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Wagner et Strauss par Gatti avec l’Orchestre de l’Opéra national de Paris

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Paris. Philharmonie de Paris. Grande Salle Pierre Boulez. 02-IV-2024. Richard Wagner (1813-1883) : Götterdämmerung suite : Quatre extraits (Lever du Jour, Voyage de Siegfried sur le Rhin, Mort de Siegfried, Marche Funèbre). Richard Strauss (1864-1949) : Ein Heldenleben, poème symphonique op.40. Orchestre de l’Opéra national de Paris, direction : Daniele Gatti

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D'abord prévu pour Gustavo Dudamel, le concert d'avril de l' à la Philharmonie revient au chef milanais , dont le programme intégralement modifié se concentre sur Wagner et Strauss.

Démissionnaire l'an passé, Gustavo Dudamel a annulé ses concerts autant que les opéras prévus cette saison à l'Opéra national de Paris. Pour cette soirée d'avril devait y être joué Debussy puis des Chants d'Auvergne de Canteloube, avant la Symphonie n°5 de Chostakovitch. En soi, aurait parfaitement pu maintenir les pièces d'ouverture et de la seconde partie, mais plus pragmatique, il a préféré revenir aux grands compositeurs allemands et .

Et puisqu'il a devant lui un orchestre d'opéra, c'est avec des extraits symphoniques du Ring et plus précisément de la Götterdämmerung-suite que débute le programme. La main de fer du chef milanais impose tout de suite une grande concentration, à la véritable recherche d'un discours dramatique. Avec partition, Gatti se sert de chaque détail pour raconter les morceaux d'histoire des quatre extraits tirés de l'ouvrage lyrique de plus de quatre heures, en commençant par un Lever du Jour très construit. Dans un climat pesant, les cordes donnent du volume, à défaut d'être toujours parfaitement en place. Sans concession, le chef, habitué aux plus grandes formations mondiales, choisit aujourd'hui parfois des tempi lents, au risque de mettre en difficulté un orchestre pas si habitué à Wagner que certains voudraient le croire. Le cor solo manque de justesse pour Le Voyage de Siegfried, mais se rattrapera dans la seconde partie du concert. La Mort de Siegfried et la Marche Funèbre achèvent une interprétation en forme de préparation du cycle complet, pour des musiciens prévus dans une nouvelle production dès la saison 2024/2025, et aussi pour très certainement à venir lorsqu'il aura pris sa nouvelle position de directeur musical de la Staatskapelle de Dresde. Mais si un caractère sombre se dégage globalement, avec certaines attaques très franches et parfois une matière très dense, il reste de l'orchestre et notamment des cordes graves une certaine mollesse dans les basses. Cela ne permet pas de décupler la force de parties souvent entendues avec plus d'impact ces dernières années dans les fosses allemandes.

Après l'entracte, Daniele Gatti revient devant quasiment la même formation orchestrale, pour raconter une autre histoire, sur la base d'un poème symphonique qu'il avait déjà interprété à Paris lorsqu'il était directeur musical du National de France. Et dès l'introduction d'Ein Heldenleben, le lyrisme straussien et la dynamique de la battue semblent mieux s'accorder à l'orchestre, tandis que le chef cette fois sans partition se montre plus libre dans ses mouvements. Toujours tendu et très concentré, le discours se déploie là encore de manière dramatique, avec une amplitude sonore parfois splendide. La cacophonie des Adversaires du Héros (part II) se voit gérée d'une main de maître, dans une Philharmonie de Paris très attentive. La Compagne du Héros (Part. III) met en avant l'excellent premier violon Frédéric Laroque, parfaitement adapté aux pépiements de cette partie, sous les cordes amples et plus calmes du reste de l'Orchestre de l'Opéra. Le Champs de Bataille (part IV) retrouve une force impressionnante par la concentration du son, notamment des percussions. Mais les cordes graves sont encore trop lâches pour vraiment impacter. On leur préfère la petite harmonie et les cuivres, dont la trompette solo et le groupes des trombones. L'Œuvre de Paix du Héros (part V) ne relâche pas la bride, mais revient à un lyrisme plus adapté à la formation française, avec la mise en valeur des deux superbes harpes et des bois, puis encore du premier violon. Le Retrait du monde (Conclusion) clôture une prestation de très haut niveau, qui montre avant tout la qualité de la direction de Daniele Gatti, mais aussi son absence de concession quant aux idées musicales qu'il souhaite faire passer par les partitions.

Crédits photographiques : © ResMusica

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Paris. Philharmonie de Paris. Grande Salle Pierre Boulez. 02-IV-2024. Richard Wagner (1813-1883) : Götterdämmerung suite : Quatre extraits (Lever du Jour, Voyage de Siegfried sur le Rhin, Mort de Siegfried, Marche Funèbre). Richard Strauss (1864-1949) : Ein Heldenleben, poème symphonique op.40. Orchestre de l’Opéra national de Paris, direction : Daniele Gatti

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