concert spirituel, trompettes presque toujours justes comprises, suffisent cependant à en mettre plein les oreilles aux auditeurs : c'était là le but de ce court après-midi musical, et il est parfaitement rempli.