Une ballade vénitienne tourbillonnante à Simiane-la-Rotonde
Pour la 43e édition du festival des Riches Heures Musicales, le jeune et virevoltant ensemble Tumbleweeds enflamme la coupole médiévale de Simiane.
Il est toujours enthousiasmant d'assister à l'émergence d'un nouvel ensemble plein de talents et d'énergie. Né en 2021 à l'initiative de Claire-Ombeline Muhmeyer et Pernelle Marzorati, Tumbleweeds réunit ce soir quatre jeunes musiciens qui se sont rencontrés au CNSMD de Lyon : Valentin Seignez-Bacquet au violon, Claire-Ombeline Muhlmeyer à la sacqueboute et à la flûte à bec, Pernelle Marzorati à la harpe triple et Thomas Vincent au théorbe et à la guitare. Tumbleweeds : un drôle de nom qui désigne les buissons herbeux, aussi appelés « virevoltants », qui roulent sur les grandes plaines au gré des vents. Comme eux, ces musiciens sont libres et imprévisibles, jouant sur les contrastes dans ce programme conçu comme une ballade vénitienne autour de la musique italienne du XVIIe siècle. Adoubés à Toulouse en 2023 par le projet pédagogique de l'Atelier des Sacqueboutiers, l'ensemble a été accueilli depuis par de nombreux grands festivals. Ce soir, le violon et la sacqueboute rivalisent de virtuosité dans des sonates et canzones à deux dessus, accompagnés par la basse continue inventive des cordes pincées, harpe et théorbe ou guitare. Il est rare que la sacqueboute tienne ce rôle concertant dans la musique en trio, et c'est un pari tout à fait réussi que nous propose Claire-Ombeline Muhlmeyer.
Présentées à tour de rôle par les musiciens eux-mêmes, les pièces du programme nous emmènent de Venise à Bologne dans un voyage où les danses alternent avec les déclamations plus lyriques, comme dans cette transcription du O quam pulcra es de Grandi, où la sacqueboute remplace la voix avec une très belle souplesse. Les interprètes s'emparent avec une grande liberté de ce répertoire où les choix d'instrumentation offrent un terrain de jeu infiniment varié. Les danses, passacaglia et ciaconna, offrent des grands moments de joie communicative. Le violon de Valentin Seignez-Bacquet est particulièrement éloquent et nous subjugue par la subtilité de sa musicalité dans la Sonata quarta de Biagio Marini. La réalisation de la basse continue à la harpe nous permet d'apprécier l'inventivité de la main droite de Pernelle Marzorati qui improvise des conduits très libres. En bis, La Strozza de Cazzati, où Claire-Ombeline Muhlmeyer se montre aussi à l'aise à la flûte qu'à la sacqueboute, est une belle démonstration de virtuosité et de complicité entre les quatre musiciens. Retenez bien son nom, il faudra désormais compter avec ce nouvel ensemble de musique ancienne.
