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Pierre Hantaï revient aux Variations Goldberg

Le 9 octobre 2023 par Vincent Guillemin

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Paris. Salle Cortot. 4-X-2023. Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Préludes et morceaux extraits des Petits Livres de Wilhelm Friedemann Bach et Anna Magdalena Bach. Variations Goldberg BWV 988. Pierre Hantaï, clavecin

France

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Moins de dix jours après Justin Taylor, c'est au tour de Pierre Hantaï d'interpréter les Variations Goldberg de Bach à Paris, lors d'un concert à la Salle Cortot préludé par des extraits des Livres d'exercices pour Anna Magdalena et Wilhelm Friedemann Bach.

Trente ans après son premier enregistrement de l'œuvre (Opus 111), Pierre Hantaï continue à proposer au concert une vision des Variations Goldberg qu'il n'avait pas vraiment fait évoluer une décennie plus tard pour sa seconde version (Mirare). Aujourd'hui il continue à regarder le chef-d'œuvre à sa manière, mais avec un peu plus de maturité en même temps qu'un doigté un peu moins assuré.

Pour ce concert, Pierre Hantaï propose une longue première partie, composée notamment d'extraits des livres pour Wilhelm Friedemann et Anna Magdalena, où l'on reconnait au milieu une jolie Sarabande de la Suite Française n°5 BWV 816. Après une vingtaine de minutes, le claveciniste annonce une suite recomposée de quatre mouvements à partir de diverses transcriptions de pièces pour violoncelle, luth et violon, présentées dans l'ordre : sarabande, bourrée, gigue et variation. Avec, comme à son habitude, une belle concentration, légèrement dans la distance pour ne jamais alourdir le propos, il développe la magie de l'écriture de Bach dans la belle acoustique de la Salle Cortot, parfaitement adaptée au magnifique clavecin à deux claviers présent sur scène.

Passé l'entracte, l'Aria des Variations Goldberg résonne et introduit une interprétation d'à peine plus d'une heure, là où ses enregistrements précédents dépassaient tous deux une heure dix. Jouées avec ou sans reprises, les variations montrent d'abord comment l'artiste, connu si difficile avec les bruits de l'audience, a maintenant réussi à s'en détacher, de même qu'il tique à peine lorsqu'il touche une note à côté comme au milieu de l'Aria, et se lance dans l'Andante de la Variation n°15 alors qu'un téléphone est en train de sonner non loin de lui. Avec le même rapport à la partition que par le passé, il entre sereinement dans le chef-d'œuvre absolu, maintenant prudent sur certains canons (Variation n°9) ou dans certains jeux d'octaves (Variation n°14). Ample et mesuré à la fois pour aborder la deuxième moitié (Variation n°16, Ouverture) après avoir fait tomber la veste, Pierre Hantaï use toujours avec brio du jeu de croisement des mains, notamment lors des pièces à deux claviers (dès la Variation n°5).

Encore posé en fin d'ouvrage, même si l'on sent une fatigue apparaître (Canon à la Neuvième de la Variation n°27), il prend avec une belle justesse le Quolibet (Variation n°30) avant de débuter l'Aria da Capo qu'il commence à ornementer trop vite, s'interrompant avec un mouvement de tête, pour la recommencer et la livrer sans reprise dans sa plus simple expression. Preuve comme une semaine plus tôt avec Justin Taylor que jouer cette œuvre n'empêche pas d'offrir des bis, à condition qu'ils soient adaptés, Pierre Hantaï revient devant une salle encore pleine pour offrir une Sarabande en sol mineur, évidemment toujours de Bach, puis se rassoit une dernière fois subrepticement tandis qu'une partie du public est déjà partie ou levée, et remercie les plus tenaces d'un Capriccio de la Partita n°2 BWV 826 qu'il ne prend même pas le temps d'énoncer, avant de quitter définitivement la scène. Nous pouvions rester encore !