La Scène, Spectacles divers

Des explorateurs d’un nouveau genre au Centre Pompidou

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Paris. Centre Pompidou. Grande salle. 12-VI-2023. Mathieu Corajod et Compagnie Mixt Forma : Laquelle se passe ailleurs ; Poèmes scéniques pour 4 performers hybrides : Chloé Bieri, Mathieu Corajod, Pierre Lison, Antonin Noël, Dionysios Papanikolaou, Stanislas Pili, Dominique Quélen : Dionysios Papanikolaou, réalistaion informatique Ircam ; Bastien Raute, diffusion sonore Ircam ; Victor Egéa, lumières ; Lucie Meyer, scénographie ; Pierre Sublet, collaboration artistique ; Georges Aperghis, Marie Albert, regards extérieurs

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Laquelle se passe ailleurs est la première production de la compagnie suisse Mixt Forma qui s'est constituée il y a peu autour de la personnalité du compositeur, chorégraphe et metteur en scène . Donnée en création française dans la Grande salle du Centre Pompidou, cette œuvre collective pour « 4 performers hybrides » croise les médias et intègre à la scène l'outil technologique.

n'est pas inconnu du public parisien, remarqué en 2019, lors du concert du Cursus de l'. Il présentait alors un projet regardant vers le théâtre musical, Ça va bien avec comment tu vis, qui nous avait enchantés. Il conviait les performers et Marie Albert ainsi que l'écrivain Dominique Quélen, autant de collaborateurs que l'on retrouve dans la proposition de ce soir dont le titre nous réjouit tout autant.

Il n'y a pas de cloisonnement dans les disciplines artistiques au sein de la compagnie Mixt Forma. Chacun apporte son bagage de connaissances, les sons de , la danse pour , le chant avec , l'art du comédien pour Antonin Noël et celui du percussionniste pour ; mais ces savoirs-faire sont partagés et peuvent s'interpénétrer :« chacun peut être interprète de l'idée d'un autre », nous dit la chanteuse (mais aussi performeuse et compositrice) qui débute le spectacle par un numéro très physique, sorte de « Récitation«  dans le sillage d'Aperghis, liant la voix et le corps.

C'est l'écriture de plateau qui a rendu possible la mise en commun des idées et l'élaboration progressive du spectacle nourri par l'expertise personnelle et le potentiel pluridisciplinaire de la troupe : « Le texte, comme les autres éléments de cette création, est jusqu'au bout un travail en cours », rien n'étant fixé ni figé, fait remarquer Dominique Quélen dans l'entretien mené par Jérémie Szpirglas avec l'ensemble des participants. Pas de hiérarchie non plus au sein des médias : « le discours a toujours été l'assemblage de tous les éléments qui composent la pièce », renchérit Antonin Noël, « y compris la place importante accordée aux sensations auditives et visuelles ».

Si l'espace-temps de la fiction (laquelle se passant ailleurs) n'est en rien défini, la macro-forme déroule sept chapitres annoncés au micro, relevant chacun d'une étape singulière de cette expédition poético-futuriste : « Chapitre III qui est assez technique ; il faut s'accrocher », annonce . Le champ sémantique de l'exploration (ramper, tâtonner, éclairer, explorer en bricolant), le jeu suggestif des lumières (Victor Egéa) et les costumes des quatre performers (larges pantalons à poches et chaussures montantes souples) que l'on doit à Lucie Meyer, ne laissent aucun doute sur leur mission aventureuse.

La partie sonore de Mathieu Corajod, source électroacoustique louvoyant entre effets spatio-poétiques et fonctionnalité scénique, passe par la couronne des haut-parleurs (Bastien Raute à la diffusion). Comme le texte qui participe de la dramaturgique, elle est omniprésente. Modelant et animant les espaces, elle est également prolongée par les traitements informatiques live contrôlés par le RIM Dionysos Papanikolaou : « Il était important de rendre le rapport entre la musique et les performers le plus vivant possible grâce à l'électronique en temps réel », témoigne le compositeur : synthétiseurs, capteurs, microphones circulant dans les mains (« plaquer le micro contre la bouche, contre la gorge ») créent autant de situations interactives entre le son, le texte et le geste : « leur manipulation a inspiré de nombreux choix chorégraphiques », nous dit Stanilas Pili. Pour exemple, cette projection de lumière blanche dans les rangs du public par l'un des performers, donnant à entendre le son directionnel qui se déplace avec la source lumineuse. Démonstratif autant qu'intrigant !

Si les sept chapitres que déroule le spectacle n'ont pas toujours la même intensité scénique, l'apparition des « boites noires » (développées par l') et la joute sonore qu'elles déclenchent lorsqu'elles passent d'une main à l'autre prennent une tournure intéressante, trop vite désamorcée à notre goût. Tout comme cette séquence aussi poétique que fugace, où Chloé Bieri fait naître l'hétérophonie entre son propre chant et les voix préenregistrées entendues dans l'objet qu'elle manipule.

Du pré-langage aperghien au lyrisme du dernier texte (« nous nagerons dans la profondeur de l'eau ») dit dans le silence par Antonin Noël, se dessine la trajectoire d'une proposition foisonnante autant qu'exigeante, qui bouscule un rien nos habitudes d'écoute mais ne manque pas d'interpeler, laissant l'imaginaire de chacun voguer au fil de cette odyssée.

Crédit photographique : © /Ircam

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