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Rencontre au sommet entre Matthias Goerne et Evgeny Kissin au TCE

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Paris. Théâtre des Champs-Élysées. 28-III-2024. Robert Schumann (1810-1856) : Abends am Strand op. 45 n°3, Es leuchtet meine Liebe op. 127 n°3, Mein Wagen rollet langsam op. 142 n°4, Dichterliebe op. 48 ; Johannes Brahms (1833-1897) : Sommerabend op. 85 n°1, Mondenschein op. 85 n°2, Der Tod, das ist die kühle Nacht op. 96 n°1, Meerfarhrt op. 96 n°4, Lieder und Gesänge op. 32. Matthias Goerne, baryton ; Evgeny Kissin, piano

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Dans un récital au Théâtre des Champs-Élysées, les deux géants de leur art ont livré une démonstration d'entente musicale, unis dans une même âme romantique.

Trois lieder indépendants de Schumann, égrainés en ouverture, installent un univers sonore intime, bercé par la chaleur de la voix de et éclairé par le jeu lumineux d'.

Le Dichterliebe (« Les Amours du poète »), ce cycle de seize lieder sur des poèmes de Heine, est tout simplement bouleversant. Les deux interprètes y atteignent une rare intensité artistique, sans affèterie, avec dépouillement, l'économie de moyens produisant un effet dramatique décuplé. Le choix d'un tempo très modéré dès le lied d'ouverture (« Im wunderschönen Monat Mai ») inspire d'emblée un recueillement qui ne nous quittera plus. Même les moments d'épanchement lyrique (« Ich will meine Seele tauchen », « Und wüssten's die Blumen ») conservent une forme d'austérité et de retenue intérieure de très bon aloi : le romantisme germanique ne fut jamais démonstratif. Goerne incarne littéralement ce poète aux amours déçues, tantôt altier voire farouche (« Das ist ein Flöten und Geigen », « Ich grolle nicht », « Aus alten Märchen », « Die alten, bösen Lieder »), tantôt badin (« Ein Jüngling liebt ein Mädchen »), parfois désespéré. Dans les lieder les plus décharnés, un silence quasi-liturgique semble hanter l'interprétation (« Ich hab' im Traum geweinet »), avec des respirations comme des trous noirs, où se perdent les rêves du poète découvrant ses larmes au réveil.

 

Retour à un climat moins torturé avec une belle sélection de lieder de Brahms. La présence du piano y est toujours merveilleusement dosée par Kissin. Il est rare de voir un pianiste aussi habité par un accompagnement. Goerne fait toujours merveille, épousant de son corps la forme de chaque lied, même chaloupé (« Meerfarht »). Les neuf Lieder und Gesänge de l'opus 32,fournissent un champ d'expression idéal pour ce duo inspiré. Goerne et Kissin communient dans une même vision de ce court recueil, qui culmine dans un « Du sprichst, dass ich mich täuschte » venu d'ailleurs, jusqu'à trouver l'apaisement dans une berceuse finale (« Wie bist du, meine Königin »). Deux génies viennent de refermer la dernière page de ce vaste cycle musical unissant Schumann et Brahms.

Crédits photographiques : © Marie Staggat ; © Mascia Sergievskaia

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Paris. Théâtre des Champs-Élysées. 28-III-2024. Robert Schumann (1810-1856) : Abends am Strand op. 45 n°3, Es leuchtet meine Liebe op. 127 n°3, Mein Wagen rollet langsam op. 142 n°4, Dichterliebe op. 48 ; Johannes Brahms (1833-1897) : Sommerabend op. 85 n°1, Mondenschein op. 85 n°2, Der Tod, das ist die kühle Nacht op. 96 n°1, Meerfarhrt op. 96 n°4, Lieder und Gesänge op. 32. Matthias Goerne, baryton ; Evgeny Kissin, piano

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