I Pagliacci ou le retour au pays de Jonas Kaufmann à l’Opéra de Munich
Le traditionnel diptyque avec Cavalleria Rusticana trouve en la mise en scène un peu désuète de Francesco Micheli une traduction efficace que lui refuse un orchestre pétaradant.
C'est ainsi, le répertoire évolue, et des œuvres autrefois omniprésentes ne font plus que des apparitions fugaces – et il n'est pas si facile de les faire revivre, voyez les tentatives récentes autour de Meyerbeer, n'ayant pas vraiment convaincu le grand public malgré l'enthousiasme de quelques-uns. L'insubmersible diptyque Cav/Pag n'en est pas à ce niveau d'oubli, et l'Opéra de Bavière est d'ailleurs plein pour cette nouvelle production, mais c'est certainement grâce à Jonas Kaufmann, qui n'est plus aussi présent à Munich qu'il ne l'était depuis 20 ans.
Ce n'est pas la sage mise en scène de Francesco Micheli qui viendra nous convaincre que la redécouverte de ces deux œuvres est une nécessité. Micheli entend les présenter en véritable diptyque, comme l'histoire d'un seul héros successivement Turiddu et Canio ; à la fin de Cavalleria Rusticana, sa mort n'est qu'une mort sociale, qui le met sur le chemin de l'exil qu'ont suivi tant de travailleurs du mezzogiorno, et on n'est pas surpris de le voir réapparaître parmi les errants d'I Pagliacci. Cette présentation des faits est plutôt convaincante, même si elle nécessite l'emploi d'un figurant pour passer d'un personnage à l'autre puisque la distribution affiche deux chanteurs différents pour les deux rôles. L'effort d'interprétation s'arrête à vrai dire là, mais à défaut de proposer une vision plus puissante Micheli livre une mise en place efficace qui assure au moins une grande lisibilité de l'action sans laisser l'ennui s'installer. Les stéréotypes sur l'Italie sont tous là, de la mer au football en passant par la gastronomie, avec pour I Pagliacci une situation précise en 1970, considérée visiblement comme le bon vieux temps. Pour incarner le caractère plus noir, plus tragique et âpre de ce qui nous est montré dans ces deux œuvres, il faudra donc se contenter d'un interprète, Wolfgang Koch, le seul présent tout au long de la soirée : Micheli ne saisit pas l'occasion de développer un personnage unique, mais Koch sait par lui-même donner force et cohérence à ses interprétations, comme il a eu souvent l'occasion de le faire sur cette scène.
Les deux représentations prévue pour le festival d'opéra de Munich sont marquées par deux changements de distribution qui ne sont pas sans conséquence. C'est Daniele Rustioni qui a assuré ce printemps la première série du spectacle ; il devait être remplacé cet été par Andrea Battistoni, mais c'est finalement Daniele Callegari qui est en fosse, sans qu'on sache s'il a pu répéter avec l'orchestre. Le résultat est incontestablement brillant, avec des cuivres rutilants et des bois très présents, mais à coups de décibels incontrôlés ; les chanteurs en font les frais, à moins que, comme la Santuzza d'Anna Pirozzi, ils se lancent dans une surenchère avec l'orchestre. Pirozzi, elle aussi arrivée tardivement, a certes les excuses de tous les remplaçants, mais on se lasse vite face à une telle négligence dans la ligne de chant et dans la diction, le tout sacrifié au volume sonore impressionnant qu'elle produit. Jonathan Tetelman s'acquitte avec plus de probité de son rôle, en répondant tout aussi vigoureusement au volume orchestral ; nul doute qu'un contexte un peu plus favorable aux chanteurs lui aurait permis des allègements et des nuances qu'on attend ici en vain.
Jonas Kaufmann, lui, bénéficie d'un traitement un peu plus favorable qui lui permet de faire preuve d'un peu plus de nuances, à la mesure d'une voix qui ne gagne jamais rien tant qu'à tenter de s'élargir : ce n'est pas vraiment une surprise, mais son air est le sommet émotionnel de la soirée, à la hauteur des attentes. Sa partenaire Ailin Pérez, elle aussi, ne tombe pas dans la caricature du vérisme, mais on la sent tout au long de son rôle un peu contrainte par le contexte qui ne lui laisse pas beaucoup de liberté pour véritablement interpréter son rôle. On en trouve heureusement un peu plus dans les différents petits rôles, à commencer par la digne Mamma Lucia de l'inusable Rosalind Plowright, ou surtout chez Andrzej Filończyk, Silvio bien chantant et libre.
Crédits photographiques : © Geoffroy Scheid
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Well, he sung a few performances before the famed Lohengrin of 2009, but he wasn’t the world star he is now… And he didn’t disappear since 2021, and I guess Dorny is not the only one in fault there – Kaufmann seems to be more interested in low-effort tours than in ambitious opera projects now.
20 Years at WSO? Unfortunately not. Sir Peter Jonas did not like Kaufmann at all, so with Bachler Kaufmanns great years started 2009 and (mostly) ended with Bachler and Petrenko 2021 at the incredible Tristan. Since then only poor staging and less streaming; Dorny is now he boss!!!