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Pour les couleurs d’Anima Eterna dans Rimski-Korsakov et Borodine

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Nikolaï Rimski-Korsakov (1844-1908) : Shéhérazade op. 35 ; La Grande Pâque russe, ouverture op. 36. Alexandre Borodine (1833-1887) : Dans les steppes de l’Asie centrale ; Les Danses polovtsiennes (extrait du Prince Igor). Midori Seiler, violon solo. L’Orchestre Anima Eterna, direction : Jos van ImmerseelJos van Immerseel. 1 CD Zig Zag Territoires ref : ZZT050502. Enregistré au Concertgebouw de Bruges du 1er au 3 juin 2004. DDD. Notice en anglais, français, allemand, néerlandais. Durée : 1h17.

 

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et , tout deux membres du groupe des Cinq, ont profondément renouvelé l'esthétique de la musique savante russe du XIXe siècle. Pourtant, aucun des deux ne fut musicien professionnel au départ.

L'école des cadets de la marine de Saint Pétersbourg pour Rimski Korsakov et l'Académie Militaire de Médecine et de Chimie pour Borodine, les détournent toujours un peu de leur dessein de compositeur. Shéhérazade, la Grande Pâque Russe, Dans les steppes de l'Asie centrale ou les Danses Polovtsiennes témoignent toutes de cet ardent désir de mettre en musique l'âme slave si difficile à saisir pour un étranger.

La qualité de l'orchestration est fondamentale dans de telles œuvres, et le chef d'orchestre l'a bien compris. Soucieux de la matière sonore, il fonde en 1987 l'ensemble qui n'utilise que des instruments historiques. Tous ses enregistrements sont exclusivement exécutés par des instruments d'époque. D'une étonnante personnalité, la couleur de sa direction est d'une fraîcheur implacable. Sans routine, elle reste claire, rigoureuse et surprenante de spontanéité. Ces œuvres si souvent jouées, sont fréquemment sujettes à l'usure. Dénaturées par l'évolution même des pupitres de l'orchestre moderne où les cordes sont souvent plus nombreuses que les cuivres. Aussi, l'orchestre utilise un pupitre de cordes plus restreint et donc plus proche de celui du XIXe siècle.

De riches couleurs de cuivres ouvrent Shéhérazade, sur un calife puissant aux menaces de mort incontournables. Puis, sur une mer tantôt calme, tantôt agitée de violoncelles à vagues, le bateau de Simbad commence un long voyage féerique qui se poursuit par le récit du prince Kalender. , violon solo, révèle dans le jeune Prince et la Princesse, une Shéhérazade sensuelle et pleine de charme. Alanguie par son instinct de survie, elle se rend encore plus désirable pour le calife. De la fête à Bagdad au naufrage du bateau sur les rochers, la baguette de maîtrise la tempête instrumentale qui se déchaîne sans jamais sombrer dans l'anarchie. On distingue toujours tous les pupitres dans un équilibre parfait des masses orchestrales. Les Mille et Un contes s'achèvent sur un violon solo qui n'en finit pas de rejoindre le ciel alors que les menaces graves du calife sonnent encore aux oreilles de Shéhérazade et referme pour toujours le secret d'un amour sur la mort.

La Grande Pâque Russe témoigne de la division du monde. La rudesse de la vie à travers un cantus firmus sournoisement boisé auquel les cordes d' apportent la paix. Comment mieux représenter l'Esprit Saint que ne le fait Rimski Korsakov? Cet instant est insaisissable ; les flûtes et la harpe laissent le violon solo chanter l'éternité d'un message spirituel. Puis vient le sens du rituel, celui qui par un ostinato de pizzicato de cordes et de bois soutient un crescendo libérateur de cuivres. Ici encore, obtient une couleur extraordinaire loin du romantisme dilué de nombreuses versions.

En 1880, suite à une commande, Borodine compose le poème symphonique Dans les steppes de l'Asie centrale. Deux caravanes, l'une tel un chant russe croisent dans le désert, la seconde plus orientale. Peu à peu, se dessine le paradoxe de la Russie : porter en elle des cultures si différentes sur un territoire qui semble sans limites. C'est l'hymne de l'immensité et de l'âme russe qu'Anima Eterna dévoile dans cet enregistrement.

Mais ne nous y trompons pas, c'est dans les Danses Polovtsiennes, que se fait sentir l'incroyable force d'orchestration que Rimski-Korsakov utilise pour terminer la pièce de son ami Borodine mort avant la création de l'opéra le Prince Igor duquel sont extraites ces danses. Plusieurs d'entre elles se succèdent avec chacune une couleur toute particulière, l'une slave, l'autre orientale, une autre encore aux élans espagnols. Le roulement grandissant de timbales qui annoncent la Danse des garçons est certainement le morceau le plus apprécié. Sorte de quête des sensations d'adolescents que les cordes soulignent par hésitations ascendantes jusqu'aux sommets interdits.

Succomberez-vous vous aussi, aux sortilèges de ces Mille et un contes, à l'âme russe et à cette profonde foi orthodoxe, qui en un instant, voire jusqu'à l'aube vous invite au voyage ?

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Nikolaï Rimski-Korsakov (1844-1908) : Shéhérazade op. 35 ; La Grande Pâque russe, ouverture op. 36. Alexandre Borodine (1833-1887) : Dans les steppes de l’Asie centrale ; Les Danses polovtsiennes (extrait du Prince Igor). Midori Seiler, violon solo. L’Orchestre Anima Eterna, direction : Jos van ImmerseelJos van Immerseel. 1 CD Zig Zag Territoires ref : ZZT050502. Enregistré au Concertgebouw de Bruges du 1er au 3 juin 2004. DDD. Notice en anglais, français, allemand, néerlandais. Durée : 1h17.

 
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